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Isabelle Olivier: une harpiste virtuose qui se joue des frontières. (Photo) Robert Lévy

Entretien/Musique. Avec son lumineux album « Smile » la virtuose harpiste Isabelle Olivier nous emmène dans des contrées rarement empruntées comme l’électro ou la world. Outre de belles compositions originales, elle offre des reprises inspirées de James Blake, Nat Adderley et Charlie Chaplin. À découvrir en tournée américaine et française, à partir du 28 avril prochain.


Isabelle Olivier : une harpiste virtuose qui se joue des frontières


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Isabelle Olivier : « Lorsque je compose, j’ai toujours des images, des histoires dans la tête « 

Il y a quelques jours, Isabelle Olivier fêtait sur la scène du Café de la Danse à Paris ses 30 ans de carrière et la sortie de « Smile« . Un superbe album dans lequel elle joue des compositions originales mais aussi des reprises de Nat Adderley (« One For Daddy Oh »), James Blake (« You’re Too Precious ») et deux versions du fameux « Smile » de Charlie Chaplin.



Outre sa virtuosité, ce qui séduit chez cette audacieuse harpiste, c’est quelle n’hésite pas à emmener son encombrant instrument sur des terrains rarement empruntés comme l’électro ou la world. A ses côtés: le pianiste et accordéoniste Tom Olivier-Beuf, Ernie Adams à la batterie, son fils Raphaël Olivier (guitare et production électro) et la chanteuse germano-américaine Kristiana Roemer dont le timbre met en lumière un texte de la poétesse Emily Dickinson dans le titre « Hope« .

Rencontre avec une artiste qui navigue depuis une dizaine d’années entre Paris et Chicago.

Comment est venue l’idée de ce nouvel album ?

Isabelle Oilvier : En fait, pendant le confinement, j’ai revu le film « Les Temps Modernes » de Charlie Chaplin et j’ai été littéralement transpercée par le thème de « Smile« .  Cet homme était un incroyable visionnaire.

Il n’aurait sans doute pas désavoué la version électro de sa composition ?

C’est mon fils Raphaël qui m’a soufflé cette idée. Du coup, j’ai enregistré deux versions sur le même thème.

Pourquoi avez-vous choisi la harpe dont l’image demeure assez classique ?

Là encore, c’est parti d’un film ! Lorsque j’étais enfant, j’ai été fascinée par le personnage de Duchesse dans « Les Aristochats ». Je prévois d’ailleurs de faire un jour un spectacle en hommage à ce long-métrage des Studios Disney.

Vous vous êtes éloignée de l’esthétisme parfois féérique de cet instrument ?

C’est quelque chose qui existe mais je me suis toujours efforcée d’éviter les stéréotypes. Dans la harpe, il y a aussi un côté profond, dramatique… J’essaie de trouver des couleurs différentes. Lorsque je compose, j’ai toujours des images, des histoires dans la tête. Mon objectif est de ne pas dire deux fois la même chose.

 Vous avez aussi composé des musiques de films, notamment pour Agnès Varda ?

Et ce n’est pas un hasard ! Elle était capable de faire un dire un texte à sa concierge si elle considérait que sa voix collait avec le propos de l’histoire. Avec elle, il n’y avait pas de hiérarchie entre les personnes. Pour moi, elle demeure un exemple.



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Isabelle Olivier (c) Piero Ottaviano

Vous avez choisi de mettre en musique un texte d’Emily Dickinson ?

Elle fait partie des gens qui m’inspirent. J’aime sa fougue, sa vision, sa spiritualité, son esprit d’ouverture sur la nature. Son coté trouble aussi car on sent qu’elle n’a pas toujours eu une vie heureuse. C’est quelqu’un qui me parle. Je trouve qu’il y a un lien entre elle et Chaplin. Le fait qu’au pire moment de sa vie, on peut avoir cette capacité de sourire.

Vous vous investissez également dans des projets associatifs ?

Oui. Notamment avec la Fédération des Centres Sociaux de l’Essonne. Elle cherchait des artistes qui fédèrent autour d’un thème. J’ai apporté celui du sourire. Plus les gens sont fragiles, plus ils sont impactés par la crise sanitaire. L’idée est de proposer des activités artistiques et de réunir sur scène des amateurs et des professionnels.

Depuis une dizaine d’années, vous vivez également à Chicago. Qu’est-ce qui vous a attirée dans cette ville ?

Au départ, j’étais allée là-bas pour écrire un opéra-jazz sur le thème du « Baron Perché » d’Italo Calvino.  Ce que j’ai fait au 30ème étage d’un immeuble ! J’avais ce désir de liberté et très vite, j’ai été touchée par cette ville avec ses métissages culturels, cette énergie qui vous donne la « niaque ». J’ai obtenu la carte verte d’artiste. A Chicago, on a le sentiment que quoi qu’il arrive on va tracer sa route.

Il  paraît que le saxophoniste Jean-Louis Chautemps vous a dit un jour: « musicien de jazz, ce sont les 30 premières années qui sont difficiles. Après, tu verras, ça ira beaucoup mieux ». Vous confirmez ?

J’adore cette phrase ! Etre femme artiste dans le jazz, ce n’était pas gagné quand j’ai débuté. J’ai fêté cet anniversaire au Café de la Danse et c’était merveilleux. Après 30 ans de carrière, on fait partie du paysage. On a une crédibilité.

Entretien réalisé par Annie Grandjanin

  • Album « Smile » (Label Enja – Distribution France l’Autre Distribution), disponible depuis le 25 mars 2022.

  • En tournée : le 28 avril 2022, le 4 mai et le 5 mai à Chicago (USA), le 4 juin à Saint-Michel-sur-Orge (91), le 10 juin au Printemps des Poètes de Janvry (91), le 19 juin à la Fête de la Musique de St Escobille (91), le 21 juin au Potager du Roi de Versailles (78) et du 15 juillet au 15 août aux Etats-Unis.

Retrouvez l’ensemble des chroniques culturelles d’Annie Grandjanin sur : annieallmusic.blogspot.com


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