yves saint laurent formes
"Yves Saint Laurent. Formes" : Le couturier entouré de Laetitia Casta et Catherine Deneuve et de ses mannequins lors de son dernier défilé haute couture, le 22 janvier 2002 au centre Georges Pompidou, à Paris. (JEAN-PIERRE MULLER / AFP)

Exposition « Yves Saint Laurent. Formes ». Il fut l’un des plus grands couturiers du XXe siècle. Il a bousculé la mode et la haute couture comme peu auparavant. Dans le musée parisien tout à lui consacré, une exposition montre une œuvre toute aussi minimaliste qu’épurée et franche en couleurs. C’est « Yves Saint Laurent. Formes », et on y court !


« Yves Saint Laurent. Formes » : l’exposition de l’indémodable géométrie avec une quarantaine de tenues et de nombreux accessoires, bijoux et croquis


yves saint laurent formes
« Yves Saint Laurent. Formes » : Gurmitt Kaur Campbell et Yves Saint Laurent dans les coulisses du défilé SAINT LAURENT rive gauche automne – hiver 1988. © Yves Saint Laurent © François-Marie Banier

Au tout début, il y eut le « Traité d’architecture » de l’Américain Louis H. Sullivan (1856- 1924), influencé par le tenu pour le père des gratte-ciel et du modernisme. L’architecte y assurait que « la forme suit la fonction ».

Autrement dit, la forme est au service de la fonction- un axiome qui a grandement influencé un mouvement architectural comme le Bauhaus mais aussi, de façon constante, l’œuvre d’Yves Saint Laurent (1936- 2008). Ce que montre, ce que rappelle la présente exposition « Yves Saint Laurent. Formes » dans son beau musée parisien.

Après « Gold », la précédente expo qui mettait en lumière le solaire et le glamour de l’œuvre du couturier et a attiré 130 000 visiteurs en cinq mois, voici donc « Formes », l’exposition de l’indémodable géométrie avec une quarantaine de tenues et de nombreux accessoires, bijoux et croquis.

Présentée par Elsa Janssen, directrice du Musée Yves Saint Laurent Paris et superviseuse du catalogue « Yves Saint Laurent. L’art de la forme », elle magnifie « le plaisir de dévoiler le créateur abstrait, moderne, radical, qu’il était aussi. Yves Saint Laurent n’a pas fini de nous surprendre. Partir à la rencontre de ce qu’il appelait poétiquement ses « fantômes esthétiques », c’est l’assurance de mettre au jour aussi dans son travail de multiples correspondances avec l’histoire moderne de l’art et des formes ». Et Elsa Janssen, d’ajouter : « Yves Saint Laurent est un homme de contrastes. Classique et moderne, baroque et minimal, coloriste et maître du noir, son œuvre recèle d’infinies possibilités de lecture ».

De son côté, Madison Cox, président de la Fondation Pierre Bergé- Yves Saint Laurent, espère que les visiteurs « vont comprendre l’ampleur du travail de cet homme, dont la carrière s’est étendue sur quarante ans, et qu’ils percevront la vibrance et le modernisme qu’il incarne. Et qu’ils apprécieront son caractère contemporain. Cette exposition montre l’intégrité d’un homme dont le travail a des fils conducteurs qui relient tout ce qu’il a fait. Les formes et les volumes font partie de ces fils rouges. Il jouait en permanence avec les proportions. Comme un architecte concevant des structures, Yves construisait des vêtements avec des tissus ».

En déambulant dans les salles du Musée Yves Saint Laurent, on découvre et admire une exposition thématique en quatre chapitres « dans laquelle nous essayons de présenter l’entièreté de la carrière d’Yves Saint Laurent, de ses débuts à la fin des années 1950 jusqu’à la fin de sa carrière en janvier 2002, quand il a fermé sa maison de couture », selon les mots de la conservatrice responsable des collections du Musée.



yves saint laurent formes
« Yves Saint Laurent. Formes » : Tailleur, chapeau et gants Collection haute couture automne-hiver 1966 © Yves Saint Laurent © Matthieu Lavanchy

Dès ses débuts dans la maison Christian Dior dans les années 1950, Saint Laurent imagine avec la ligne « Trapèze » des tenues légères, tenues par les épaules et non pas comme jusqu’alors par la taille.

Pointe déjà son goût pour le dépouillement et des réalisations aussi discrètes que rigoureuses. Saint Laurent, avec la simplicité de la coupe, la rigueur des lignes et la franchise des couleurs, ce sera une silhouette verticale, essentielle et libérée de laquelle tout superflu est rejeté. Saint Laurent c’est et ce sera l’obsession de tendre encore et toujours vers la pureté de la construction.

Dès la première salle de l’expo « Yves Saint Laurent. Formes », on se rappelle les mots de Madison Cox : « Vous verrez que certains looks sont pratiquement impossibles à dater. Même si la mode évolue constamment, il a gardé une ligne de continuité. J’aimerais que la jeune génération découvre Yves Saint Laurent et s’en inspire… »

Ainsi, des tenues monochromes- on est dans les mêmes tonalités, « on a choisi des pièces monochromes car justement c’est la coupe et la matière qui donnent la forme de ces modèles », précise Serena Bucalo-Mussely, responsable des collections du Musée Yves Saint Laurent Paris.

En face, cinq combinaisons dont le jumpsuit, cette combinaison des aviateurs et des spationautes, transformé en un ensemble d’une seule couleur aux lignes aussi simples que fluides et qui deviendra dans les dernières années 1960 un classique de l’esthétique « chic décontracté ». Aussi, dans cette salle dans deux niches, des chapeaux…

Dans les autres salles, des formes et des couleurs. Là, du rouge ; ici, du noir et blanc… Facilement, on voit les influences de Paul Klee (1879-1940), de Piet Mondrian (1872-1944)- le pionnier de l’abstraction, ou encore le trait de Henri Matisse (1869-1954)… Encore Serena Bucalo-Mussely : « C’est par la couleur que la forme se construit. Nous sommes ici sur des modèles très épurés, très linéaires des années 1950 aux années 1990 ».

yves saint laurent formes
« Yves Saint Laurent. Formes » : une exposition à voir jusqu’au 14 janvier 2024 dans le musée parisien consacré au couturier

Des robes courtes et droites, rigueur de la coupe, fantaisie des couleurs pour des constructions nouvelles, la diversité des formes. L’œuvre du couturier, à travers la présente exposition parisienne, pourrait être résumée en trois grandes thématiques : minimalisme, couleurs, et noir et blanc.

Mais surtout, à travers « Yves Saint Laurent. Formes », on songe aussi aux mots du couturier : « Mon but c’est d’épurer au maximum, comme un peintre épure au maximum pour arriver à la perfection de son style, ou comme un écrivain remet tout en question. En fait, je remets tout en question à chaque collection »… Et c’est ainsi qu’Yves Saint Laurent a été et sera encore et encore grand !

Serge Bressan


  • A voir : « Yves Saint Laurent. Formes » Exposition au Musée Yves Saint Laurent Paris. 5 avenue Marceau. 75016 Paris. 00 33 1 44 31 64 00. Jusqu’au 14 janvier 2024.
  • A lire « Yves Saint Laurent. L’art de la forme ». Collectif sous la direction d’Elsa Janssen. Flammarion, 192 pages, 39 €uros.

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

Laissez un commentaires
Merci d'entrer votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.