Toutes les musiques de We Culte. Avec Le retour des beaux jours, Vanessa Paradis rouvre les fenêtres et laisse entrer la lumière. Portée par la complicité d’Étienne Daho et Jean-Louis Piérot, elle signe douze chansons solaires, intimes et vibrantes, qui transforment l’émotion en éclat collectif. Un album déjà porté par le single « Bouquet final », comme une promesse de renaissance, avant de retrouver la scène au printemps prochain pour une tournée française qui s’annonce incontournable.
Vanessa Paradis : Le retour des beaux jours n’est pas seulement un disque, c’est une renaissance, une déclaration d’appétit pour la vie
On l’avait laissée en 2018 avec Les Sources, un album délicat, intime, presque chuchoté, comme une clairière préservée à l’écart du tumulte. Entre-temps, Vanessa Paradis a vécu d’autres vies : cinéma, théâtre, tournées… mais toujours, en sourdine, quelques chansons griffonnées, quelques mélodies confiées à l’oreille attentive d’Étienne Daho, compagnon de route depuis 1988. Comme si un fil invisible les avait reliés à travers les décennies, jusqu’à ce jour où leurs planètes se sont enfin alignées : Le retour des beaux jours, huitième album de la chanteuse, réalisé à six mains avec Daho et Jean-Louis Piérot, attendu le 10 octobre 2025.
Le titre sonne comme une promesse, une ouverture de rideau. Et dès la première écoute, on comprend que cette promesse est tenue. Ici, Vanessa Paradis signe son grand retour à la pop, lumineuse, charnelle, parfois turbulente, toujours habitée. Douze chansons comme autant de facettes d’un même soleil, portées par une production somptueuse. Le premier single, Bouquet final (écrit par Doriand), en est la preuve éclatante : un titre qui file sur les ondes avec l’allure d’un hymne désinvolte à la rupture, déjà adopté par les radios.
Mais derrière l’évidence de la pop, il y a l’architecture discrète d’un compagnonnage artistique rare. Daho et Paradis ne se sont jamais vraiment quittés. Leur duo Tirer la nuit sur les étoiles, en 2023, sonnait déjà comme une déclaration implicite : il fallait prolonger ce dialogue. C’est désormais chose faite, et l’on retrouve dans ces chansons tout ce qui les unit — une fascination commune pour la soul des années 60-70, l’élégance pop britannique, la chaleur des grooves seventies, et ce goût pour les orchestrations qui ouvrent les fenêtres vers le cinéma. En témoigne la chanson-titre, symphonie des retrouvailles, ou Élégie, bouleversant hommage au père disparu de Vanessa, texte offert par Daho comme une prière universelle.
À chaque piste, un monde se déploie : comédie musicale légère (Rendez-vous), groove incandescent (Les épines du cœur), folk gracile (Un amour de jeunesse), rétro-pop romantique (Make You Mine), ou encore l’expérimentation discrète de rythmiques inspirées du hip-hop de sa jeunesse (Trésor). Paradis n’a jamais caché son admiration pour Dr. Dre, De La Soul ou Salt’n’Peppa : ces influences réapparaissent ici par touches subtiles, comme des clins d’œil rythmiques intégrés à une architecture pop inspirée.
Cet album est aussi une affaire intime, familiale. Lily-Rose Depp apparaît sur Les Initiales des anges, et offre à sa mère un poème d’adolescente devenu la poignante ballade finale, I Am Alive. Jack Depp, quant à lui, signe la musique d’Éléments, morceau aux éclats jazz traversés par la trompette céleste d’Éric Truffaz.
C’est tout l’art de Vanessa Paradis : transformer l’intime en éclat collectif, l’émotion en danse, la mélancolie en lumière. Ses chansons ont toujours porté cette ambiguïté, ce balancement entre fragilité et énergie, pudeur et ferveur. Ici, plus que jamais, cette dualité rayonne. Le retour des beaux jours n’est pas seulement un disque, c’est une renaissance, une déclaration d’appétit pour la vie.
Victor Hache
- Album « Le retour des beaux jours » Vanessa Paradis/ Barclay, Universal music. Tournée partout en France à partir de mars 2026, avec notamment deux Zénith à Paris, les 21 et 22 mai 2026