#Exposition. Attention première ! Le musée du Luxembourg à Paris, présente du 13 mars au 30 juin une exposition inédite : “Les Nabis et le décor”. De ces héritiers de Van Gogh et Gauguin, on connaît surtout les tableaux. Beaucoup moins l’art décoratif, domaine pourtant essentiel pour ces artistes qui voulaient abattre la frontière entre beaux-arts et arts appliqués. Une gageure enfin réparée !
Les Nabis – “prophètes” en hébreu et en arabe – s’étaient fixés une ligne claire : défendre un art en lien direct avec la vie, visant à introduire le « Beau » dans le quotidien
Bonnard, Vuillard, Denis, Sérusier, Ranson, Vallotton,… Dès la fin du XIXème siècle, la bande des Nabis – “prophètes” en hébreu et en arabe – s’est fixée une ligne claire : défendre un art en lien direct avec la vie, visant à introduire le « Beau » dans le quotidien. Loin de l’esthétique du pastiche alors en vogue, ces héritiers de Van Gogh et Gauguin ont su développer un art aux formes simplifiées et lignes souples destiné à agrémenter des intérieurs contemporains. Le musée du Luxembourg leur rend hommage à travers “Les Nabis et le décor”, une exposition inédite qui dévoile pour la première fois des ensembles décoratifs démantelés et dispersés au fil du temps. “Cette exposition constitue un véritable défi à plusieurs titres, commente la commissaire, Isabelle Cahn. D’abord parce qu’il a fallu réunir des panneaux et des objets venant des quatre coins du monde, sachant qu’il en existe beaucoup d’autres disséminés dans la nature. Ensuite parce que les oeuvres présentées étaient initialement des décors commandés pour l’aménagement de demeures privées qui sont devenues aujourd’hui des peintures à part entière. La scénographie a donc dû tenir compte de ce double statut. Enfin, parce que la configuration du musée ne permet pas de reconstituer les intérieurs dont, de toute manière on ne sait rien ou pas grand chose.” Le parti-pris a donc été de regrouper les oeuvres par ensembles, découpés de la façon suivante : Femmes au jardin, Intérieurs, L’art nouveau et Rites sacrés.
Si la majorité de ces ensembles présente essentiellement des frises et panneaux décoratifs – “que les propriétaires transportaient dans leur maison de campagne durant leurs séjours prolongés, illustration d’un mode de vie très sophistiqué ”, précise Isabelle Cahn – la partie intitulée “L’art nouveau” rappelle la fascination des Nabis pour l’art appliqué alors considéré comme un moyen d’abolir la frontière entre art et artisanat. Le visiteur y découvre de la vaisselle, des éventails, des abats-jours (objet d’autant plus important que l’électricité commençait tout juste à arriver dans les foyers), des projets de papiers peints, une boîte à cigarettes, et, plus surprenant, des cartons pour vitraux ensuite exécutés par un maître verrier américain. Le clou du spectacle réside cependant dans la présentation de deux immenses tapisseries: “La Baigneuse ou La Vague” d’Aristide Maillol et “Printemps” de Paul Ranson. “Elles étaient généralement le fruit d’une collaboration entre l’artiste et son épouse ou l’artiste et un artisan. Malheureusement, leur diffusion a été un échec”, commente Isabelle Cahn comme pour mieux souligner le caractère exceptionnel de ces oeuvres aussitôt tombées dans l’oubli.
L’exposition se conclut par les sept panneaux monumentaux de “La Légende de Saint Hubert” que Maurice Denis avait exécuté pour orner le cabinet de travail de l’hôtel particulier de Denys Cochin. “Sur la toile intitulée “le Défaut” (5ème panneau – ndla), l’artiste s’est peint avec son carton à dessin à la main, aux côtés de sa femme”, informe la commissaire avant de préciser que Denis abhorrait ce sport. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle son récit pictural s’achève par “l’Arrivée à l’Ermitage”. On y voit les Cochin représentés comme un modèle de famille chrétienne, réunie dans la paix et la prière, après que la partie de chasse ait été transcendée par les forces spirituelles (“Le Miracle”). “Les décors à thème sacrés témoigne de l’engouement de certains Nabis pour l’ésotérisme et le spirituel”, justifie Isabelle Cahn. En se plongeant dans “La Vision près du torrent ou le Rendez-vous des fées” de Paul Sérusier, on la croit sur parole.
Exposition « Les Nabis et le décor » 13 mars – 30 juin 2019. Musée du Luxembourg
19 rue Vaugirard, 75006 Paris
Lire: Expo. “Van Gogh, la nuit étoilée”, voyage numérique au cœur de sa peinture: https://www.weculte.com/cultures/expo-van-gogh-la-nuit-etoilee-voyage-numerique-au-coeur-de-sa-peinture/