S+C+A+R+R
S+C+A+R+R, humanoïde hybride et anti-héros dansant

Interview. Rencontre avec Dan Levy, moitié de feu le groupe The Dø, producteur et multi-instrumentiste qui se cache derrière S+C+A+R+R, qu’il vit comme son « double » artistique confie-t-il. Personnage virtuel énigmatique et anti-héros dansant très attachant dont les vidéos enflamment les réseaux sociaux, il sera ce vendredi soir 25 juin sur la scène de l’Auditorium au Printemps de Bourges, pour un concert pop-électro plein de mystère.  

S+C+A+R+R
S+C+A+R+R, humanoïde hybride et anti-héros dansant

Il fallait que l’on perce le mystère. Alors, on rencontré le papa de S+C+A+R+R, ce personnage virtuel, mystérieux et dansant aux contours futuristes, né de la folle imagination de Dan Levy. Moitié de feu le groupe pop The Dø, musicien multi-instrumentiste césarisé en 2020 pour la B.O du film «J’ai perdu mon corps», il rêvait d’une autre aventure musicale. Il s’est mis ainsi à composer des musiques électroniques, sur lesquelles on pourrait danser comme des fous. Un projet né quelques mois avant notre enfermement planétaire, qui a pris son envol au moment du premier confinement.

S+C+A+R+R, personnage aux lignes enveloppées, est apparu sur les écrans, dansant avec souplesse dans une grande pièce aux murs nus, sur fond de pop synthétique. Il n’en fallait pas plus pour enflammer les réseaux sociaux à travers le monde. Trois clips, un EP «Cross out» porté par l’imparable titre «The rest of my days» et des millions de streams plus tard, S+C+A+R+R s’est rapidement fait un nom.

Avec son look rassurant, il semblait nous inviter à danser et à vivre pour oublier la morosité du quotidien. Dan Levy a réussi son pari avec cette créature à la voix « vocodée » envoûtante, qu’il vit comme son « ombre » et son « double » artistique, nous confie-t-il. Humanoïde hybride et anti-héros attachant, après un premier concert à la Gaîté Lyrique, à Paris, il va prendre corps ce soir sur la scène de l’Auditorium du Printemps de Bourges. Un show teinté de mystère très attendu, qui ne manquera pas d’ajouter à l’excitation de découvrir son univers aussi original que singulier.

S+C+A+R+R
Dan Levy avec son double mystérieux, S+C+A+R+R (dans l’ombre)

D’où vient le nom « S+C+A+R+R », que vous portez en tatouage sur l’avant-bras ?  

Dan Levy : C’est le nom de ma mère qui s’appelle «Scarr» et qui est anglaise. Je trouvais ça assez fou de s’appeler « cicatrice » (rires). Pour aller plus loin, il y avait aussi l’idée d’enfanter un personnage, qui fait peut-être le lien avec le fait d’avoir pris le nom de ma mère.

On sait peu de chose sur lui. Comment est né ce projet un peu fou, qui enflamme et fait danser les réseaux sociaux ?

Dan Levy : Il y a une objectivité qui est assez drôle, venant du personnage quand vous le créez. Finalement, c’est lui qui m’entraîne, qui choisit le chemin plutôt que moi. C’est ce que je voulais. Quand vous passez dix ans dans un groupe comme The Dø, c’est entièrement vous. C’est vous qui montez sur scène, on parle de vous avec la chanteuse…. A travers S+C+A+R+R, j’avais juste envie de dire « ce n’est pas moi », c’est quelqu’un, comme si on créait un personnage pour un film. Quand vous sortez plusieurs albums, comme avec The Dø, il y a un parallèle assez intéressant avec la série. A chaque fois, c’est une nouvelle saison et de nouvelles aventures. Là, j’avais besoin d’être guidé par un personnage qui parle à ma place, me dicte des choses et m’amène quelque part où je n’aurais pas eu l’idée d’aller. C’est une façon de prendre possession de la vie qui est totalement différente quand vous êtes  un autre.

Avec S+C+A+R+R et son univers électro, avez-vous l’impression de vous être complètement renouvelé musicalement par rapport à ce que vous proposiez avec The Dø ?

Dan Levy : « Renouvelé » n’est pas vraiment le mot. On reste dans un projet pop de chansons. Après, si je regarde mon travail au prisme de ce que je fais en cinéma, c’est totalement différent et je me renouvelle. Mais, si je vois les choses à travers ce que je fais avec la pop, je reste finalement dans une continuité dans ma façon de composer. En même temps, je me permets des choses nouvelles, comme cette voix très « vocodée », une voix hybride, comme l’est le personnage. C’est cela qui me plaisait, d’obtenir quelque chose de très humain dans l’émotion et de froid et de distancié par rapport à ce personnage qu’on ne peut pas approcher. C’est cela qui m’importait.



Vous préférez parler de projet pop, plutôt que d’électro ?

Dan Levy : C’est une discussion que j’avais au moment de The Dø. Tout est électro aujourd’hui, même si on peut avoir des chanteurs qui jouent à la guitare. Mais, toute la manière de faire de la musique reste dans l’électro, comme The Dø était dans la musique électronique dans le troisième album. 

S+C+A+R+R est un personnage virtuel énigmatique, dont les vidéos ont été vues des millions de fois. Comment expliquez-vous cet engouement ?

Dan Levy : Je crois que c’est dû à la période que nous venons traverser. Le projet est sorti au moment du premier confinement. Finalement, le voir danser seul dans une salle immense, c’était un truc dont tout le monde rêvait. Il y a quelque chose qui a fonctionné avec ce premier titre, qu’était le lien avec le fait d’être enfermé. Le monde entier était confiné et avait envie de s’extérioriser, à travers ce personnage qui prenait vie seul, en dansant. Il y avait aussi ce mouvement «dance alone» (danser seul), qui est né pendant cette période. Je pense que ça aussi, a été important dans ce rapport que les  gens ont eu avec ce personnage.


Dan Levy : «S+C+A+R+R, c’est mon double»


Vous dîtes “J’ai foi en S+C+A+R+R. Il fait partie de moi. Sa présence m’apaise”. Qu’aimez-vous de lui ?  

Dan Levy : C’est sûr que dès le moment où vous inventez quelque chose et que le personnage prend les devants et vous guide. Je me suis senti en confiance. J’avais besoin de ce moment où le trait d’union se fait entre moi et ce que j’étais. En fait, dans les trois clips qui sont sortis, le personnage avance et danse. C’est important dans le sens où j’avais besoin de quelque chose qui avance, ne reste pas sur place, avec cette trilogie qui finit avec la chanson « Never Give Up ». Il retombe sur ses pattes et j’ai besoin de ça aujourd’hui, comme beaucoup de gens. Il y a une empathie autour de lui parce que Scarr est un anti-héros. Je le vois sur les réseaux et sur Youtube, un personnage qu’on a envie de câliner, parce qu’il a l’air sympathique et un peu gauche (rires). C’est une sorte de réconfort.

C’est également un peu votre double, avec ce projet qui retrace votre vie, à travers la danse, la musique, le cinéma…

Dan Levy : Forcément, il y a un peu de soi dans les paroles. Encore une fois, c’est le personnage qui dicte les mots et la musique. Il y a un lien avec «The rest of my days » ou «I had to leave », je dois partir et je ne m’arrêterai jamais. C’est comme une ombre, mon double. Il y a ce rapport personnel entre moi et le personnage qui m’intéresse, comment se mélangent les choses, où je ne sais plus ce qu’il dit de vrai et moi, je ne sais plus s’il existe vraiment ou non, même s’il aujourd’hui il va apparaître sur scène. C’est très mystérieux, même pour moi.


 


S+C+A+R+R
S+C+A+R+R

Comment ça va se passer sur scène ?

Dan Levy : La scène, c’est un peu une nouvelle révélation puisque S+C+A+R+R est là (rires). C’est un peu comme si on passait de la bande dessinée au film. Le personnage était sur papier, maintenant il existe vraiment. Le show n’a pas lieu sans lui. Il sera présent et c’est ça qui est hyper excitant ! C’est mon projet, mon nouveau groupe et je serai sur scène aussi pour le défendre. Après, on partira en tournée. Il y a le Montreux Jazz festival, les Transmusicales…autant de concerts qui vont nous ouvrir des portes nouvelles.

Entretien réalisé par Victor Hache

#scarr

 

 

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