serge gainsbourg
Serge Gainsbourg

Interview. Michel Gondry, le réalisateur d’ « Eternal Sunshine of the Spotless Mind », qui a travaillé avec Daft Punk ou Björk, rend hommage à Serge Gainsbourg à l’occasion des 30 ans de sa mort, avec un beau clip d’animation inédit de «La chanson de Prévert», interprétée par le chanteur il y a 60 ans. Un moment de poésie aux accents mélancoliques sur lequel revient le cinéaste, dans un entretien accordé à nos confrères de l’AFP que nous reproduisons ici.

serge gainsbourg
Serge Gainsbourg

Michel Gondry, réalisateur d’« Eternal Sunshine of the Spotless Mind » et de nombreux clips pour Daft Punk, Les Rolling Stones, Massive Attack ou Björk, inaugure une série de rendez-vous entre cinéastes et l’œuvre de Serge Gainsbourg. Un projet initié par la maison de disques Universal à l’occasion des trente ans de sa mort, qui permet à Gondry de signer un beau clip d’animation rendant hommage à «La chanson de Prévert», écrite et interprétée par l’homme à «l’homme à la tête de chou», il y a 60 ans, clin d’œil à la célèbre chanson de Prévert et Kosma «Les feuilles mortes», succès d’Yves Montand. Un mini-film aux ambiances mélancoliques, sorte de «conte maléfique» où l’on suit une feuille morte qui transforme tout ce qu’elle touche, sur lequel revient le cinéaste dans une interview à l’AFP.

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Michel Gondry. (photo) Lionel Allorge

Comment est né ce clip ?

Michel Gondry :  On m’a proposé une quinzaine de chansons et j’ai pris celle-là tout de suite, c’est une de celles que je préfère de Gainsbourg. Il y a deux univers, celui de Prévert et celui de Gainsbourg, juxtaposés et en contraste. J’ai grandi avec le Gainsbourg qui parle (à la fin de sa carrière, ndlr) et j’ai découvert plus tard celui qui chantait. Cela lui a donné une complexité et un côté unique par rapport aux autres chanteurs. La qualité des paroles, c’est de la littérature, on est inspiré tout de suite.

Vous vous frottez aux monuments, Gainsbourg maintenant et Vian auparavant avec « L’écume des jours »

Michel Gondry : Il y a un lien, Vian avait pris sous son aile Gainsbourg. Cela met une très forte pression quand un artiste n’est plus en vie, on est exposé au reste du monde. Quand l’artiste est vivant, s’il aime sa vidéo, ça va, on a bien travaillé.

Avez-vous demandé l’avis de Charlotte Gainsbourg ?

Michel Gondry : Oui, bien sûr. C’était important que ce ne soit pas quelque chose qui la froisse. Je lui ai raconté l’idée, ça lui convenait et je lui ai montré le clip terminé avant tout le monde. Et là, elle n’a pas répondu pendant trois semaines… J’en ai fait une mini-dépression… Je me disais « elle n’aime pas ». C’était un problème d’ordi, ou je ne sais plus, elle a répondu, elle était contente. Tout va bien.

Comment est venue cette belle idée d’une feuille morte qui vole et change ce qu’elle touche ?

Michel Gondry : La feuille morte a ce côté naïf, mais c’est aussi une sorte de conte maléfique, l’amour fait accélérer le temps, laisse derrière lui des cendres d’une certaine manière. Je me suis dit « peut-être que la chanson n’est pas aussi triste que je le pense », mais il chante « Jour après jour les amours mortes/N’en finissent pas de mourir ».

C’est réalisé comment ?

Michel Gondry : J’utilise un smartphone. Je fais beaucoup de films pour ma fille comme ça: elle me donne les indications avec son prénom, « policière », « les chats voleurs », « le tigre ». Mais ce n’est pas raisonnable, je viens d’en terminer un avec un degré de sophistication… J’ai travaillé un mois, dix heures par jour… Stop ! Je vais essayer d’acheter une caméra ou un appareil photo plus performant.

Interview AFP/ Propos recueillis par Philippe Grelard

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