Oscar Wilde : l’enfant flamboyant de Dublin célébré dans sa ville natale
Par
Victor Hache
Monument à Oscar Wilde, poète visionnaire et dandy irrévérencieux. Merrion Square, Dublin
Les voyages de We Culte. À l’occasion du 125ᵉ anniversaire de la disparition d’Oscar Wilde, Dublin se pare des couleurs de son enfant le plus flamboyant. Expositions, projections, visites guidées et festival thématique offrent un voyage à travers la ville et les lieux intimes de l’écrivain. De Merrion Square à la Marsh’s Library, du Trinity College au Museum of Literature Ireland, c’est tout un itinéraire poétique qui s’ouvre aux visiteurs, à la rencontre d’un esprit libre dont les mots résonnent encore avec éclat.
Oscar Wilde : Dublin célèbre l’héritage de l’écrivain, 125 ans après sa disparition
Oscar Wilde, portrait 1882 /Pixabay
« Vivre est la chose la plus rare au monde. La plupart des gens se contentent d’exister. »(Oscar Wilde)
Il y a cent vingt-cinq ans disparaissait Oscar Wilde, dandy irrévérencieux, poète visionnaire et dramaturge au verbe étincelant. Cet automne, Dublin se fait écrin pour célébrer l’enfant du pays, en multipliant festivals, projections et expositions qui racontent autant l’œuvre que la vie de celui qui fit du paradoxe un art et de l’esprit une arme.
À Merrion Square, la promenade commence. La statue de Wilde, éclatante de jade et de granit, repose dans une posture nonchalante, presque complice. Autour d’elle, des pierres gravées rappellent la vivacité de ses aphorismes, capables de toucher autant les lecteurs aguerris que les passants distraits.
« Nous sommes tous dans le caniveau, mais certains d’entre nous regardent les étoiles. »(Oscar Wilde)
Juste en face, derrière les hautes fenêtres du 1 Merrion Square, sa maison d’enfance invite à pénétrer dans l’univers où il grandit, entouré d’art et de poésie. Chaque pièce semble porter l’écho de sa fantaisie et de ses révoltes.
De là, les pas mènent vers le Trinity College. C’est ici que Wilde étudia les lettres classiques, nourrissant son goût pour l’Antiquité et les figures de la mythologie. Les visites guidées évoquent souvent l’étudiant excentrique qui déambulait dans la cour pavée, déjà fasciné par la beauté et la provocation.
« La vérité pure et simple est rarement pure et jamais simple. »(Oscar Wilde)
Un peu plus loin, la Marsh’s Library attend les curieux. Ses boiseries sombres, ses rayonnages inchangés depuis trois siècles offrent une atmosphère hors du temps. Wilde venait y lire, et cette année, une exposition consacrée à sa mémoire invite à retrouver l’ombre du jeune homme plongé dans ses lectures.
Le voyage continue vers Westland Row, sa maison natale, exceptionnellement ouverte au public. Là encore, l’intimité de la vie familiale se dévoile, entre souvenirs d’enfance et premières inspirations. Non loin, le Museum of Literature Ireland (MoLI) réinvente son héritage à travers De Profundis, l’installation poignante qui fait entendre les mots qu’il écrivit depuis sa prison : un témoignage d’amour et de douleur qui résonne aujourd’hui comme une déclaration universelle de liberté.
« L’âme est née vieille et devient jeune : voilà la comédie de la vie. Le corps est né jeune et devient vieux : voilà la tragédie. »(Oscar Wilde)
Et puis, il y a les salles de cinéma qui rouvrent ses textes à de nouveaux regards : au Light House Cinema, Le Portrait de Dorian Gray (1945) ; au Stella Cinema, L’Importance d’être Constant (1952), projetée dans son éclat originel. Le festival Oscariana, organisé chaque mois d’octobre, parachève cette célébration en offrant pièces et lectures dans des lieux intimement liés à sa famille, comme le Speranza Salon Room, où l’esprit de sa mère semble encore veiller.
À travers Dublin, la présence de Wilde se lit comme une carte secrète : Merrion Square pour l’enfance, Trinity College pour l’éveil, Marsh’s Library pour la lecture, Westland Row pour les racines, le MoLI pour l’héritage. Un itinéraire poétique qui raconte une vie faite de lumière et d’ombre, de gloire et de chute, mais toujours portée par un amour irrépressible de la beauté.
« Il n’y a qu’une seule chose au monde pire que d’être l’objet de conversations, c’est de n’être l’objet d’aucune conversation. »(Oscar Wilde)
Oscar Wilde disait : « Nous sommes tous dans le caniveau, mais certains d’entre nous regardent les étoiles. »Dublin, en ce 125ᵉ anniversaire, invite chacun à lever les yeux vers ce ciel constellé de mots, et à suivre les traces d’un écrivain qui n’a jamais cessé d’illuminer l’imaginaire. Ses œuvres, comme la mémoire de cet esprit libre, amoureux de la beauté, donnent envie d’y revenir encore et encore — comme une promenade infinie dans les rues de sa ville natale.