Le trio Pierre Guénard, Manu Ralambo et Colin Russeil sera au Théâtre Jacques-Cœur, jeudi, où il présentera son premier album mêlant chanson et rock littéraire, les Conquêtes.
Vos chansons évoquent souvent l’idée d’ailleurs et de partance. Comment définiriez-vous l’univers de Radio Elvis ?
Pierre Guénard Déjà, on a cherché à travailler un son particulier en essayant d’aller au plus brut de la musique. On n’a pas envie de choisir entre le rock, la chanson, la pop. On se laisse libre de faire ce qu’on veut. L’idée, c’est d’essayer de raconter quelque chose d’intime avec pudeur, en utilisant dans le champ lexical du voyage des métaphores sur les grands espaces qui permettent de dire pas mal de choses, sans forcément les préciser.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Colin Russeil On s’est d’abord rencontré au lycée avec Pierre, à Parthenay, dans les Deux-Sèvres. À l’époque, on n’était pas dans la musique, mais dans les soirées, la fête. Après, on s’est retrouvé à Poitiers, où on a commencé à faire un peu de musique, sans forcément avoir de projet précis. Et ensuite, Manu, avec qui j’avais monté un trio, Mother of two, a intégré le groupe, non pas en tant que bassiste, son premier instrument, mais comme guitariste, et on a décidé de rester tous les trois à Paris au moment de notre premier EP.
On parle d’un rock littéraire à propos de votre musique…
Pierre Guénard On pourrait dire ça, mais ça peut vite avoir une connotation pompeuse. Nous venons d’une culture populaire et on n’a pas envie de faire une musique élitiste. C’est vrai que nos inspirations prennent racine dans nos lectures, un mot qu’on préfère à celui de littérature. On lit des choses plutôt populaires, de divertissement. On n’est pas du genre à être trop cérébral.
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D’où vient la mélancolie qui habite vos chansons ?
Pierre Guénard C’est vrai que tout l’album est parsemé d’un optimisme déçu avec aussi le sentiment de résistance. Chaque chanson porte en elle son lot de déceptions, mais également son lot d’espoirs et de lumière au bout du tunnel. C’est vraiment un équilibre, avec une partie A et une partie B dans chaque titre. La poésie vient toujours de la mélancolie. C’est un moment de vide qui se fait, où on arrive à vraiment se détacher des choses. Quand on fait de la musique et qu’on écrit, je crois qu’il faut avoir conscience de sa propre fin. C’est, me semble-t-il, l’idée de l’art. Tout l’album est empreint de ça.
Saint-Exupéry, dont vous mettez une phrase en exergue dans le livret de l’album, reste-t-il un modèle ?
Pierre Guénard Oui, pour cette espèce de mélancolie optimiste dans tous ses écrits. Il se détache physiquement du monde et regarde les choses depuis le ciel, ça lui permet d’avoir cette vue et cette hauteur d’esprit. Moi, ça me guide. Là où Camus serait plus dur à lire, parce qu’un peu plus dense et cérébral, Saint-Exupéry arrive à apporter de la philosophie et une vision du monde avec un langage très populaire et une poésie merveilleuse. N’importe qui peut le lire, tout comme Jack London.
Vous serez, jeudi, au Théâtre Jacques-Cœur, après avoir reçu le prix des Inouïs, l’an dernier. Que prévoyez-vous pour ce concert très attendu ?
Pierre Guénard On sera en première partie de Dionysos. On va jouer 35 minutes durant lesquelles on va tout donner. Ça va être dense et énergique. On aimerait sortir du concert comme si on avait joué une heure et demie ! Ce qui est cool, c’est que c’est Mathias Malzieu (leader de Dionysos – NDLR) qui nous avait remis le prix des Inouïs et là, on jouera juste avant lui. On est super contents. La boucle est bouclée. C’est top !