clio album l'amour helas
Clio.©Mélanie Elbaz

Playlist. « L’amour hélas » de la chanteuse Clio, « Monogramme » de l’ex-collectif Fauve devenu Magenta, « Cross Out » de l’énigmatique S+C+A+R+R et « Meurs Cupidon, meurs » du rappeur manga Suzuya. Voici les quatre coups de cœur de la semaine de We Culte 

clio album l'amour helas
Clio.©Mélanie Elbaz

CLIO«L’amour hélas»

Héroïne en cavale, Clio incarne le blues des jeunes femmes d’aujourd’hui. Envie de claquer la porte, quitter Paris qui a perdu le goût des autres et de la fête… elle chante «Ai-je perdu le nord», sur des mots justes et sensibles traduisant son spleen contemporain : «Y’a plus personne nulle part/ Est-ce que tout le monde est sourd ?/ Est-ce que tout le monde est mort ? » interroge-t-elle. Deux ans après «Déjà Venise», elle revient avec «L’amour hélas», troisième album (sortie le 23/04) dont le fil rouge fait écho à sa vie qui parfois se traîne, alors qu’elle rêve de légèreté et de «volcan dans son cœur». On pourrait la croire fragile, mais au troisième morceau («L’appartement») elle crée la surprise avec un étonnant duo aux contours romantiques avec la rock-star américaine Iggy Pop, dont la voix grave et tellurique, se marie au timbre enfantin de la chanteuse. A la maison, elle écoutait aussi bien Souchon que Barbara, mais aussi Vincent Delerm et Alex Beaupain. C’est sans doute de l’univers de ces deux-là dont cet admirative de Rohmer est l’héritière, tellement ses chansons semblent parler de nous et de nos failles, entre tendresse, vertige mélancolique et écriture rêveuse inclinant vers une certaine tristesse. Dehors, il pleut, mais déjà elle est ailleurs. Elle voyage dans sa tête, Berlin, rue de Prague… avec toujours l’espoir d’un amour dont jamais elle ne se lasse, qui habite ses mélodies délicatement posées sur les touches de son piano. S’il y a «Quelqu’un quelque part», c’est bien Clio dont les chansons couleur pastel nous enchantent.

magenta album monogramme
Magenta

MAGENTA« Monogramme »

Il y avait le monde d’avant avec Fauve. Le monde d’après s’incarne désormais dans Magenta, né dans la mouvance du groupe qui a très vite connu le succès des salles bondées, marqué par une vingtaine de Bataclan en 2014. Exit le spoken word et les textes incandescents aux contours rap de l’ex-collectif parisien, témoins d’un mal-être générationnel. Magenta fait le grand écart avec une plongée dans l’univers électro-pop sur lequel se structure son nouveau projet. Un intérêt pour les machines et la french touch qui permet à «Monogramme», son premier album, des ambiances dansantes assez réjouissantes. Ici, la musique prend le pas sur les textes qui paraissent plus sages et moins revendicatifs. Magenta explique avoir voulu changer d’univers dans l’espoir d’une esthétique nouvelle : «la priorité ici c’était le son, le corporel » confie la collectif, qui a visiblement plus travaillé les mélodies aux rythmes contagieux. Une aventure qui se traduit par 15 chansons («Fatigué», «Ultramarine», «Boum Bap», «2019», «Assez»…). Un labo expérimental électro aux chansons souvent hypnotiques qui cristallisent la démarche du groupe, lequel a choisi d’explorer d’autres textures sonores pour se créer une nouvelle identité.

SCARR cross out
S+C+A+R+R

S+C+A+R+R« Cross Out »

Voilà un projet excitant et mystérieux, qui ne fait qu’aiguiser notre curiosité. Qui est l’énigmatique S+C+A+R+R qui est apparu il y a an avec le titre «The rest of my days », dont la vidéo en mars 2020, a enflammé les réseaux sociaux avec près de 3 millions de vues ? Alors que la France allait connaître son premier confinement, on découvrait un homme à la silhouette imposante vêtu d’un pull noir près du corps et d’un pantalon trop court, dansant sur une chorégraphie pleine de souplesse, au milieu d’une grande pièce aux murs blancs. Un titre qui s’est rapidement imposé grâce à une pop-électro synthétique, emmenée par une voix douce passée au Vocoder. En cherchant plus loin, on s’est aperçu que derrière S+C+A+R+R, il y avait Dan Levy du groupe indie-pop The Dø, producteur de cet artiste qui fait aujourd’hui danser la planète. On s’en convainc encore un peu plus avec la sortie du délectant «Cross Out». Un EP de 7 titres – où l’on retrouve quelques-uns des morceaux déjà dévoilés, comme «You’re the one», «I had to leave», «In my head» ou «White Lies» – signé d’un artiste qui ne va pas manquer de créer l’événement lors de son concert du 16 juin à la Gaîté Lyrique, à Paris.

suzuya meurs cupidon meurs
Suzuya

SUZUYA « Meurs Cupidon, meurs »

Suzuya a choisi son nom en référence à un personnage du manga Tokyo Ghoul. Le jeune rappeur grenoblois est à l’origine d’un hip-hop lyrique où se mêlent poésie et univers animé du Pays du Soleil Levant. Depuis ses débuts, il y a trois ans, il a habilement diffusé une série de singles sur la toile, nés de ses poèmes mis en ligne sur son Instagram. La musique est arrivée un peu par hasard, à l’écoute de l’américain XXX TENTACION, dont le rap flirte avec la dépression et le spleen. Il y a quelque chose de sombre et de mélancolique chez Suzuya, révélateur de son tempérament romantique et tourmenté. Dans «Machette», extrait de son premier EP, il conjugue l’amour et la guerre, tandis qu’avec «Dis-moi que tu me détestes», il fait part de son obsession pour une fille, qu’il préfère aimer secrètement pensant qu’elle est «trop pure» pour lui. Le monde de Suzuya oscille ainsi entre amour, haine, douleur et regret d’avoir quitté celle pour qui il éprouve encore des sentiments («Personne ne t’aimera plus que moi»). Sa carte du Tendre est faite de punchlines sentimentales. Pour preuve son nouveau single et clip «Meurs Cupidon, meurs», où il évoque sa peine sur le même thème de l’amour déçu sur un mode chanter-parler poétique, sur fond d’instrus au piano, porteurs d’émotion. «Nique l’amour, chopez Cupidon et donnez-lui la mort/Attrape-le, arrache-lui les ailes et noie-le dans la mer./Attache-le, arrache-lui lui son arc et tire-lui dans le corps/Et cet enfoiré verra à quel point les larmes sont amères/ » chante-t-il, un brin désespéré. Un rap original et non conventionnel qui fédère déjà de nombreux fans, prélude à son premier album «Condamné» prévu le 30 avril, qui devrait permettre à Suzuya de très vite prendre son envol.

Victor Hache

 

  

 

 

 

 

 

 

 

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