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Laetitia Casta sera le 30 janvier à Vannes, où elle jouera "Clara Haskil, prélude et fugue", autour de la vie de cette pianiste virtuose ©Shootpix/ABACA

Spectacles/Théâtre. Laetitia Casta sera à Scènes du Golfe (Vannes) mardi 6 décembre. Elle y jouera « Clara Haskil, prélude et fugue », une pièce créée au Théâtre du Rond Point à Paris, dans laquelle elle a triomphé où, seule sur les planches pour la première fois, elle évoque l’âme de la pianiste roumaine virtuose. L’occasion pour We Culte d’aller à la rencontre de l’actrice, qui nous parle du destin de cette immense musicienne injustement oubliée par l’histoire de la musique, de sa passion pour le cinéma et le théâtre, qui la fait vibrer.


Laetitia Casta : « J’ai besoin de liberté sur scène »


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Laetitia Casta sur scène dans « Clara Haskil, prélude et fugue » (photo) Edouard Elias

Laetitia Casta sera mardi 6 décembre au Palais des Arts de Scènes du Golfe, à Vannes (Morbihan). Elle y interprétera une pièce de Serge Kribus, mise en scène par Safy Nebbou. Seule sur les planches, accompagnée par la musicienne turque Isil Bengi, elle y évoque la vie de la pianiste roumaine virtuose, Clara Haskil.

Un spectacle où se marient avec bonheur mots et musique. «C’est comme un concert en live ! » confie celle qui a commencé par être mannequin, avant de devenir une comédienne reconnue au cinéma et au théâtre, grâce à son talent et à son jeu fait de profondeur et d’authenticité. Entretien.

Qu’incarne à vos yeux Clara Haskil, cette pianiste roumaine née en 1895, assez peu connue ?

Laetitia Casta : Elle est très connue des mordus de musique classique, mais peu du grand public. Mais c’est ça qui est merveilleux, c’est comme la faire revivre. Clara Haskil, c’est toute la question de la légitimité, du doute, d’une nature, de quelque chose de pur, brut. Elle avait une grande sensibilité, au-delà de ce qu’on sait d’elle, de l’enfant prodige. C’est surtout une sensibilité particulière. Il y a peu de choses sur elle, quelques photos, un documentaire sur sa vie, peu d’ enregistrements. Sur scène, on a 45 minutes du répertoire de Clara Haskil, durant toute la pièce. C’est comme un concert en live ! (rires).



Elle a eu une existence faite d’épreuves, dont elle s’est soignée avec le langage de sa musique. En quoi vous êtes-vous retrouvée dans ce destin ?

Laetitia Casta : Bien sûr, je n’ai pas vécu deux guerres, je ne suis pas juive, je n’ai pas une scoliose. Ce n’est pas un biopic. C’est plus un ressenti, une évocation de Clara Haskil. Je raconte son âme. Là, où je pense que c’est réussi, c’est que les gens en ressortant ont l’impression de la voir. C’est ça la force du théâtre. Je me suis reconnue dans sa sensibilité, dans le fait qu’elle a quitté sa famille très jeune, comme moi. Elle a eu un oncle, moi, j’ai eu un père qui s’est occupé de moi pour ma carrière. Je n’ai pas eu d’adolescence, comme elle. J’ai toujours travaillé, beaucoup travaillé (rires). J’ai été regardée un peu comme un mutant. J’ai été lancée dans un monde d’adulte, très tôt. Il y a le fait de rester nature et qu’on ne peut pas vous changer. Mais, c’est vrai que je n’ai pas vécu les tragédies qui lui sont propres. On n’est pas obligé de vivre les mêmes choses pour connaître quelqu’un. Et, je ne suis pas une enfant prodige, non plus, mais il y a beaucoup de points en commun.

Vous parlez de problèmes de doute et de légitimité. Etes-vous traversée par ces sentiments ?

Laetitia Casta : Plus aujourd’hui. Quand vous surpassez quelque chose, vous pouvez en parler. Mais, c’est vrai qu’on m’a bien faire ressentir que je n’étais pas faite pour le cinéma. J’ai dû me battre, me défendre pour vivre cette passion. Même dans le milieu de la mode, j’ai dû me battre, parce que je n’étais pas dans les normes. C’est difficile quand vous arrivez dans un endroit où vous n’avez rien demandé, on vous regarde d’une certaine manière, alors que vous avez juste envie d’être vous-même. C’est un truc contre lequel vous ne pouvez rien. Clara était hors norme, pas dans les cases imposées, surtout pour une femme à l’époque, ce qu’elle a accompli est incroyable. Aujourd’hui, je ne me pose plus la question. Je me suis détachée du regard des autres, sinon je n’aurais jamais fait du cinéma ou de la mode. On disait que j’étais trop petite, que je n’avais pas les mensurations. De plus, je ne voulais même pas être mannequin, ça m’est tombé dessus. Quand je suis arrivée, j’ai fait comprendre que j’étais moi et pas autre chose et j’ai continué par la suite dans le cinéma de cette façon. Mais cela a mis du temps et c’est d’ailleurs ce que raconte cette pièce. C’est l’authenticité qui est mise en avant.

Vous trouvez l’époque trop superficielle ?

Laetitia Casta : Ce n’est pas le mot, qui est un peu trop large. Disons, qu’on essaie de formater et puis derrière, il y a une censure et donc, on retourne en arrière. C’est terrible.

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« Clara Haskil, prélude et fugue » : une pièce de Serge Kribus, mise en scène par Safy Nebbou

Vous êtes seule en scène pour la première fois. Un exercice particulier, dont vous dites que c’est comme « un grand saut sans parachute ». Une impression de vertige quand vous êtes face au public ?

Laetitia Casta : Non, je n’ai plus le vertige quand je suis face au public. C’est le travail qui a été vertigineux. Mais quand le public est là, c’est formidable, même si être seule en scène n’est pas facile. Safy Nebbou m’a dit : « on va travailler d’une telle manière, je ne veux plus que tu aies peur ». On a travaillé dur pendant un an, parfois avec deux filages par jour, ce qui fait que j’arrive à maîtriser le trac. Mais sincèrement, c’est le bonheur que je trouve sur scène.



Plus qu’au cinéma ?

Leatitia Casta : Je n’ai pas encore trouvé ce bonheur-là au cinéma, parce que je suis quelqu’un qui a besoin de beaucoup de liberté et je trouve qu’on ne m’en a pas encore donné assez. Ce n’est pas le cas au théâtre. Ça vient de mon parcours particulier. C’est difficile de sortir d’une certaine vision qu’ont les gens. Parfois, c’est la fantaisie qui manque. J’ai toujours été vers des rôles, un cinéma qui me plaît. Mais, je sens que c’est en train de changer. Avec Clara Haskil, il s’est produit quelque chose d’important. C’est le plaisir. Certes, je dis plus souvent non que oui aux projets qu’on me propose, mais j’ai envie d’aller encore plus qu’avant chercher ce qui me correspond vraiment.

Vous avez été mannequin, vous êtes aujourd’hui une actrice reconnue, auriez-vous pu imaginer un tel parcours quand vous étiez sur les bancs de votre collège à Noisy-le-Grand (93) ?

Laetitia Casta : A douze ans, je savais que je ne voulais pas faire un métier de bureau. C’était impossible. Je voulais autre chose, sans savoir quoi. Je rêvais de partage, mais je ne savais pas comment le formaliser. Être mannequin à l’époque, ce n’était pas considéré comme un métier…

Vous dites à propos du mannequinat, que c’était un peu comme du cinéma muet…

Laetitia Casta : Oui, je l’ai vécu comme ça, intensément. Quand on est mannequin, on apprend à jouer avec les lumières, à connaître l’espace, votre corps aussi, c’est comme de la danse. J’ai appris beaucoup de choses avec le métier de mannequin et surtout la patience (rires).

Vous serez en tournée jusqu’au 27 février et allez démarrer le tournage du film « Le Bonheur c’est pour demain »…Quel rôle jouerez-vous ?

Laetitia Casta : C’est un film de Brigitte Sy. Je joue le rôle de Sylvie Paciotti qui a fait évader son compagnon de prison. Une histoire d’amour, une histoire vraie surtout. Elle s’est fait prendre et a fait quatre ans de prison. J’aime, dans mes rôles, aller chercher des choses qui sont un peu différentes de ce que l’on a l’habitude de voir…

Entretien réalisé par Victor Hache

  • A voir : « Clara Haskil, prélude et fugue » par Laetitia Casta. Scènes du Golfe de Vannes • Mardi 6 décembre, 20h • Palais des Arts.

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