rendez-vous a tokyo
"Rendez-vous à Tokyo" : Yo, conductrice de taxi (Sairi Ito), et Teruo (Sosuke Ikematsu), danseur professionnel, se sont rencontrés un 26 juillet (©Art House/Just Remembering Film Partners).

Sortie cinéma. « Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve ». C’est à cette superbe chanson de Jane Birkin que fait (un peu) penser le film japonais « RENDEZ-VOUS À TOKYO », histoire d’amour contrariée d’un jeune couple, qui sort sur les écrans français ce mercredi 26 juillet.


« Rendez-vous à Tokyo » est le sixième film que réalise Daigo Matsui, mais le premier distribué en France


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« Rendez-vous à Tokyo » : affiche du sixième film de Daigo Matsui (JUST REMEMBERING FILM PARTNERS)

Et cela tombe bien: c’est autour de cette date du 26 juillet que tourne l’histoire du film. Des 26 juillet qui se suivent et ne se ressemblent pas… C’est le jour où Teruo (Sosuke Ikematsu), danseur professionnel, et Yo (Sairi Ito), conductrice de taxi, se sont rencontrés, celui où ils se sont aimés, celui où ils se sont séparés.

À l’envers

Le 26 juillet est aussi le jour de l’anniversaire de Teruo qui, ce jour-là, à la première de son spectacle, rencontre Yo, venue en spectatrice. Sept 26 juillet vont s’écouler au cours de leur histoire d’amour à Tokyo…

Mais dans le film ils défilent à l’envers. C’est par le lundi 26 juillet 2021 que commence la narration de l’histoire, à Tokyo, sous la pluie, pendant les Jeux olympiques décalés d’une année à cause du Covid. Les gens portent des masques. Yo conduit son taxi, Teruo est devenu éclairagiste après une blessure au pied.

Processus narratif

Tous deux sont séparés. Ils auront vécu presque six années en couple. Six années jalonnées par les 26 juillet qui se sont succédé, mais racontés à rebours: après une certaine perplexité au début, le spectateur comprend vite le processus narratif inversé choisi par le jeune réalisateur, Daigo Matsui, 37 ans.

« En racontant une histoire d’amour de manière linéaire, de la rencontre à la rupture, je craignais qu’elle soit un peu médiocre ou qu’on ait l’impression de l’avoir déjà vu mille fois. Et si j’en étais resté à une chronologie classique, le film se serait terminé un peu tristement, avec la rupture », explique-t-il.

Les hauts et les bas d’un jeune couple

Et d’ajouter: « C’était aussi une manière de déplacer les attentes du spectateur. Finalement en évacuant assez vite la question du suspense «que va-t-il se passer entre eux?», on peut regarder cette histoire de manière plus ouverte, curieuse, et cela amène d’autres réflexions que la seule anticipation ».

Reproches, disputes, complicité, instants de bonheur simple, fous-rires, soirées tranquilles, confidences et mots d’amour, incompréhension, routine, séparation: ce sont tous les hauts et les bas d’un jeune couple. Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve…

Sixième film

« J’aime toutes les versions de toi », dit Yo à Teruo au plus fort de leur relation, car il semble moins amoureux et plus changeant qu’elle. Mais l’une des plus jolies scènes du film est la déclaration d’amour qu’il lui fait, à elle, tous deux à l’arrière d’un taxi.



C’est le sixième film que réalise Daigo Matsui mais le premier distribué en France. Le jeune réalisateur filme avec douceur le Tokyo d’aujourd’hui, avec de nombreuses scènes nocturnes (il vénère le film « NIGHT ON EARTH » de Jim Jarmusch, 1990), et cette romance douce-amère à rebours, qui déborde de charme, est ainsi l’occasion de jolis à-côté et personnages secondaires: clients du taxi de Yo, collègues danseurs de Teruo, sans-abri, jeunes, passants, fêtards.

Un homme sur un banc

Il y a les réflexions d’un vieux patron de bar homosexuel, philosophe et confident: « Ce qui relie les gens, ce sont les sentiments ou les pensées. Et tout s’écroule dès que tu les mets en mots ». Et puis, émouvant, un homme qui attend sa femme, seul sur un banc, qu’on voit à intervalles réguliers.

On voit défiler ces six années de vie quotidienne du couple en remarquant certains détails qui changent: leurs vêtements, leurs chambres, leur quartier, leurs amis, leur chat… Il y a des éléments disséminés dans la première partie du film que l’on ne peut comprendre que dans un second temps, en remontant dans la chronologie de l’histoire.

« J’ai essayé de rendre le film compréhensible dès le premier visionnage, mais également de donner la possibilité de le redécouvrir au deuxième. Il faut donc peut-être le regarder deux fois, en prêtant une attention particulière au début pour donner plus de sens à ce que l’on y voit », dit le réalisateur. Et pourquoi pas sept fois, tant qu’on y est?…

Jean-Michel Comte

LA PHRASE : « C’est un miracle d’avoir quelqu’un à attendre » (l’homme seul sur son banc, qui attend sa femme).


  • A voir : « RENDEZ-VOUS À TOKYO » (« Just Remembering ») (Japon, 1h55) Réalisation: Daigo Matsui. Avec Sosuke Ikematsu, Sairi Ito, Yumi Kawai (Sortie le 26 juillet 2023)

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