Musique/Brian Wilson. Disparu à 82 ans, Brian Wilson fut plus qu’un Beach Boy. Compositeur de génie et maître des harmonies vocales, il a façonné un son devenu emblématique des années 60. Derrière l’image d’Épinal du rêve californien, il y avait un musicien visionnaire, fragile et profondément moderne. Retour sur un parcours hors norme.
La mort de Brian Wilson, survenue à l’âge de 82 ans, marque la disparition d’un artiste rare, à la fois discret et essentiel. Cofondateur des Beach Boys, il a façonné une partie de l’imaginaire musical des années 60 — celui d’une Californie lumineuse, insouciante, baignée de surf et de promesses éternelles. Mais derrière ces refrains solaires, il y avait un musicien profondément novateur, et un homme d’une grande sensibilité.
Ce qui frappe, avec Brian Wilson, c’est à quel point il a su faire évoluer la pop tout en lui conservant une apparente légèreté. Dès les premiers tubes comme Surfin’ USA ou Fun, Fun, Fun, il y avait quelque chose d’unique : des harmonies vocales ciselées, une énergie simple mais précise, une joie communicative — mais jamais naïve.
Très tôt, Wilson s’affranchit des formats standards. À partir du milieu des années 60, il commence à expérimenter en studio avec une liberté rare pour l’époque. Il ne cherche pas seulement à faire des chansons accrocheuses ; il veut raconter, émouvoir, créer une ambiance. L’album Pet Sounds (1966) cristallise cette ambition. Moins connu du grand public que certains tubes, il reste pourtant une référence absolue pour des générations d’artistes, des Beatles à Radiohead. On y entend un Brian Wilson plus intime, plus fragile, mais aussi au sommet de sa créativité.
Good Vibrations, sorti la même année, est peut-être le morceau qui résume le mieux son talent : un collage de sons inattendus, de ruptures mélodiques et de trouvailles sonores, le tout avec une cohérence remarquable. Une prouesse technique autant qu’artistique, dans une époque où enregistrer un tel morceau relevait du défi.
Ce qui rend son parcours d’autant plus marquant, c’est la part d’ombre. Les troubles psychiques dont il souffre dès la fin des années 60 l’éloignent peu à peu du groupe et de la scène. Mais même en retrait, il reste une figure tutélaire de la pop moderne — respectée, souvent citée, parfois imité, jamais égalé.
Brian Wilson laisse derrière lui plus de 200 chansons, dont beaucoup ont marqué durablement la culture populaire. Mais au-delà des chiffres, il laisse surtout un style, une manière d’approcher la musique comme un terrain de jeu à la fois intime et ambitieux. Il n’a pas seulement accompagné son époque ; il l’a transformée.
Son œuvre continue d’accompagner les moments simples : une route ensoleillée, une fin d’après-midi d’été, une nostalgie douce. Et c’est peut-être là, dans cette simplicité maîtrisée, que réside le plus bel héritage de Brian Wilson.
Victor Hache