« Classe moyenne »: une comédie à l’humour acide et décapant

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"Classe moyenne" : L'avocat parisien Philippe Trousselard (Laurent Lafitte), sa femme actrice Laurence (Élodie Bouchez), leur fille Garance (Noée Abita) et son petit ami Mehdi (Sami Outalbali) passent des vacances dans leur propriété du sud de la France (©Tandem Films).

Sortie cinéma/« Classe moyenne ». C’est une comédie à l’humour féroce dans laquelle s’invite la lutte des classes entre deux couples: Laurent Lafitte et Élodie Bouchez d’un côté, Ramzy Bedia et Laure Calamy de l’autre, sont les têtes d’affiche du réjouissant « CLASSE MOYENNE » (mercredi 24 septembre sur les écrans).

« Classe moyenne » : Une comédie à l’humour grinçant (et délectable). On pense aux films acerbes de Claude Chabrol ou aux comédies italiennes des années 70

Riche avocat d’affaires parisien, Philippe Trousselard (Laurent Laffite), sa femme Laurence, actrice un peu sur le déclin, et leur fille Garance, apprentie actrice (Élodie Bouchez et Noée Abita), passent leurs vacances d’été dans leur vaste propriété du sud de la France –maison d’architecte avec baies vitrées, piscine à débordement, verger potager et arbres à perte de vue. Garance a amené avec elle son petit ami Mehdi (Sami Outalbali), qui débute sa carrière d’avocat.

En contrebas de la propriété, dans une petite maison, habitent les gardiens, la famille Azizi –le père Tony, la mère Nadine et leur fille de 20 ans Marylou (Ramzy Bedia, Laure Calamy, Mahia Zrouki). Ils s’entendent plutôt bien avec leurs patrons, qui ne sont là que trois mois par an et les payent 800 euros par mois sans les déclarer, depuis 7 ans.

Excuses refusées

Un soir, un incident va faire éclater cette bonne entente sociale entre le couple de riches Parisiens et le couple de modestes gardiens. Tony, ivre, pète les plombs et vient insulter ses patrons. Le lendemain, les Azizi viennent présenter leurs excuses, que refuse Philippe Trousselard.

Les Trousselard veulent congédier les Azizi, qui décident alors de ne pas se laisser faire et de prendre un avocat. Dans cette guerre entre les deux couples, Mehdi se propose de jouer les intermédiaires et d’aller négocier avec Tony: comme les Azizi et contrairement aux Trousselard, il est d’origine modeste et pense comprendre les motivations des deux familles et pouvoir trouver un arrangement entre elles…

Transfuge de classe

« Si j’ai eu envie de m’atteler à ce projet, c’est évidemment parce que je suis un transfuge de classe et que je me projetais facilement dans le personnage de Mehdi. Ses problèmes, ses complexes, ses névroses, je les connais par cœur: il croit appartenir à deux mondes et donc posséder une sorte de pouvoir mais en fait il n’appartient à aucun de ces mondes », dit le réalisateur, Antony Cordier, 52 ans. « (…) Quant aux Azizi, je les connais parce que ce sont en quelque sorte mes parents et ma famille ».



Il a grandi dans une famille ouvrière à laquelle il a consacré son premier film, le court-métrage documentaire BEAU COMME UN CAMION en 2000, avant de passer aux longs-métrages de fiction (DOUCHES FROIDES en 2005, HAPPY FEW en 2010, GASPARD VA AU MARIAGE en 2017). Il a également réalisé pour Canal+ les deux saisons (2021 et 2022) de la série loufoque de science-fiction OVNI(s).

Humour acide et décapant

Mais si la lutte des classes et les différences sociales sont en toile de fond de ce « CLASSE MOYENNE« , c’est d’abord une comédie à l’humour acide et décapant, avec des dialogues drôles, une atmosphère de tension et surtout des personnages tous aussi antipathiques les uns que les autres –mis à part Mehdi.

« Ce qui m’a surtout intéressé dans les ambitions et les vanités de ces personnages, c’est la passion pour l’argent, à quel point cette passion peut transformer les gens, les amener à se renier », explique Antony Cordier, qui fait notamment dire à Laurence, s’adressant à Mehdi: « C’est une putain de compétition, la vie. (…) Ça ne s’arrête jamais ».

Chabrol et comédies italiennes

On pense aux films acerbes de Claude Chabrol ou aux comédies italiennes des années 70 pour ce « CLASSE MOYENNE » dont les acteurs prennent un malin plaisir à jouer les affreux, sales et méchants, même si les personnages sont souvent caricaturaux (notamment Laurent Lafitte et Laure Calamy) et si le scénario comporte quelques facilités pour tenir le rythme.

Ainsi la dernière demi-heure part dans tous les sens –comme pour signifier au spectateur qu’il ne faut pas prendre tout cela au sérieux et chercher de la vraisemblance là où il n’y en a pas. Mais la dernière scène est rigolote, et bien dans l’esprit amoral de cet humour grinçant (et délectable) dans lequel baigne tout le film.

Jean-Michel Comte

LA PHRASE : « Ce n’est pas parce que je suis Parisien que je n’ai pas de couilles » (Laurent Lafitte).

  • « Classe moyenne » (France, 1h35). Réalisation : Antony Cordier. Avec Laurent Lafitte, Élodie Bouchez, Ramzy Bedia (Sortie 24 septembre 2025)

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Victor Hache