Raphaël dans sa bulle

RaphaelL’album Anticyclone de Raphael par Victor Hache. Le chanteur revient avec Anticyclone. Un album littéraire, poétique et voyageur écrit en tandem avec Gaëtan Roussel. Concert le 10 octobre au Casino de Paris

Depuis ses débuts et son premier album, Hôtel de l’univers, Raphael n’a cessé d’alterner chansons populaires et registre parfois pointu. Une démarche qu’il a commencé à vraiment assumer vers l’âge de 35 ans, à partir de l’album Pacific 231, ou encore Super-Welter. Après les années tubes (Caravane), il mettait fin à une pop fédératrice parfois jugée un peu trop lisse, pour s’aventurer vers des ambiances électro-rock plus complexes, plus tourmentées, concoctées alors avec Benjamin Lebeau, du groupe The Shoes. Il y eut aussi Somnambules, un opus plus joyeux mêlé de chorales d’enfants, où son regard se portait vers la mer et l’horizon, à travers le titre Eyes on the Island, composé avec Gaëtan Roussel. Lui qui chantait Je sais que la terre est plate revient avec Anticyclone (Sony Columbia), album littéraire, poétique, rêveur et voyageur structuré autour du piano avec la complicité du leader de Louise Attaque : « On l’a fait ensemble, c’est notre disque, confie-t-il. Gaëtan est d’une élégance totale, délicat, sensible, brillant. Moi, je pars souvent dans des choses un peu compliquées. Lui, ramène cette simplicité dans les structures. Il a quelque chose d’ascétique dans sa manière de composer la musique qui me plaît beaucoup. »

La musique, il la vit comme quelque chose de rassurant, une bulle protectrice, bien qu’Anticyclone s’ouvre par un titre teinté d’inquiétude, l’Année la plus chaude de tous les temps : « Cela parle à la fois du réchauffement climatique et d’un dérèglement interne, d’une tempête sous un crâne. L’inquiétude est grande face au réchauffement de la planète que l’on abîme, irrémédiablement. On s’abîme nous-mêmes finalement. C’est lunaire cette façon de marcher sur la tête, de courir vers le chaos et de détruire notre habitat. De le faire consciemment, ne pas lutter contre, cela me paraît invraisemblable, irresponsable. » On trouve aussi des visions durassiennes de la vie, sur fond de maladies tropicales. À l’image de Fièvres d’Asie, qui « raconte cette Asie fantasmée et le retour d’un type atteint de paludisme qui doit soigner cette maladie comme une fièvre du sommeil ». On marche aussi dans les pas du chanteur à Pompéi, évoqué dans Retourner à la mer (1), où il a aimé se promener lors de l’écriture de l’album près de Naples : « Il y a cette beauté antique qui ramène à un monde englouti. C’est l’Atlantide avec l’idée de se mettre en péril. » En duo avec sa compagne, l’actrice Mélanie Thierry « Je ne pense plus voyager », chante t-il. Ce qui ne l’empêche pas d’aimer la fabrique de souvenirs que crée le voyage. « Je trouve ça merveilleux de se remémorer une chose à La Havane, une autre en Birmanie… Ce sont des expériences puissantes, mais j’aime aussi rentrer. » Quant à Paris est une fête, elle fait écho au temps qui passe et au désir de perdition dans cette ville où l’aventure n’est jamais loin : « C’est une chanson qui évoque l’invisibilité qui se développe avec l’âge et la difficulté de trouver des sensations fortes quand on vieillit. » Raphael, qui s’interroge avec La question est why, en duo avec sa compagne, l’actrice Mélanie Thierry, avec laquelle il chante pour la première fois, avant de clore l’album par l’idée d’ailleurs (la Lune) et l’espoir qu’« un jour la joie recouvrira tout, comme les océans » sur une planète redevenue bleue.

 (1) Retourner à la mer est également le titre du livre de Raphael paru chez Gallimard au printemps qui lui a valu le prix Goncourt de la nouvelle. Concert le 10 octobre au Casino de Paris

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