Télé. France 3 diffuse ce soir le documentaire « Lavilliers par Lavilliers ». Un portrait du chanteur qui se livre avec sincérité et simplicité et revient sur son parcours artistique jalonné de nombreux tubes : « Idées noires », « Les mains d’or », « La Salsa », « Traffic », « Betty », « Gringo », « Stand the Ghetto », « San Salvador », « Melody tempo Harmony », « On the road again »… Un registre empreint de poésie et d’esprit voyageur qui a fait de Bernard Lavilliers, l’une des figures les plus importantes de la chanson. A voir vendredi 22 janvier sur France 3 – 23:20
France 3 invite ce soir à (re)découvrir Bernard Lavilliers au travers d’un documentaire sensible en forme de portrait du chanteur. A 74 ans, il ne fait pas le bilan mais revient sur son parcours émaillé d’une riche discographie, tout en regardant vers l’horizon, prêt à partir pour de nouveaux voyages en chanson : « Au fond, j’ai plusieurs vies. Je vis au futur, je vis pour demain. De toute façon, le présent c’est derrière » sourit Lavilliers dans une voiture qui le conduit vers la Nouvelle-Orléans.
Le documentaire de Bruno Le Jean nous montre un artiste qui se raconte à l’autre bout du monde, à Paris où à Hyères, et livre avec clairvoyance et lucidité ses sentiments sur lui, la vie, ce qui l’a amené à écrire des chansons : « Je ne dirai pas que je fais une carrière, je fais un métier. C’est une profession. Je suis chanteur, voilà » confie-t-il.
Son premier concert avec « une fiche de paie », ça été au cabaret « La Pizza du Marais » à Paris, où il a commencé à apprendre son métier, où se produisaient des chanteurs comme Jacques Higelin ou Renaud. Repéré par un directeur artistique venu le voir jouer, il a par la suite enregistré l’album « Les Poètes », en 1972 : « j’ai commencé à prendre ça au sérieux à partir de 1975 quand j’ai fait « Le Stéphanois ». Avant, c’était comme un passe-temps. J’ai chanté différemment à partir de cet album. C’est normal, je commençais à maîtriser la technique, les micros. J’ai eu des conseils… C’était juste avant de signer chez Barclay, après avoir été auditionné par Eddie Barclay, dans ses bureaux de l’avenue de la Grande Armée. »
Sa mère pensait qu’il serait comédien de théâtre. A la maison, il écoutait du jazz et du classique. Il était également attiré par « les tempos en l’air » et les sonorités provenant du Brésil, comme la salsa : « c’est une musique qui danse, très cuivrée. J’inventais des histoires à partir de ces musiques, que j’ai vécues par la suite ». Il n’en fallut pas plus pour lui donner des envies de voyages : « J’ai commencé à travailler à l’usine pendant quelques années, au Laminoir, la nuit. Ensuite, je me suis barré, à 19 ans. J’avais envie d’être un aventurier. »
Bernard Lavilliers parle ainsi des albums qui ont marqué son parcours. Comme « Les Barbares » en 1976, avec notamment la chanson « Fensch Vallée », sur les premiers déserts industriels, composée à l’époque des grandes grèves et de l’occupation des usines Longwy ou d’Hagondange en Moselle: « Ce qui me met en colère c’est souvent la même chose, en dehors de la corruption c’est qu’on se permette de virer des gens, comme ça, du jour au lendemain. Et là, sous le masque de la fameuse épidémie, ils sont en train de virer plein de gens, ils en profitent. Obliger les gens à dépendre du chômage, c’est dégueulasse. Moi, ça me rend furieux depuis le début« lance l’auteur de l’émouvante « Les mains d’or », chanson écrite sur une mélodie capverdienne, qui raconte l’histoire d’un ouvrier qui perd son travail. S’il a réussi à toucher le cœur des gens, c’est parce qu’il chante ce qu’il pense de l’existence, des injustices, des patrons, de la corruption…
Artiste à l’écoute du monde et « militant de l’humanité », après plus de cinquante ans de carrière, Bernard Lavilliers est devenu une des figures les plus importantes de la chanson. Il se livre aujourd’hui sans détour devant la caméra, avec toujours au coin de l’œil des rêves d’ailleurs et de destinations lointaines: « Je serai toujours solidaire des causes perdues et des gens qui se bagarrent, mais je resterai toujours un marginal » dit l’auteur de « On the road again », pour qui la liberté a toujours été sa boussole: « J’ai passé ma vie à penser différemment. Ce n’est pas maintenant que je vais commencer à me conformer. » Un documentaire qui met en lumière un Lavilliers empreint de sincérité et de simplicité, qui aurait sans doute mérité mieux qu’une programmation tardive à 23:20.
Victor Hache
- Voir « Bernard Lavilliers par Bernard Lavilliers » de Bruno Le Jean, vendredi 22 janvier, France 3 – 23:30