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Eric Bibb : le bluesman revient avec "Ridin'", son nouvel album(c) Jan Malmstrom

Musique. Depuis plusieurs décennies le chanteur et guitariste américain Eric Bibb s’est imposé comme l’un des plus solides représentants du blues contemporain. Il revient le 24 mars prochain, avec « Ridin’ » un bel album, enrichi de sonorités folk, soul et gospel, enregistré avec des invités de renom comme Taj Mahal, Habib Koité, Amar Sundy… A découvrir en tournée en France et à la Philharmonie de Paris, le 23 avril, en marge de l’exposition consacrée à Basquiat.


Eric Bibb : « La foi est au coeur de la musique afro-américaine dans ce qu’elle a de meilleur »


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Eric Bibb : « le blues n’est pas une musique triste »

Sur des arrangements d’une élégante sobriété, son chant empreint d’accents humanistes nous interpelle sur « Free », « People You Love », « Family« , « Sinner Man », « Joybells », « Blues Funky Like Dat »… Sans oublier « 500 Miles« , la reprise d’une chanson popularisée notamment par Joan Baez, Bob Dylan ou Peter, Paul and Mary.

Rencontre avec un artiste chaleureux et généreux avant sa tournée française et son concert à la Philharmonie de Paris, le 23 avril prochain, sur le thème « Du Mali au Mississippi » (avec Habib Koité, Mama Koné, Cédric Watson, Dirk Powell, Glen Scott…), en marge de l’exposition consacrée à Jean-Michel Basquiat.

Dans cet album, vous retrouvez quelques compagnons de route comme Taj Mahal que vous considérez un peu comme votre mentor ?

Eric Bibb : Absolument. C’est mon chaperon, mon mentor de blues.

Comme lui, vous avez souvent privilégié l’acoustique ?

Eric Bibb : C’est encore plus vrai dans cet album. Au coeur du projet, il y avait ma guitare, mon banjo et moi. Mon producteur et arrangeur Glenn Scott a compris que c’était dans cet esprit qu’il fallait façonner « Ridin' ».

Vous puisez également dans les sonorités folk, soul et gospel ?

Eric Bibb : Parce que ce sont des influences qui sont proches de moi. L’idée était de rendre un son juste et contemporain.

Votre blues est plutôt porteur d’espoir ?

Eric Bibb Parce que le blues n’est pas une musique triste ! Même s’il a un côté complainte, il comporte tous les aspects de la vie et exprime toute une palette de sentiments. Moi, j’ai fait le choix de mettre l’accent sur le côté positif des choses. Du fait que les sonorités blues sont familières a beaucoup de gens, cela me permet de m’appuyer sur ce genre musical pour véhiculer un autre message.

Justement, vous avez toujours chanté votre foi en l’humanité. Vous n’avez pas quelques doutes, parfois ?

Eric Bibb : D’une certaine manière, je n’ai pas le choix ! Toute mon éducation tourne autour de la conviction qu’on peut s’améliorer, faire des choses bien. Aujourd’hui, des gens continuent à avoir des enfants et à travailler durement dans un système qui est souvent contre eux. C’est un vrai miracle ! La foi est au coeur de la musique afro-américaine dans ce qu’elle a de meilleur. La musique folk a aussi ce pouvoir.

Votre père le chanteur folk Leon Bibb était un activiste qui a notamment marché aux côtés de Martin Luther King. C’est un sacré héritage, non ?

Eric Bibb : Bien sûr mais c’est loin d’être un fardeau. Je le vis comme un privilège.

Dans une interview, vous avez confié que vous aimez moduler votre voix en fonction de l’esprit d’un titre…

Eric Bibb : J’ai besoin de m’approprier le feeling de la chanson. Je raconte des histoires et j’essaie de donner une voix à des gens qui ne peuvent pas s’exprimer ou qui ne bénéficient pas, comme moi, d’une caisse de résonance.

On vous surnomme parfois le troubadour du blues. Cela vous inspire quoi ?

Eric Bibb : Je suis un guitariste compositeur qui aime le blues. Je me sens plutôt comme un griot contemporain, honoré d’être un lien entre l’Amérique et l’Afrique de l’Ouest. La musique est une manière de se reconnecter.

Vous reprenez la chanson « 500 Miles ». Vous saviez qu’il existe une version française enregistrée par Richard Anthony sous le titre « J’entends siffler le train » ?

Eric Bibb : Je ne connaissais pas cette version. Pour moi, c’est celle de Peter, Paul and Mary qui a permis à cette chanson d’être populaire en Europe. J’ai eu envie de la reprendre parce que mon père la chantait. Et également parce que, dans le contexte de ce nouvel album, elle est un lien entre les esclaves qui tentaient d’échapper à leur condition et celle de tous ces réfugiés qui se retrouvent loin de chez eux.

On trouve aussi des accents gospel dans certains titres ?

Eric Bibb : J’aime son côté spirituel. C’est une connexion avec quelque chose de plus grand que nous. Une chanteuse comme Mavis Staples avait cette force incroyable en elle. Dans la musique afro-américaine, il y a des artistes qui pensent que le blues appartient à une autre époque, celle des champs de coton. Il faut prendre de la distance avec ça, parce que si tu passes loin du blues, tu vas louper quelque chose…
Entretien réalisé par Annie Grandjanin

  • Album : Eric Ribb « Ridin' » (Dixiefrog Records), disponible le 24 mars 2023.
  • En concert à Paris, le dimanche 23 avril 2023, à 16h, à la Philharmonie de Paris, grande salle Pierre Boulez, 221, avenue Jean-Jaurès, 75019 Paris. Tél.: 01.44.84.44.84. Plus d’Infos ICI 
  • En tournée : le 13 avril 2023 à Marq-en-Baroeil (59), le 14 avril à Vitry Le François (51), le 15 avril à Cléon (76), le 18 avril à Bezons…

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