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Gilles Marchand (c) Alain Daltier

Littéraire/Interview. Le festival Festi’mots se déroulait à Saint Cyr au Montd’Or, à côté de Lyon, le samedi 28 janvier, un événement consacré à la lecture à haute voix de romans par leurs autrices et auteurs. L’écrivain Gilles Marchand est venu y présenter son dernier roman, « Le soldat désaccordé », dont les personnages réels ou imaginaires ont vécu la guerre de 1914-1918 et ses suites. Un livre aussi rigoureux sur le plan historique que follement romantique dans sa dimension purement fictionnel. Rencontre.


Gilles Marchand : « La guerre de 1914-1918 a été une apocalypse et des hommes y ont vécu l’enfer pendant 4 ans » 


Gilles Marchand a été musicien dans un groupe de rock avant d’être écrivain. Il a créé un véritable spectacle de lecture musicale à partir de son roman avec la participation d’Emmanuel Gross, violoniste et altiste. C’est ce concert littéraire qu’ils ont proposé à Festi’mots, une belle association entre musique et littérature, tellement conforme à l’esprit de ce festival.

Comment avez-vous été conduit à choisir la guerre de 1914-1918 comme cadre de votre roman ?

Gilles Marchand : J’étais attiré par la période de cette guerre, parce que c’est la fin du XIXème siècle et le début du XXème. C’est une apocalypse et des hommes y ont vécu l’enfer pendant 4 ans. J’ai connu cette histoire à travers la littérature en lisant « A l’ouest rien de nouveau » d’Erich Maria Remarque ou « Les croix de bois » de Roland Dorgelès. C’est peut-être la première fois que la littérature me faisait découvrir quelque chose de la réalité que les cours d’histoire ne pouvaient pas rendre de la même manière.

Je suis aussi allé à Verdun quand j’avais une vingtaine d’années. J’ai été marqué par le paysage découvert là bas. J’ai vu comment, cent ans après, cette guerre avait martyrisé le sol et restait vivace et très présente aujourd’hui encore.

Le romancier peut-il rendre compte des souffrances vécues dans les tranchées ?

Gilles Marchand: On ne pourra jamais raconter l’expérience que ces hommes ont vécue. J’ai donc essayé de la raconter à ma manière en m’inspirant de la langue et des mots des écrivains de cette époque. Sur Internet on peut aussi écouter la voix de certains témoins et retrouver leurs mots dans leurs lettres qui se trouvent dans les archives.


 

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Comment avez-vous retrouvé un de vos personnages dans « Le feu » d’Henri Barbusse ?

Gilles Marchand : J’ai lu Barbusse alors que j’étais en train d’écrire le livre. Mon personnage de la fille de la lune était déjà dans mon brouillon. Et je découvre chez Barbusse le personnage d’Eudoxie qui à un moment traverse la rue, le visage éclairé par la lumière de la lune. Cela m’a surpris car c’est un personnage que j’ai inventé et je me rends compte qu’il a déjà existé, mais de façon très différente, chez Barbusse. Il y a une sorte de cousinage entre son Eudoxie et ma fille de la lune.

Les poilus ne créaient-ils pas eux aussi de la fiction ?

Gilles Marchand : En effet, ils se racontaient des histoires d’amour, des aventures. Ils fanfaronnaient et s’inventaient eux-mêmes des légendes. Ils avaient besoin de cette fiction et la fiction a toujours été présente dans les pires moments des civilisations car on a toujours eu besoin de récits, d’histoires, de théâtre et de poésie.

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Gilles Marchand a imaginé un spectacle littéraire et musical de son roman « Le soldat désaccordé » (c) Alain Daltier

Votre histoire d’amour, elle, est bien une pure fiction ?

Gilles Marchand: Ce sont deux personnages que j’ai inventé tout comme le personnage du narrateur. Je devais être libre en tant qu’écrivain de façon à rester fidèle à ceux qui ont vécu cette guerre en inventant ceux qui ne l’ont pas vécu.

Au départ je savais comment cette histoire allait se terminer mais je ne savais pas comment j’allais y arriver. Ca s’est mis en place au fur et à mesure de l’écriture parce que les personnages imposent certaines choses par leur caractère, leur origine sociale, leur manière de s’exprimer. Et la vérité se faufile comme ça entre les phrases.

Votre spectacle littéraire et musical est-il fidèle au roman ?

Gilles Marchand :Pour ce spectacle je réécris un peu le livre. C’est une sorte de remise en scène, une adaptation avec des liaisons . C’est un spectacle d’1 heure 10 qu’on va jouer bientôt à Vannes après Annecy, Paris, Bergerac, Strasbourg…

J’ai fait parti d’un groupe de rock avant d’être écrivain, à la fin des années 90 à Bordeaux. Mes premiers textes étaient les paroles des chansons de ce groupe. Avec ce spectacle je referme la boucle en quelque sorte.

Entretien réalisé par Yves Le Pape

  • A lire : Gilles Marchand, « Le soldat désaccordé », Aux forges de Vulcain, 2022
  • Lecture musicale le jeudi 9 février à 19h à Vannes avec la librairie L’archipel des mots et le 11 février à la médiathèque Edmond Rostand, Paris 17 ème.

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