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"Dämon. El funeral de Bergman" ; Angélica Liddell © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon

Théâtre. Angélica Liddell est une metteuse en scène espagnole très célèbre dans son pays. Le directeur du Festival d’Avignon Tiago Rodrigues a mis la langue espagnole à l’honneur cette année. Il était donc assez logique d’y inviter cette artiste, dont la pièce « Dämon, El funeral de Bergman » a été présentée dans la cour d’honneur du Palais des Papes.


« Dämon. El funeral de Bergman » : la vieillesse est le sujet majeur de ce spectacle, avec un regard qu’il est toutefois difficile de décrypter


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« Dämon. El funeral de Bergman »; Festival d’Avignon. Texte, mise en scene, scenographie et costumes Angélica Liddell (c) Christophe Raynaud de Lage

Le spectacle dure deux heures et il trouve son origine, annonçait-on, dans la grande admiration d’Angélica Liddell pour le grand cinéaste Ingmar Bergman. Il est difficile de retrouver ce thème dans les premières parties de « Dämon. El funeral de Bergman » dont la première heure prend la forme d’un monologue.

L’immensité de la scène du Palais des Papes était-elle vraiment le lieu le plus adéquat pour ce long seul en scène ? La metteuse en scène est aussi une actrice et elle sait donc donner à son discours la force qui s’impose dans un tel décor.

La deuxième heure donne à Angélica Liddell l’occasion d’exploiter pleinement tout l’espace scénique avec de nombreux acteurs et figurants dont la plupart sont d’un âge très avancé, et, jeunes ou vieux, très souvent dans une totale nudité. On comprend que la vieillesse est le sujet majeur de ce spectacle avec un regard qu’il est toutefois difficile de décrypter.

Le spectacle prend alors une tournure qui n’aurait certainement pas déplu aux surréalistes. Les gestes sont provocateurs : un homme qui se masturbe sur scène, Angelica masturbant elle-même un pape (cohérent bien sûr à Avignon) ou d’autres hommes qui nous font admirer leurs fesses. Il est vrai que notre performeuse, dans les tous premiers moments du spectacle, s’était elle-même lavé le sexe dans un bidet au milieu de la scène.



Jeunes et vieux occupent pleinement tout l’espace, les seniors souvent installés dans leurs fauteuils roulants. Difficile de percevoir vraiment le sens de tous ces mouvements mais on peut y trouver un certain plaisir si on ne cherche pas trop la signification profonde de cette mise en scène.

L’accompagnement musical très puissant et contemporain change complètement de registre dans une des scènes finales où apparaît enfin cette évocation de l’enterrement d’Ingmar Bergman qui donne sont titre à la pièce. Abandonnant un instant toute provocation, Angélina Liddell nous offre alors un moment surprenant d’une très respectueuse religiosité.

Mais soyons prudents : Angélica Liddell déteste les critiques et n’hésite pas à les dénoncer grossièrement et nommément dans son monologue initial. On pourrait donc conclure que c’est un spectacle décapant qui enthousiasmera sûrement les surréalistes du XXIème siècle et ils sont manifestement nombreux car la majeure partie du public a paru admirer ce spectacle.

Yves Le Pape

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