eva bester
Eva Bester. Photo Francesca Mantovani

Livre. Dans de belles pages, Eva Bester– « la guérisseuse de spleen » comme elle se définit- rend hommage au peintre belge Léon Spillaert (1881- 1946), son « frère de noir ». Halluciné et alchimique.

Considéré comme l’un des artistes les plus importants du symbolisme belge, Spillaert, c’est sûr, s’est inspiré chez Toulouse-Lautrec, Munch ou encore Edgar Allan Poe, a inspiré les cinéastes Tim Burton et David Lynch et cultivé l’étrangeté- inquiétante, forcément inquiétante…                                              

leon spillaert d'eva besterD’emblée, nous voilà prévenus : « Spillaert et moi sommes frères du noir. Ce qui nous différencie, c’est qu’il a du talent, une œuvre et une moustache »… Quelques lignes plus tard : « Léon Spillaert m’a happée et procuré un abri permanent dans la beauté crépusculaire de son œuvre. Quand ça ne va pas, c’est-à-dire la plupart du temps, je me réfugie dans on meilleur millésime : l’année 1908 ».

A l’écriture de ces mots et de tous les autres qui, au final, donnent « Léon Spillaert » (sous-titre : « Œuvre au noir [Ostende 1881- Bruxelles 1946] ») : Eva Bester– tenue pour l’une des plus belles de la mélancolie d’en France… Elle qui se définit comme une « guérisseuse de spleen par l’art » rend hommage, dans un court (110 pages) essai délicatement illustré, à un artiste considéré comme l’un des plus importants du symbolisme belge.

On s’arrête devant les autoportraits du maître« comme un spectre échappé d’un cauchemar expressionniste allemand », assure l’auteure. Spillaert, c’est sûr, s’est inspiré chez Toulouse-Lautrec, Munch ou encore Edgar Allan Poe, a inspiré les cinéastes Tim Burton et David Lynch et cultivé l’étrangeté- inquiétante, forcément inquiétante.

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Eva Bester. Photo Francesca Mantovani

Dans cet ouvrage raffiné, l’auteure nous propose de glisser du côté d’Ostende (« la fin de l’Est » et aussi « une ville picturale à l’élégance délétère. Les variations de son ciel ont le raffinement d’un dandy et la ligne pure de son de mer expurge l’âme. Mais dans le rythme lancinant des vagues résonne un requiem pleurant les défunts érodés « ), de Bruxelles ou encore de Paris– on y déambule, en mots et images, dans un climat funèbre (« qui a inspiré Spillaert », assure l’auteure), dans des paysages hallucinés, des étendues marines, des espaces emplis de vide et de brume… et on se met dans les pas de son « frère de noir », de cet alchimiste qui, pour Eva Bester, « de la boue et la sombreur, il fait du sublime. Spillaert donne du panache au spleen » 

Serge Bressan

A voir : « Léon Spilliaert (1881-1946). Lumière et solitude ». Exposition au Musée d’Orsay, 1, rue de la Légion d’Honneur, Paris  (7ème). Du 13 octobre 2020 au 10 janvier 2021.

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