Musique. Six ans après son dernier opus autobiographique «Santa Maria », la chanteuse Carmen Maria Vega revient avec « Fais-moi mal Boris Vian ! » : un bel album aux ambiances jazzy en hommage à l’auteur de « L’Écume des jours » où elle reprend ses chansons classiques, de «La complainte du progrès » à « Je bois » ou « Le déserteur », mais aussi des titres moins connus, comme l’émouvante ballade amoureuse « Barcelone ». Un disque à découvrir en live lors de sa prochaine tournée.
Carmen Maria Vega reprend les chansons de Boris Vian : un registre dans lequel la chanteuse se glisse avec bonheur
« On n’est pas là pour se faire engueuler » chantait Boris Vian, alors continuons de jouir de ses chansons qui, 64 ans après sa mort, n’ont pas pris une ride. Ses grandes interprètes, de Magali Noël à Juliette Gréco, Catherine Sauvage, Catherine Ringer ou encore Maurane, ne s’y sont pas trompées en reprenant ses ritournelles, se faisant tout à tour goualeuses, femmes fatales ou coquines pleines d’humour.
Carmen Maria Vega s’est elle aussi laissée séduire par le répertoire de l’auteur de « l’Écume des jours ». La chanteuse, qui a prouvé dès ses débuts qu’elle aimait s’aventurer hors des sentiers battus en jouant par exemple « Mistinguett » au Casino de Paris où en participant à une tournée consacrée à David Bowie, prouve une fois encore qu’elle aime se diversifier pour mieux se réinventer.
Elle avait d’ailleurs flirté une première fois avec Vian en sortant un EP paru en 2014 intitulé «Fais-moi mal, Boris !» inspiré par l’auteur de «J’irai cracher sur vos tombes », « L’Arrache cœur », « L’Herbe rouge» ou «Je voudrais pas crever ».
C’est dire si elle ne s’avance pas en terre inconnue avec ce nouvel album titré cette fois « Fais-moi mal Boris Vian ! », comme une manière de retour aux sources pour celle qui pour les besoins de la pochette, pose façon pin-up dans l’appartement parisien de l’écrivain, avec la harpe-guitare de l’artiste.
Six ans après son personnel et autobiographique disque «Santa Maria », Carmen Maria Vega est ici à son affaire à travers un opus de 14 titres en hommage à Boris Vian.
On y retrouve ses chansons inscrites dans la mémoire collective, de «La complainte du progrès » à «Je bois », « Fais-moi mal Johnny, «J’suis snobe » (avec un « e » ajoutée pour féminiser l’orthographe), «Les joyeux bouchers », «Le déserteur » ou «Strip rock », mais aussi des titres moins connus souvent mélancoliques, qui rappellent que Vian n’était pas uniquement ce poète à l’humour moqueur.
Il en est ainsi de l’émouvante ballade amoureuse « Barcelone », « Quand j’aurai du vent dans mon crâne » sur les ravages du temps qui passe, ou de la romance «S’il pleuvait des larmes » qui clôt en beauté l’opus.
Un registre dans lequel la chanteuse se glisse avec bonheur. Si on regrette parfois que son jeu soit un peu trop sage pour faire vivre cet univers, qui demande d’être comédienne et de ne pas trouver dans sa voix le côté piquant d’une Magali Noël, c’est sûrement parce qu’elle a choisi une interprétation volontairement douce et jazzy, qui correspond à l’air du temps.
Il reste que « Fais-moi mal Boris Vian ! » est une réussite : un album porté par une Carmen Maria Vega sensible visiblement heureuse de nous faire redécouvrir la modernité et l’aspect intemporel des chansons de Vian, qui, il est vrai mériteraient d’être plus souvent mises en lumière.,
Victor Hache
- Album : Carmen Maria Vega « Fais-moi mal Boris Vian ! » – Label At(h)ome.
