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LIvres : l'écrivaine américaine Sigrid Nunez publie "Quel est donc ton tourment?"

Livres We Culte. Pour cette semaine de lecture, trois suggestions. On commence avec « Quel est donc ton tourment ? », le sixième texte de l’Américaine Sigrid Nunez traduit en français pour une histoire d’amitié et d’accompagnement de fin de vie ; on enchaîne avec la romancière belge Odile d’Oultremont pour son troisième roman « Une légère victoire » empli de culpabilité et de remords, et on boucle cette semaine de lecture avec un voyage dans « l’enfer blanc » en Sibérie profonde avec « Varlam » de Michaël Prazan pour un hommage à un écrivain qui a passé dix-sept ans dans un goulag au temps de Staline. Bonne lecture à toutes et tous !


Livres de la semaine : Sigrid Nunez, Odile d’Oultremont, Michaël Prazan


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Livres : « Quel est donc ton tourment » de Sigrid Nunez

SIGRID NUNEZ : « Quel est donc ton tourment ? »

Quelle étrange idée… Finir sa vie dans un AirBnB… Voilà pourtant qu’une femme atteinte d’un cancer en phase terminale demande à une amie. On l’admet, on a là un début d’histoire peu avenant. Pourtant, c’est bien le commencement d’un roman enthousiasmant, aussi magnifique qu’émouvant. C’est titré « Quel est donc ton tourment ? » et signé Sigrid Nunez, 72 ans, auteure américaine avec, au compteur, neuf livres dont cinq traduits en français et une biographie consacrée à la grande Susan Sontag dont elle fut la secrétaire.

Le marché proposé par la malade amie dont on ne connaîtra ni le nom ni le prénom : l’accompagner en vacances jusqu’à ce jour, sans date, où, sans prévenir, elle absorbera une pilule mortelle. La narratrice accepte. Dès lors, c’est l’histoire d’une amitié confrontée à cette porte de la mort, à l’ultime départ.

Dans toutes ces pages de « Quel est donc ton tourment ? », Sigrid Nunez distille sagesse, humour et perspicacité. A aucun moment, elle ne tombe dans le pathos ni ne cède, par souci d’un minimum de légèreté, à la facilité. Ecrivaine exigeante de l’intime, elle sait décrypter et raconter les relations humaines, tout en pointant les travers de la pensée positive. Un livre débordant avec une élégance extrême, d’empathie et d’apaisement.

  • « Quel est donc ton tourment ? » de Sigrid Nunez. Traduit par Mathilde Bach. Stock, 258 pages, 20,905 €.

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Livres : « Une légère victoire » de Odile d’Oultremont

ODILE D’OULTREMONT : « Une légère victoire »

L’une s’espérait journaliste, elle est assistante de rédaction. L’autre, quintuple meurtrier, s’apprête à sortir de prison où il vient de passer ces vingt-cinq dernières années. Elle s’appelle Nour Delsaux, lui Yarol Ponthus, tous deux habitent « Une légère victoire », le troisième et nouveau roman de l’écrivaine et réalisatrice belge Odile d’Oultremont, grandement remarquée pour « Les Déraisons » et « Baïkonour ».

D’une façon différente, Nour et Yarol vivent la prison. La vraie, entre quatre murs, pour lui ; celle d’une existence sans goût et ponctuée de quelques arrangements avec la vie qui va pour elle. Cette vie qui, un matin, fait que Nour conduit sa nouvelle voiture électrique, renverse une jeune femme qui meurt. La loi ne la condamne pas, elle est libre.

Un matin, elle reçoit un courrier. Signé d’un homme, Yarol Ponthus, un courrier dans lequel il lui indique souhaiter la rencontrer. Il est le père de la jeune femme tuée lors de l’accident, elle était son ultime lien avec le monde, il ne l’avait pas vue durant toute son incarcération, il se faisait une joie immense de la revoir… Alors, Nour et Yarol vont se rencontrer. Un tête-à-tête à haut risque autour du souvenir et du fantôme de Constance, la jeune femme renversée et morte… « Une légère victoire » ou le roman (réussi) de la culpabilité et des remords.

  • « Une légère victoire » d’Odile d’Oultremont. Julliard, 258 pages, 20 €.

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Livres : « Varlam » de Michaël Prazan

MICHAËL PRAZAN : « Varlam »

Documentariste d’excellente réputation, il est également écrivain. Voilà quelque temps, il décida de « faire la Sibérie », là où les températures flottent entre -30°C et -50°C. Mieux, Michaël Prazan y alla avec une équipe pour mettre en images « Goulag(s) », qui se révélera implacable documentaire.

Et là, maintenant, il raconte en mots, c’est un roman aussi impeccable que somptueux, joliment et simplement titré « Varlam »– en hommage à Varlam Chalamov (1907- 1982), écrivain soviétique auteur de « Récits de la Kolyma » plus célèbre que Soljenitsyne en Russie et qui, au temps de Staline, passa dix-sept ans dans un camp sibérien.

Dans son roman, Prazan mêle son récit de son voyage à travers la taïga par la route de Kolyma (2 000 kilomètres, la plus longue du monde, réalisée à la force de leurs bras par les « zeks », ces prisonniers-esclaves du régime stalinien), les (més)aventures du tournage du docu… et aussi la découverte au bord de la route, décharné et affamé, d’un chat qui, nommé Varlam, deviendra la mascotte de l’équipe de tournage et que Prazan ramènera dans ses bagages à Paris… L’auteur rappelle qu’aide-soignant dans le camp, Chalamov recueillit, lui aussi, un chat. Dans l’« enfer blanc » sibérien où seuls les renards, les ours et les Iakoutes survivent…

  • « Varlam » de Michaël Prazan. Rivages, 274 pages, 21 €.

Serge Bressan

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