Sortie cinéma/Fuori. Elle est moins connue à l’étranger qu’Elsa Morante, Elena Ferrante ou Natalia Ginzburg, mais elle a marqué la littérature italienne: Goliarda Sapienza (1924-1996), l’écrivaine italienne rebelle et indomptable, fait l’objet d’un biopic, FUORI, qui sort mercredi 3 décembre après avoir été le seul film italien en compétition au dernier Festival de Cannes.
Fuori : le film de Mario Martone est l’occasion pour les spectateurs de découvrir Goliarda Sapienza, une des figures de la littérature italienne de la fin du XXe siècle
Ce n’est pas à proprement parler un biopic puisque le réalisateur, Mario Martone, ne raconte qu’une courte période de la vie de l’écrivaine: le film commence en 1980 quand Sapienza (Valeria Golino), déjà connue comme actrice et autrice, est incarcérée pour avoir volé des bijoux.
Refus des éditeurs
Elle vit dans un grand appartement à Rome dont elle ne peut plus payer le loyer et tous les éditeurs refusent de publier le livre qu’elle écrit depuis 10 ans –et qui, publié après sa mort, sera considéré comme son chef d’œuvre: L’Art de la joie.
Dans la prison pour femmes de Rebibbia, elle se fait des amies parmi les délinquantes, voleuses, droguées, prostituées mais aussi activistes politiques. Après sa sortie de prison, elle revoit certaines d’entre elles, et notamment la jeune Roberta (Matilda De Angelis), militante politique, avec qui elle se lie d’amitié. C’est elle qui va lui redonner goût à la vie et à l’écriture…
Inspiré de deux livres
« Un été traversé par deux amies qui se sont rencontrées en prison et qui se laissent aller à une dérive presque enchantée, voici le sujet de FUORI. Loin d’être une rigoureuse biographie de Goliarda Sapienza, le film s’inspire de deux de ses livres dans lesquels s’entremêlent vérité et fiction », explique le réalisateur.
Le film est en effet basé sur deux livres que Goliarda Sapienza a écrits après sa sortie de prison, L’Université de Rebibbia (1983) et Les Certitudes du doute (1987), dans lesquels elle raconte ses conditions de détention et livre ses réflexions sur la place de la prison au sein des sociétés contemporaines –et sur sa théorie selon laquelle dehors (« fuori » en italien), les contraintes et limitations de liberté pour les femmes, dans la vie sociale, économique et privée, existent tout autant que derrière les barreaux.
Réalisation discrète
La réalisation de Mario Martone est sans esbroufe, discrète, un peu trop sage, avec des retours en arrière et des moments sans rythme (parfois on s’ennuie un peu, notamment au début du film). Dire que ce FUORI est passionnant serait mentir, mais il ne manque pas d’intérêt pour les spectateurs appelés ainsi à découvrir une des figures de la littérature italienne de la fin du XXe siècle.
Et, comme souvent, dans ce film un peu fade mais hommage ému à la mémoire de Goliarda Sapienza, l’un des atouts est l’interprétation des deux comédiennes principales, Valeria Golino, qu’on a plaisir à revoir à 60 ans, et la jeune Matilda De Angelis, 30 ans, qui lui donne la réplique avec naturel et conviction.
Jean-Michel Comte
LA PHRASE : « Seuls les morts ont le droit de contredire les Italiens » (Valeria Golino).
- FUORI (Italie, 1h55). Réalisation: Mario Martone. Avec Valeria Golino, Matilda De Angelis, Elodie (Sortie 3 décembre 2025)

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