les petites amoureuses clara benagor
"Les Petites amoreuses" de Clara Benagor (photo) : un premier roman dense, doué d'une écriture sensitive ©Nicolas Hidiroglou

Rentrée Littéraire. Lola issue d’une famille juive, débarque avec ses parents et ses frères jumeaux à Casablanca en 1941, fuyant la guerre et les persécutions. Elle découvre l’atmosphère d’un pays, sa sensualité et se lie avec une jeune marocaine de son âge livrée à la prostitution. « Les Petites amoureuses » de Clara Benador, est un premier roman dense, doué d’une écriture sensitive, qui a la faculté de faire sentir et d’éprouver des sensations.


« Les petites amoureuses » de Clara Benagor : un premier roman d’adolescence


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Clara Benador dépeint avec justesse l’atmosphère des quartiers de Casablanca dans les années 1940, la mue d’une jeune fille qui découvre un autre monde en contraste avec celui feutré de sa famille.

L’auteure narre un départ douloureux de France, un déchirement symbolisée par l’aurevoir à Teodoro, l’homme à tout faire de la grande maison de famille dans le Rhône.

La famille embarque à Marseille pour une longue traversée extrêmement bien décrite. L’écriture très poétique permet de décrire le réel éprouvant d’une traversée dans les cales d’un cargo entre promiscuité et crasse.

Ces pages sont saisissantes du passage d’un monde à l’autre, de cette insouciance de l’enfance qui se dilue en conservant l’absolue désir de vie.



A l’arrivée, nous découvrons avec la jeune Lola, les rues grouillantes de Casablanca et la vie s’organise pour cette famille déracinée. « À part Lola qui brunissait à vue d’œil et avait attrapé quelques mots d’arabe, les expatriés vivait entre entre eux », « Le défaut de la colonie d’expatriés des femmes plus encore été la tentation de l’enfermement. Pour subsister il fallait rester entre soi ce qu’elle fait très bien, ne pas faire confiance à l’étranger. C’était ce contre quoi Lola résistait

Ce premier roman à l’écriture très maitrisée est l’histoire de cette résistance, de cette ouverture aux autres, de ce que signifie l’intégration quand il faut aussi assumer ses origines, sa  condition, sa différence.

Les odeurs, les lieux, les paysages décrits avec justesse sont de véritables personnages. On entre avec Lola un peu plus loin dans la médina. L’atmosphère est bien rendue comme la misère des bordels du quartier de Bousbir qui exploitent de jeunes filles pour assouvir les désirs des hommes, des soldats, qui se cachent à peine dans ces maisons à peine closes.

Lola est une jeune fille libre, une occidentale prise dans la flamboyance de l’Orient et du charme irrésistible de Sheherazade qui l’initie à la sensualité« Ainsi perdant sa dimension terrestre Shéhérazade basculait dans la dimension symbolique celle des idoles, des figures fictives, des princesses de légende des amis imaginaires qui vous accompagnent partout dans la joie, dans les drames et qui vivent éternellement ». Shéhérazade devient une amie interdite, de cet interdit que l’adolescence défie.

Cette histoire est aussi celle d’une mue. Comme l’enfance qui s’éloigne irrémédiablement, symbolisé par un pistil qui se détache du bouquet que Lola a l’honneur de remettre au grand Général venue en visite dans ce Protectorat Français. La fin des illusions, pas de l’idéal humaniste.

Véronique Sousset

  • A lire: « Les Petites amoureuses » Clara Benador. Editions Gallimard, 144 p, 15,20 €

 

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