Pierre Guénard monte le son avec « Voltige », un bel album pop-rock

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Pierre Guénard revient avec "Voltige", un album solo aux ambiances pop-rock. Photo Fifou

Musique/Pierre Guénard. Pour son deuxième album solo, l’ancien leader du groupe Radio Elvis Pierre Guénard franchit un cap. Voltige est un disque fédérateur plus électrique, plus direct, pensé pour la scène, mais toujours porté par une écriture sensible et précise. Nourri par des influences anglo-saxonnes assumées — de Springsteen à The Killers — ce nouvel opus conjugue énergie pop-rock et émotion à hauteur d’homme, dans un équilibre fragile entre la retenue et l’envie d’embarquer. Plus rock, mais pas moins humain.

Pierre Guénard : l’album « Voltige » refuse les étiquettes. Il est à la fois pop, rock, intime et universel

Voltige, le deuxième album solo de Pierre Guénard, est un disque qui ne cherche pas à révolutionner la chanson, mais à l’habiter. Et ça change tout.

On connaissait le chanteur leader du groupe Radio Elvis, puis le funambule d’un premier album solo introspectif « Je n’ai plus peur de danser ». Le revoilà, cette fois en plein vol. Avec Voltige, il a trouvé l’angle juste entre le ciel et les pieds sur terre. Une pop-rock habitée nourrie de chansons qu’il semble avoir écrites les yeux dans son propre miroir.



Et pourtant, ça commence là où personne n’imagine un décollage : dans une cuisine. C’est là que les maquettes ont pris forme. Comme si la chaleur du foyer avait infusé chaque mot, chaque accord, chaque hésitation aussi. Loin des effets de manche, Guénard opte pour la sincérité nue. Et ce dépouillement, paradoxalement, lui donne des ailes.

« Le Feu » en est le premier vertige : une chanson pop-rock qui brûle au refrain accrocheur tatoué sur la mémoire, qui explore l’usure du couple avec une honnêteté désarmante.

Vient ensuite « Tant mieux », coécrit avec Vianney, comme un pardon murmuré à soi-même. C’est simple, limpide, presque enfantin : une chanson qui fait du bien, sans avoir besoin de se faire plus grande qu’elle n’est.

Puis il y a les titres qui sortent du rang et refusent la ligne droite : « 27 aussi », où l’attirance entre garçons s’insinue sans affectation, avec la grâce d’un murmure et la pudeur d’un regard volé. Un titre aux influences anglaises, touchant, libre, qui brouille les lignes du genre avec subtilité. À l’opposé, « Gain de temps, gain de place » injecte une dose d’humour et de second degré : sous ses accents pop-rock à la Killers, c’est une chanson sur les efforts absurdes qu’on fait parfois pour plaire.

Et puis il y a « La peine », et là, il faut poser le stylo. Parce que c’est beau. Il ralentit le tempo et creuse une veine plus émotionnelle. Il évoque la solitude, la musique, l’amour et l’usure avec une plume douce et sans pathos, comme un écho contemporain à Thiéfaine ou à Jean-Jacques Goldman. La mélodie est née d’une voix, le texte a pris son temps. Et ça s’entend.

Voltige est parcouru de spectres – The Killers, The Cure, Holly Humberstone, Oasis ou encore Bruce Springsteen – mais jamais il pastiche. Pierre Guénard ne cherche pas à être un autre. Il veut juste donner le meilleur de lui-même. Et il y parvient, avec des chansons qui respirent, portées par un souffle fédérateur.

Tout au long de ces onze titres, le chanteur explore les liens – amoureux, filiaux, amicaux, charnels – avec justesse. Que ce soit dans « Toujours là », déchirant adieu d’un père à sa fille sur fond de folk western, ou dans « Cinéma », jolie capsule à la Souchon écrite d’abord pour Louane, chaque morceau est un petit film, une scène qu’on projette sur sa propre vie.

À la croisée de l’Europe, de l’Angleterre et des États-Unis, Voltige refuse les étiquettes. Il est à la fois pop, rock, intime et universel. Et surtout, il est libre. On y entend un artiste qui, sans jamais trahir ce qu’il est, s’ouvre à d’autres possibles. Un chanteur qui a appris à lâcher prise pour mieux attraper l’essentiel. Un album refuge. Et ces temps-ci, c’est un vrai cadeau.

Victor Hache

  • Album « Voltige » de Pierre Guénard. Baronesa/Sony Music.
  • Concert : le 27 novembre 2025 aux Etoiles, 61 rue du Château d’eau, Paris 10e.

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Victor Hache