Sortie cinéma/« Dune -deuxième partie ». Un désert de sable ocre à perte de vue, des falaises et des rochers, un soleil brûlant qui empêche toute végétation, et des vers souterrains géants qui avalent tout ce qui bouge: on n’irait pas passer ses vacances sur la planète Dune. Et pourtant, on y revient avec plaisir. « DUNE -DEUXIÈME PARTIE », du réalisateur canadien Denis Villeneuve, débarque sur les écrans français ce mercredi 28 février, une suite tout aussi somptueuse que le premier volet.
Pour ceux qui voudraient voir ou revoir « DUNE. PREMIÈRE PARTIE », sorti en septembre 2021, trois solutions: il est ressorti dans les salles depuis le 7 février; il est disponible à l’achat ou à la location sur les plateformes de streaming; et sa diffusion à la télévision est programmée sur TF1 pour le dimanche 3 mars.
« Dune -deuxième partie » commence là où s’achevait le premier. On est en l’an 10191. Après l’assassinat de son père et le massacre de ses soldats par les méchants Harkonnen, Paul Atréides (Timothée Chalamet) et sa mère Dame Jessica (Rebecca Ferguson) trouvent refuge auprès du peuple autochtone de la planète, les Fremen. Ceux-ci, notamment la jeune Chani (Zendaya) et leur chef Stilgar (Javier Bardem), les accueillent et les protègent, face au danger d’une nouvelle attaque des Harkonnen.
L’Épice c’est tout
L’enjeu est le contrôle de cette planète Dune et de « l’Épice », cette substance présente dans son sous-sol qui prolonge la vie, renforce les défenses immunitaires et permet les voyages interstellaires. « Le pouvoir sur l’Épice est le pouvoir sur toute chose » est la première phrase du film, en voix off.
Convoitée par l’Empereur qui gouverne la galaxie, la planète Dune va être défendue par Paul, que certains Fremen considèrent comme le messie qui les aidera à se libérer et les conduira vers des jours meilleurs. D’autant que le jeune homme tombe amoureux de Chani.
Rêves prémonitoires
Ce second volet « parle de l’intégration de Paul et de sa mère Jessica à la culture Fremen, au sein des tribus Fremen. C’est à ce moment-là que Paul et Chani tombent amoureux et qu’ils mènent, ensemble, une offensive contre leurs oppresseurs, leurs ennemis », explique le réalisateur.
Mais le jeune homme, qui fait des rêves prémonitoires, écartelé entre le désir de venger son père et la volonté de préserver la planète, « est tout près de vivre l’un de ses pires cauchemars: il s’agit de l’avènement d’une prophétie qui l’a hanté –une guerre sainte livrée en son nom », poursuit Denis Villeneuve. Sous le nom de guerre Muad’Dib et fort de l’amour de Chani, Paul va donc conduire la résistance face aux oppresseurs…
Des images superbes
« Dune -deuxième partie« , second volet de l’adaptation du livre visionnaire de Frank Herbert (1920-1986), paru en 1965, est tout aussi réussi que le premier. Il y a un peu plus de scènes d’action, des batailles et des combats (mais pas trop), des images superbes, un rythme soutenu, des effets spéciaux mais beaucoup de scènes physiques, des décors naturels pour l’extérieur (trouvés à Abu Dhabi et en Jordanie) et de splendides décors de studios pour les scènes d’intérieur.
Parmi les moments de bravoure imaginés pour ce second volet, le chevauchement des vers géants dont Stilgar se sert comme de scooters des sables, et plusieurs rassemblements avec des milliers de figurants: soldats, Fremen, foule de fanatiques, spectateurs d’un immense amphithéâtre Harkonnen mi-Corée du Nord mi-IIIe Reich.
Variété des personnages
L’un des intérêts de « Dune.deuxième partie » réside dans la variété et le caractère bien trempé de ses personnages. Et c’est du côté des méchants qu’on se régale: on retrouve l’adipeux et cruel Baron Harkonnen (Stellan Skarsgard), prénommé Vladimir, bras armé de l’Empereur et qui, ayant échappé de peu à la mort à la fin du premier film, poursuit sa convalescence dans des bains de pétrole; son neveu et chef militaire sanguinaire Rabban (Dave Bautista); et, visage caché par sa voilette noire, la Révérende Mère Mohiam (Charlotte Rampling), cheffe des femmes puissantes du Bene Gesserit, sorte d’État profond exclusivement féminin qui tire les ficelles dans l’ombre depuis des siècles.
Mais il y a plein de nouveaux visages chez ces méchants. D’abord l’Empereur, qu’on voit pour la première fois, sous les traits de Christopher Walken. Il y a aussi sa fille la princesse Irulan (Florence Pugh), et Dame Margot Fenring (Léa Seydoux), toutes les deux membres du Bene Gesserit; et Feyd-Rautha, le deuxième neveu du Baron Harkonnen, psychotique et encore plus barbare que le premier (Rabban), et interprété par Austin Butler, découvert il y a un an et demi dans « ELVIS ».
Et l’on notera l’apparition, quelques secondes, d’Anya Taylor-Joy –dans un rôle qu’on ne vous dévoilera pas, non.
Fanatisme religieux
Le film reprend les thèmes évoqués dans le livre: l’amour, les rapports mère-fils, la loyauté, la vengeance, le conflit éternel entre le Bien et le Mal, la mondialisation, le colonialisme, le génocide, les dictatures et bien sûr les enjeux écologiques, et même la menace nucléaire. Mais c’est surtout de fanatisme religieux dont il est question pendant près de trois heures, avec ce personnage de Paul que certains veulent voir comme l’Élu, opium du peuple auquel Chani (contrairement à Stilgar) ne croit pas: « Pour contrôler un peuple, prédis l’arrivée d’un messie. Il attendra pendant des siècles », lui dit-elle.
De ce gloubi-boulga philosophico-ésotérico-mystique alimenté de citations pléonastiques (« Ce monde est d’une cruauté sans nom », « Celui qui peut détruire une chose la contrôle », etc.) et de mots d’auteur tautologiques (déjà le gros défaut du premier film) a du mal à émerger l’histoire d’amour entre Paul et Chani, pourtant vantée par les affiches et par le réalisateur: « J’espère que le spectateur sera ému par la relation entre Paul et Chani car, au fond, DUNE -DEUXIÈME PARTIE est une histoire d’amour ».
Un « DUNE-3 » en préparation
Après un rebondissement familial façon « STAR WARS », la fin du film, sans qu’on en dise trop, appelle une nouvelle suite: la guerre n’est pas finie sur la planète Dune et Dame Jessica est enceinte d’une fille… Le roman de Frank Herbert était le premier d’une série de six et Denis Villeneuve a déjà prévu une troisième part de désert avec l’adaptation de la suite, Le Messie de Dune, à une seule condition: que ce « DUNE-2 » soit un succès. Pas de soucis à se faire.
Jean-Michel Comte
LA PHRASE : « Le cœur n’est pas fait pour gouverner » (L’Empereur).
- A voir : « DUNE -DEUXIÈME PARTIE » (« Dune: Part Two ») (États-Unis/Canada, 2h46). Réalisation: Denis Villeneuve. Avec Timothée Chalamet, Zendaya, Rebecca Ferguson (Sortie 28 février 2024)
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