« Le mystère Cléopâtre » : pourquoi la reine d’Égypte fascine encore

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"Le Mystère Cléopâtre" : une exposition qui met en lumière les mille visages de la dernière reine d'Égypte. Alexandre Cabanel, Cléopâtre essayant des poisons sur des condamnés à mort, 1883, huile sur toile, Paris, Galerie Michel Descours/DR

Exposition/« Le mystère Cléopâtre ». Jusqu’au 11 janvier 2026, l’Institut du Monde Arabe propose une exposition fascinante autour d’une figure aussi historique que mythique : Cléopâtre VII, dernière reine d’Égypte. À travers plus de 350 œuvres venues de grandes collections internationales — sculptures antiques, bijoux, papyrus, tableaux, costumes de cinéma ou projections multimédia — « Le Mystère Cléopâtre » interroge la construction d’un mythe féminin universel, entre pouvoir, propagande et fantasme.

« Le mystère Cléopâtre » : affiche de l’exposition à voir jusqu’au 11 janvier 2026 à l’Institut du Monde Arabe, à Paris

Parfois, une exposition ne se contente pas de nous montrer des œuvres. Elle nous regarde. Elle nous interroge. Et surtout, elle nous touche. C’est le cas de « Le Mystère Cléopâtre », présentée à l’Institut du Monde Arabe à Paris jusqu’au 11 janvier 2026. Une plongée vertigineuse dans les mille visages d’une femme dont l’histoire, deux mille ans après sa mort, continue de se réinventer.

Cléopâtre, au-delà du cliché

Il est difficile de parler de Cléopâtre sans convoquer d’emblée les images qui nous hantent depuis l’enfance : le trait de khôl, les drapés dorés, les regards incendiaires d’Elizabeth Taylor. Et pourtant, derrière le costume de star, il y a une femme – une vraie. L’exposition commence par là, par ce que l’on sait réellement d’elle : quelques pièces de monnaie à son effigie, quelques papyrus où son nom apparaît peut-être de sa main. Peu, très peu. Et pourtant, déjà beaucoup. Car ces objets rares disent une chose essentielle : Cléopâtre a existé, et elle fut tout sauf un fantasme.



Elle fut reine. Stratège. Réformatrice. Elle a gouverné un empire au bord du précipice, joué la carte romaine avec une audace incroyable, imposé la paix à son peuple pendant deux décennies. Cette Cléopâtre-là n’a rien d’une séductrice passive : c’est une femme d’action, une femme de tête. Et c’est peut-être pour cela qu’elle dérange encore.

Une femme, mille reflets

L’exposition déroule ensuite ce qui relève presque du roman : la manière dont le mythe s’est forgé, déformé, multiplié, au fil des siècles. Les Romains l’ont diabolisée – il fallait bien justifier sa défaite. Les poètes, peintres, sculpteurs et dramaturges européens l’ont tour à tour rêvée en Ève déchue, en Vénus orientale, en héroïne tragique. Plus tard, le cinéma s’en empare. Et Cléopâtre devient spectacle.

Chaque époque a projeté sur elle ses propres obsessions. À travers des œuvres somptueuses – peintures, bijoux, costumes, gravures, affiches de films –, l’exposition tisse un récit d’images où Cléopâtre est à la fois le sujet et le miroir de nos imaginaires. On la regarde, mais elle nous regarde aussi.

Pourquoi y aller ? Pour se laisser surprendre

On sort de l’exposition avec une forme de vertige. Parce qu’on y touche du doigt quelque chose de rare : la construction d’un mythe au féminin, une icône avec tout ce que cela implique de désir, de peur, de pouvoir et de projections. Ce que l’on appelle « mystère Cléopâtre », ce n’est pas seulement ce que l’on ignore d’elle – c’est surtout ce que nous avons voulu voir à sa place.

Victor Hache

  • Exposition « Le Mystère Cléopâtre ». Jusqu’au 11 janvier 2026 à l’Institut du Monde Arabe. 1, rue des Fossés Saint-Bernard, Place Mohammed V, 75236 Paris 5e.

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Victor Hache