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"La nouvelle femme" : Lili d'Alengy (Leïla Bekhti, à gauche) présente sa fille déficiente mentale, Tina (Rafaëlle Sonneville-Caby), à Maria Montessori (Jasmine Trinca), médecin qui a ouvert à Rome une école pour handicapés (©Geko Films Tempesta/Ad Vitam).

Sortie cinéma. La « méthode Montessori », une des pédagogies alternatives les plus connues, a été créée au début du XXe siècle pour des enfants handicapés mentaux avant de devenir une approche d’apprentissage révolutionnaire pour l’éducation des enfants dits « normaux ». C’est ce que raconte le film « LA NOUVELLE FEMME », qui sort ce mercredi 13 mars sur les écrans.


« LA NOUVELLE FEMME » est un film historique sur les origines de la méthode Montessori


Le film dresse le portrait de la créatrice de la méthode, Maria Montessori (1870-1952), femme médecin italienne. Mais il ne s’agit pas d’un biopic traditionnel puisque l’autre femme importante de l’histoire est un personnage de fiction: Lili d’Alengy, célèbre courtisane parisienne, qui a un secret honteux –sa fille Tina, née avec un handicap.

À la mort de sa mère, qui s’occupait de l’enfant pendant qu’elle séduisait les hommes riches de la capitale, Lili (Leïla Bekhti) se voit contrainte de reprendre sa fille Tina, 9 ans, déficiente mentale. Peu disposée à s’occuper de cette enfant qui menace sa carrière, elle décide de quitter Paris pour Rome.

Méthode d’apprentissage révolutionnaire

Là, elle continue de gagner sa vie comme femme de petite vertu et confie sa fille à un institut dirigé par Maria Montessori (Jasmine Trinca), une femme médecin qui développe une méthode d’apprentissage révolutionnaire pour les enfants qu’on appelle alors « déficients » ou « idiots ».

Mais Maria a elle aussi un secret: un enfant, qu’elle cache car il est né hors mariage. Ensemble, les deux femmes vont s’entraider pour gagner leur place dans ce monde d’hommes et écrire l’Histoire…

Film féministe

Premier long-métrage de fiction de la réalisatrice Léa Todorov, 42 ans, après deux documentaires, « LA NOUVELLE FEMME » est un film historique sur les origines de la méthode Montessori, mais surtout un film féministe, qui dresse le portrait de deux femmes puissantes qui se battent pour faire leur chemin dans la vie, chacune à sa façon.



L’une, Lili, est une « cocotte » qui use de ses charmes et pense que « pour être libre, une femme doit être riche ». L’autre, Maria, a fait de brillantes études et est l’égale de ses confrères masculins: « Si j’ai pu devenir médecin en étant une femme, il y a de l’espoir pour ces petits idiots », dit-elle à propos des enfants dont elle s’occupe.

Réalisation classique

C’est d’ailleurs le sens du titre du film « La nouvelle femme » , explique la réalisatrice: « C’est l’expression qu’utilisent communément les historiens pour désigner ces femmes féministes, éduquées et indépendantes de 1900 qui avaient réussi à accéder à des fonctions professionnelles et à des carrières universitaires, et qui affirmaient une place dans la société par le savoir. Dans l’histoire de l’Occident, on n’a pas cessé de réinventer les femmes, de découvrir qu’en réalité, elles n’étaient pas stupides… »

La réalisation de ce film fort et sensible est plutôt classique, avec des morceaux de piano aux moments émouvants, et une belle présence des deux actrices principales. Il n’y a pas de grandes envolées ou de rebondissements dans le récit, mais des passages intimistes, notamment dans l’histoire de la vie privée de Maria Montessori.

Enfants dans leur propre rôle

Mais les images les plus marquantes, touchantes et vraies, sont les séquences où sont filmés les enfants, « neuro-atypiques ou porteurs de handicap » qui jouent leur propre rôle, comme l’explique la réalisatrice. Une grande partie du tournage a eu lieu à Rome mais les enfants, trouvés dans des instituts spécialisés, sont français.

Parmi ces enfants la jeune Rafaëlle Sonneville-Caby, handicapée mentale légère, joue le rôle de Tina. « C’est une petite fille hyper intelligente, qui comprend tout, qui est très présente au monde, tout en ayant une autre manière de percevoir les signaux sensoriels, et cette particularité cognitive m’intéressait », dit Léa Todorov. « Pendant le tournage, nous avons beaucoup insisté sur la distance entre son rôle et elle, et elle a vraiment composé son personnage avec nous, de la Tina du début, très empêchée, à la Tina qui s’épanouit dans l’Institut, jusqu’à la Tina de la fin du film ».

Histoire personnelle

La réalisatrice a également mis pas mal de son histoire personnelle dans ce film puisqu’elle est mère d’une petite fille handicapée, Sofia, née en juin 2017. « La naissance de ma fille a été compliquée. Je savais alors que j’allais avoir un enfant différent », raconte-t-elle. Elle a imaginé le personnage de Lili « que j’ai pu investir de mon propre sentiment d’échec quand, à la naissance de ma fille, j’ai réalisé que j’avais fait un bébé qui n’allait pas «fonctionner» normalement », dit-elle.

Sa petite Sofia a d’ailleurs un petit rôle, parmi les enfants du film. Elle apparaît « notamment dans la seule scène où une enfant pleure. La raison est simple et terriblement utilitaire: je ne pouvais pas laisser pleurer une petite qui n’était pas la mienne… Mais ça m’a brisé le cœur; elle n’était vraiment pas contente ».

Jean-Michel Comte

LA PHRASE « Je vais révolutionner l’école » (Maria Montessori).


  • A voir : « LA NOUVELLE FEMME » (France/Italie, 1h39). Réalisation: Léa Todorov. Avec Jasmine Trinca, Leïla Bekhti, Rafaëlle Sonneville-Caby (Sortie 13 mars 2024)

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