« Jean Valjean » d’Eric Besnard: un film académique peu inspiré

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Jean Valjean (Grégory Gadebois), libéré du bagne après 19 ans de travaux forcés, s'en va sur les chemins à la recherche d'une nouvelle vie (©David Koskas/ Radar Films/Mediawan/France-3 Cinéma).

Sortie cinéma. « La naissance d’un honnête homme », dit le slogan sur l’affiche. Dans son film JEAN VALJEAN ( mercredi 19 novembre sur les écrans), le réalisateur Eric Besnard raconte le début des Misérables de Victor Hugo, quand le héros du roman n’en était pas encore un.

Jean Valjean : Dans le film d’Eric Besnard, les acteurs ont du mal à convaincre

« Avant qu’il y ait un héros, il y eut un homme –un misérable »: c’est la première phrase du film. Cet homme misérable, encore loin d’être un héros, c’est Jean Valjean (Grégory Gadebois), en décembre 1815, qui sort de 19 ans de bagne pour avoir volé une miche de pain et avoir tenté de s’évader à quatre reprises.

Haine de la société

Brisé, errant sans but, la rage au cœur, il a marché pendant quatre jours avant d’arriver dans un village du sud de la France dans lequel il n’est pas le bienvenu. Chassé par l’aubergiste du coin, moqué par les enfants, rejeté par les habitants, attaqué par les chiens, il a la haine de la société.

Mais un homme lui offre l’hospitalité: l’évêque Bienvenu Myriel (Bernard Campan), qui vit avec sa sœur Baptistine (Isabelle Carré) et leur bonne Mme Magloire (Alexandra Lamy). L’occasion pour Jean Valjean d’intégrer la compagnie des hommes, d’effacer sa méchanceté devenue sa seconde nature, cette colère intérieure, ce « calme affreux que l’injustice lui avait donné »?…

Western

« J’ai pensé le film comme un western ancré dans notre patrimoine. Un héros qui sort de prison et qui doit choisir entre la réinsertion et la haine du monde. Devenir honnête homme ou hors-la-loi. Ce qui m’intéressait c’était la confrontation entre le Mal et le Bien, entre deux personnages mis face à face », explique le réalisateur Eric Besnard.

À 61 ans, c’est son 10e film, dont les trois derniers avec déjà Grégory Gadebois (DÉLICIEUX en 2021, LES CHOSES SIMPLES en 2023, LOUISE VIOLET en 2024). Il avait connu un certain succès avec la comédie policière CA$H en 2008, avec Jean Dujardin.

Réalisation académique

« Jean Valjean sort de prison, il est violent, y aura-t-il rédemption? Un western donc », dit-il. Mais la réalisation est très académique, les dialogues un peu ampoulés. Il arrive tout de même à traduire la philosophie globale des Misérables de Victor Hugo: « L’histoire d’un homme n’est pas seulement l’histoire d’un homme. Elle est aussi celle de ceux qu’il croise », dit une phrase en fin de film.



Depuis des décennies, Les Misérables ont donné lieu à quantité de films et pièces de théâtre. Une nouvelle version réalisée par Fred Cavayé (LE JEUADIEU MONSIEUR HAFFMANN), avec Vincent Lindon en Jean Valjean, est attendue pour décembre 2026.

Acteurs peu convaincants

Dans le film d’Eric Besnard, ce sont les acteurs qui ont du mal à convaincre. Grégory Gadebois, qui a la lourde tâche de succéder à Harry Baur, Jean Gabin, Lino Ventura ou Jean-Paul Belmondo au cinéma, parvient, deux ou trois fois, à ne pas froncer les sourcils et ne pas tirer la tronche.

Bernard Campan est mielleux et sans épaisseur (peut-être est-ce le personnage qui veut cela?) et surtout Alexandra Lamy surjoue, agaçante et caricaturale, monomaniaque (peut-être est-ce le personnage qui veut cela?). Plus discrète et plus fine, seule Isabelle Carré (à l’affiche en ce moment de son premier film comme réalisatrice, LES RÊVEURS), arrive à tirer son épingle du jeu.

Jean-Michel Comte

LA PHRASE : « Un prêtre opulent est un contresens » (l’évêque Myriel à Mme Magloire).

  • Jean Valjean (France, 1h38). Réalisation: Eric Besnard. Avec Grégory Gadebois, Bernard Campan, Alexandra Lamy (Sortie 19 novembre 2025)

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