Icône de la chanson française, muse de Michel Berger, France Gall est décédée le 7 janvier d’un cancer à l’âge de 70 ans. La chanteuse qui a commencé sa carrière dans les années 1960 a profondément marqué le paysage de la variété française.
On la savait gravement malade depuis des années. Hospitalisée mi-décembre à l’Hôpital américain de Neuilly-sur-Seine, France Gall est décédée hier matin d’un cancer à l’âge de 70 ans : « Il y a des mots qu’on ne voudrait jamais prononcer. France Gall a rejoint le Paradis blanc le 7 janvier, après avoir défié depuis deux ans, avec discrétion et dignité, la récidive de son cancer », a précisé son attachée de presse Geneviève Salama. Icône de la chanson française, elle fut d’abord une jeune chanteuse ingénue dans les années 1960 en pleine époque yé-yé. Blonde et mutine, elle donna tout à la musique et réussit à imposer son style mêlé de générosité et de candeur enfantine, avec des chansons restées dans les mémoires qui ont marqué plusieurs générations.
« Je suis passée directement de l’adolescence à un métier d’adulte »
Née Isabelle Gall le 9 octobre 1947, la chanteuse était issue d’une famille de musiciens. Son grand-père fut l’un des fondateurs des Petits Chanteurs à la croix de bois, son père, Robert Gall, parolier de célèbres interprètes, a écrit la Mamma pour Charles Aznavour. Très jeune, elle a appris la guitare et le piano et avec ses frères forma un petit orchestre familial. Grâce à son père elle enregistre en 1963 le titre Ne sois pas si bête, vendu à 200 000 exemplaires. Joli succès pour la chanteuse qui parvient rapidement à se faire un nom. Elle devient France et sort en 1964 un premier 45 tours, Sacré Charlemagne, qui fait d’elle une vedette et une concurrente des chanteuses populaires que sont Sheila ou Sylvie Vartan. Elle rencontre alors Serge Gainsbourg, qui lui écrit Poupée de cire, poupée de son, énorme succès qui lui permet de remporter le concours de l’Eurovision en 1965. Un an plus tard, Gainsbourg lui écrit non sans humour les Sucettes, chanson à double sens qui évoque le goût d’Annie pour les sucettes à l’anis. « Lorsque le sucre d’orge / Parfumé à l’anis / Coule dans la gorge d’Annie / Elle est au paradis », chante France Gall, qui avouera plus tard qu’elle avait interprété cette chanson sans en percevoir l’aspect équivoque. Elle a à peine 19 ans et fait la une des journaux. En dépit de ses différents succès, elle ne se sent pas à l’aise, considérant qu’elle n’a pas eu de jeunesse : « Je suis passée directement de l’adolescence à un métier d’adulte », dira-t-elle dans l’émission Fréquenstar en 1993, reconnaissant qu’au début la musique n’était pas une passion pour elle : « C’était très difficile, je n’aimais pas ça du tout. C’était un très gros effort que je faisais pour faire ce métier-là. »
Une vie riche qui bascule à la mort de Michel Berger
Après le tube Bébé requin, cosigné par Joe Dassin, elle se fait plus rare, sans pour autant quitter le milieu de la chanson, où elle rencontre Julien Clerc, avec lequel elle partagea sa vie pendant cinq ans. Elle va rencontrer Michel Berger en 1974, année essentielle pour sa vie personnelle et professionnelle. France Gall devient sa muse, il lui écrit la Déclaration d’amour, tube d’une série d’albums aux nombreux succès dont Musique, Si maman si, Quelques mots d’amour, Il jouait du piano debout, Ella, elle l’a, Débranche, Besoin d’amour… Période de bonheur pour France Gall, qui se marie avec Michel Berger en 1976. Puis viendra le triomphe de l’opéra-rock Starmania (1979), coécrit avec le Québécois Luc Plamondon, dans lequel elle joue le rôle de Cristal, aux côtés de Daniel Balavoine et de Fabienne Thibeault.
Pour se ressourcer, l’interprète de Babacar séjourne régulièrement au Sénégal. Amoureuse de l’Afrique, où elle se sent revivre, elle va s’engager dans l’humanitaire au travers d’Action Écoles, dont la mission est d’envoyer de l’aide alimentaire dans les régions rongées par la famine. Une vie riche qui basculera à la mort de Michel Berger d’une crise cardiaque en 1992, à l’âge de 44 ans. Malgré son chagrin, elle parvient à trouver la force de remonter sur scène, s’effondrant de nouveau à la mort de sa fille de mucoviscidose, en 1997. Un an après, on lui découvre un cancer du sein. Retirée de la scène, elle était revenue sous les feux des projecteurs au moment de la sortie de Résiste, comédie musicale qui revisitait vingt ans de création artistique, reprenant les plus belles mélodies de Michel Berger, avec qui elle forma un couple inoubliable de la chanson.