Sortie cinéma. Deux femmes, de générations, d’origines et de conditions différentes, font connaissance au parloir de la prison dans laquelle leurs maris sont incarcérés et se lient d’amitié: c’est le scénario de départ de « LA PRISONNIÈRE DE BORDEAUX » (ce mercredi 28 août sur les écrans), qui oscille entre chronique sociale et histoire à suspense.
Alma (Isabelle Huppert), ancienne danseuse retraitée, membre de la bourgeoisie bordelaise, s’ennuie seule dans sa grande maison où passe chaque jour sa femme de ménage et qui regorge de tableaux et d’œuvres d’art, passion de son mari. Celui-ci, neurochirurgien norvégien, qui la trompait, est en prison pour six ans pour avoir fauché deux piétons en état d’ivresse.
Mina (Hafsia Herzi), d’origine maghrébine, courageuse et dynamique, jeune mère de deux jeunes enfants, travaille dans une blanchisserie de banlieue et attend elle aussi la sortie de prison de son mari. Celui-ci a été condamné pour le braquage d’une bijouterie avec des complices, dont l’un est décédé lors de l’attaque.
Rencontre au parloir
Les deux prisonniers sont incarcérés à Bordeaux mais Mina habite à 400 kilomètres, du côté de Narbonne, et doit prendre le train et laisser ses enfants en garde quand elle vient rendre visite à son mari. Un jour, Alma et Mina font connaissance au parloir de la prison et la première propose à la seconde de l’héberger.
Peu à peu une relation amicale se noue entre ces deux femmes différentes. Alma, heureuse de voir de l’animation dans sa maison et dans sa vie, propose à Mina de s’installer chez elle avec ses deux enfants, elle lui trouve un travail à la blanchisserie de la clinique de son mari, elle va chercher les enfants à l’école, elle se confie à elle. Mais cette amitié improbable va être menacée quand l’entourage de Mina va reprendre contact avec elle, pour une histoire de dette et de montres volées lors du braquage de son mari…
Septième film
« Je n’avais jamais réalisé un film aussi ténu, psychologique et féminin. Une maison, deux femmes qui discutent, un arrière-plan social, presque pas d’extérieurs, pas de grands horizons… », explique la réalisatrice, Patricia Mazuy, 64 ans, dont c’est le 7e film.
Elle s’était fait connaître en 1989 avec son premier film « Peaux de vaches », avec Sandrine Bonnaire, mais ses films suivants, après plusieurs téléfilms, ont rarement tenu leurs promesses et n’ont jamais conquis le grand public.
Portrait croisé
Même chose sans doute pour cette « PRISONNIÈRE DE BORDEAUX », qui offre un regard social intéressant dans le portrait croisé de ces deux femmes différentes mais peine à captiver, même dans les séquences à suspense un peu postiches de la deuxième partie du film. Celui-ci tire son intérêt des deux interprètes principales qui, coïncidence, partageaient déjà l’affiche récemment du dernier film d’André Téchiné, « LES GENS D’À CÔTÉ », sorti le 10 juillet dernier.
Leur relation amicale, quoiqu’un peu incongrue, donne un peu d’épaisseur émotionnelle à cette histoire et son épilogue, comme en convient Patricia Mazuy: « C’est la première fois qu’avec un de mes films, sans verser dans le sentimentalisme, j’ai cherché à travailler l’émotion comme une matière. Explorer la douceur. Je n’avais jamais fait ça, et c’est grâce à Isabelle et Hafsia qu’on a creusé ce champ-là ».
Jean-Michel Comte
LA PHRASE : « C’est épuisant de mentir, c’est trop de travail » (Isabelle Huppert, qui a honte que son mari soit en prison).
- A voir : « La Prisonnière de Bordeaux » (France, 1h48). Réalisation: Patricia Mazuy. Avec Isabelle Huppert, Hafsia Herzi, Noor Elsari (Sortie 28 août 2024)
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