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"Mon frère c'est Dieu sur Terre": Thomas Fersen au Théâtre de l’Athénée Louis-Jouvet, à Paris (c) . CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE

Théâtre/Chanson. Depuis trente ans, il chante les ronds de carottes ou le pavillon des fous et propose d’aller au paradis. Cette année, la soixantaine venue, Thomas Fersen a publié son premier roman. Avec lequel il fait une scène « Mon frère c’est Dieu sur Terre », où invitant en son pays fantastique, il en dit des extraits et y mêle quelques-unes de ses chansons. On y court, encore et encore !


« Mon frère c’est Dieu sur Terre » : un spectacle de Thomas Fersen reprenant de longs passages de son récent, premier et enthousiasmant roman on octosyllabes allègrement titré « Dieu sur Terre »


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« Mon frère c’est Dieu sur Terre »: Thomas Fersen (c) Térèze Wysocki

Une scène plongée dans la pénombre. Penché vers l’avant, de sa main, il tourne l’eau dans une bassine orange. Belle voix grave, légèrement éraillée : « Le bassin est en L, le grand bain est mal éclairé, l’accès au plongeoir est barré depuis un accident mortel, ce qu’un copain nous raconte… » Plus tard, s’accompagnant au ukulélé, le même chantera : « Dans ma vie de hibou / pour tes beaux yeux Bijou / mon cœur fait le Jacques… »

Avec violoniste, guitariste et accordéoniste, il dira aussi : « Hôtel meublé de six étages / assis sur un petit café sur lequel il a l’avantage / parfois je reçois des bouffées, des bribes de musique orientale / c’est du petit café qu’elle sort, pareil au chat lorsqu’il détale / et que quelqu’un ouvre la porte… »

Il y a, décor minimaliste, une grosse boule (pour le disco à facettes, ou pendant au bout du bras d’une grue pour démolir les vieilles maisons), un fauteuil rouge de salon de coiffure, un tabouret-escabeau, un ukulélé posé dans un coin- délicieux bric-à-brac… En piste depuis maintenant trente ans et « Le Bal des oiseaux »– un premier album dont la pochette était signée Robert Doisneau, Thomas Fersen, 60 ans depuis le 4 janvier dernier, nous fait une scène- et quelle scène !



Entre one-man-show, théâtre et tour de chant… c’est « Mon frère c’est Dieu sur Terre », un spectacle reprenant de longs passages de son récent, premier et enthousiasmant roman on octosyllabes allègrement titré « Dieu sur Terre » et entrecoupé de quelques chansons éternelles de son répertoire en onze albums- avec des ronds de carottes, une pièce montée des grands jours, un pavillon des fous pour faire trois petits tours avant d’aller au paradis… La belle invitation au pays fantastique de Thomas Fersen !

Dans une note d’intention présentant « Mon frère c’est Dieu sur Terre », Thomas Fersen annonce : « Je me suis amusé à inventer le journal intime de mon personnage, l’indécrottable adolescent nonchalant et paresseux caché derrière sa frange, qui déambule dans mes albums depuis trente ans. (…) Autour de ce délirant journal, j’ai imaginé un spectacle, un long monologue parlé et chanté, où des extraits du livre viennent donner un éclairage inédit à mes chansons les plus connues et significatives… »

Il dit également : « En rassemblant les monologues en vers de mon cru, entre contes et fables, farces et poèmes qui ont nourri mes spectacles ces dernières années, l’idée m’est venue d’en inventer un nouveau… » Et nous voilà, spectateurs d’un jour et de toujours embarqués dans le Paris des années 1960-1980, quartiers Ménilmontant et Pigalle. Rue Julien-Lacroix, quartier Belleville, Paris 20ème… Métro aérien, Barbès. Lycée Jacques-Decour… Un peu plus, Pigalle, les jeunes femmes avenantes et les dames d’amour et les magasins de guitare électrique. Ah ! l’ado qui veut tout connaître de l’art de jouer de la guitare électrique « parce que c’est le meilleur moyen pour attraper les gonzesses ! »

Avec Thomas Fersen, acteur essentiel de la chanson française, c’est le voyage dans l’enfance malicieuse. Ce temps de vie où se croisent, se côtoient les parents, les amis, l’amoureuse prénommée Sabine et bien sûr le grand frère. « Mon frère, à la maison, mon frère, c’est Dieu sur Terre. / Il a toujours raison, on n’a plus qu’à se taire / Tout ça parce que Monsieur a eu les amygdales moi je sais qu’il va mieux / Ses vieilles paires de sandales, ses vieilles paires de bottines, ses pompes à l’agonie, c’est moi qui les termine. (…) Le matin, on lui porte son déjeuner au lit bien qu’il soit rétabli depuis plusieurs semaines il est convalescent, faut pas qu’il se surmène / En y réfléchissant, ce genre de scarlatine doit être contagieux moi aussi, mes tartines, j’veux qu’on m’les porte au pieu »…

Ah ! le grand frère, lui c’est un artiste… D’ailleurs, ses mains d’artiste, il doit les préserver ! Qualifié de « ménestrel des temps modernes » par un plumitif sans grande imagination et au talent ceintré, Fersen est le guide le plus élégant pour un voyage dans le monde de l’enfance malicieuse, un dandy un peu maudit en veste rouge. Et « Mon frère c’est Dieu sur Terre » est un rêve délicatement poétique dans lequel, espère le chanteur-musicien-écrivain, « le spectateur est invité à rêver à son tour ». Une invitation que l’on ne refuse à aucun prix !

Serge Bressan

  • A voir : « Mon frère c’est Dieu sur Terre ». Auteur, musique et interprète : Thomas Fersen. Mise en scène : Jessica Dalle & Benjamin Lazar. Musiciens : Cécile Bourcier (violon), Maryll Abbas (accordéon) et, en alternance, Pierre Sangra ou Pavel Guerchovitch (guitare)

Création lumières : Jimmy Boury

Régie générale : Baudouin Claessens

Régie son : François Gueurce

Costumière : Pauline Juille

Durée : 1h15.

Dates et lieux des représentations

Théâtre de l’Athénée- Louis-Jouvet. 2-4 square de l’Opéra 75 009 Paris. Tél. : 01 53 05 19 19 www.athenee-theatre.com. Jusqu’au 4 mars 2023. 20h.

Tournée 

Thaon les Vosges, La Rotonde (3 mars) ; Bourg-en-Bresse, Théâtre National (9 et 10 mars) ; Sérignan, La Cigalière (11 mars) ; Brioude, La Halle aux Grains (18 mars) ; Caluire, Radiant-Bellevue (21 mars) ; Cancale, L’Amérance (25 mars) ; Yvetot, Le Viking (31 mars) ; Bouguenais, Piano’cktail (1er avril) ; Tréguier, Théâtre de l’Arche (15 avril) ; Sélestat, Festival en mai… (23 mai).

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