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Louis Arlette : Avec "Chrysalide", le chanteur flirte désormais avec un slam très joueur et s’abreuve aux sources de la civilisation antique (c) Laura Gilli

Musique/Interview. Après « Arbre de vie » et ses ambiances pop-elctro, le chanteur Louis Arlette est de retour avec « Chrysalide » : un album plein de poésie voyageuse et d’inventivité dans lequel il flirte désormais avec un slam très joueur et s’abreuve aux sources de la civilisation antique, où son âme brûle d’un feu très créatif.


Louis Arlette : « cet album a un côté rabelaisien, sombre. Cela a été un appel à la vie. J’ai eu besoin de m’abreuver et de me nourrir à tous les niveaux »


Auteur-compositeur-interprète aussi prolifique que singulier, Louis Arlette a choisi d’échapper au réel en vouant sa vie à l’art qui dit-t-il a le « pouvoir de nous élever».

Après « Sourire Carnivore » (2018), « Des ruines et des poèmes » (2019) et « Arbre de vie » (2021), voilà qu’il nous plonge dans l’Antiquité avec un nouvel album en forme d’Odyssée, plein de poésie et d’inventivité. Une manière de renaissance après trois albums pop-électro, dans lequel il se sentait à l’étroit.

Aujourd’hui il sort de sa « Chrysalide », en explorant des horizons sans limite fait d’un slam très joueur, de jeux de mots poétiques et d’images oniriques. Un récit épique émaillé de mille héros de la mythologie, de Athéna à Enée, Jupiter, Didon, Cyrus ou Ovide, mais aussi le roi d’Assyrie Sardanapale où Rabelais, Kerouac et Cervantès ne sont jamais bien loin de son imaginaire.

Un monde que fait revivre Louis Arlette, loin de la chanson formatée, au travers de musiques aux subtiles arrangements, de mélodies envoûtantes aux accents orientalisants parfois. A l’image de « Lapis Lazuli », titre d’ouverture au groove dansant qui donne le « la » de cet opus tout en songes et rêverie voyageuse.

Rencontre avec un artiste qui trace une route originale depuis ses débuts, en s’abreuvant désormais aux sources de la civilisation antique et de l’histoire ancienne, où son âme brûle d’un feu très créatif.

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Louis Arlette (c) Laura Gilli

En quoi était-ce important de sortir de votre «Chrysalide » ?  

Louis Arlette : Cet album est vraiment né d’une espèce de dégoût et d’une volonté de faire quelque chose de différent. Je me suis retrouvé face à un mur au moment de le composer. Après mon dernier album «Arbre de vie », j’en ai fait un autre, qui est terminé, mais je me suis rendu compte que je ne voulais pas le sortir parce que je n’avais pas pris de plaisir à le faire. Je me posais des questions sur la création, la souffrance de l’artiste etc…

Le milieu de la chanson formatée ne me procure plus de plaisir depuis quelques années. Je pensais que j’allais arrêter de faire des albums et écrire pour moi. Je traversais une phase spéciale psychologiquement. C’est un combat que j’ai mené contre cette putain de maladie qu’est l’anorexie. J’ai dû me libérer de ces choses-là parce que ma santé était en jeu. J’y suis arrivé notamment grâce à cet album qui a un côté rabelaisien, sombre. Cela a été un appel à la vie. J’ai eu besoin de m’abreuver et de me nourrir à tous les niveaux. Je suis tombé dans une espèce de folie gargantuesque ! (rires). L’envie de faire de la musique et le plaisir de créer à nouveau est revenue, en luttant contre tous les schémas que je m’étais établis.

Votre univers est désormais moins pop-électro et beaucoup plus slam… Qu’est-ce qui vous attire dans cette manière de narration poétique ?

Louis Arlette : Le slam est une forme d’héritage de la langue française. Cela m’est venu de la littérature. J’ai commencé à écrire pour moi et je me suis pris à mon propre jeu. La musicalité du texte m’a attiré et à partir de là, j’ai commencé à jouer avec les mots, puis à les dire à haute voix. Après, je me suis pris pour Flaubert, avec son « gueuloir » (rires) et les allitérations et les sonorités sont venues. Au final, j’ai commencé à entendre des rythmes et je ne pouvais me cacher que j’avais envie d’en faire de la musique.

Vos chansons nous plongent dans les mythes et les légendes de l’Antiquité. Diriez-vous qu’il s’agit d’un récit épique, dont vous seriez le héros ?

Louis Arlette : C’est un récit épique de notre époque, comme une BD en continue. J’adore les romans picaresques, Don Quichotte, les récits de voyage de Jack Kerouac qui nous présentent des espèces de marginaux, des successions d’aventures d’anti-héros. Bien sûr, il y a Rabelais qui est ma référence. Dans « Les faits et dits de Gargantura et Pantagruel », on trouve une modernité de mots qui sont hallucinants. C’est cela aussi qui m’a convaincu que le slam était plein d’avenir, parce que cela révèle que la langue et les jeux auxquels ont peut se prêter sont infinis.



Vous évoquez Sardanapale, ce roi d’Assyrie, la déesse guerrière Athéna, Enée, l’un des héros de la guerre de Troie, le dieu Jupiter, Didon, la reine de Carthage… on sent que tous ces figures vous fascinent…

Louis Arlette : Avant, je me refrénais en me disant qu’il fallait se relier au monde moderne, contemporain. Mais là, j’ai passé le cap. J’ai plongé dans l’Antiquité qui représente un monde onirique extraordinaire. J’accorde une énorme attention au passé parce que l’histoire nous informe du présent. Je trouve que c’est mortifère que la société actuelle cherche en permanence à nous déconnecter de notre passé. S’intéresser à l’histoire, c’est ce dont on a le plus besoin dans le monde d’aujourd’hui, c’est être moderne. L’histoire est un catalyseur de vie, de civilisation, de plaisir. Revenir aux origines de l’humanité, c’est un laboratoire absolument incroyable. Avec ce disque, je me suis énormément amusé.

Si vous deviez transposer ces chansons sur scène, quel spectacle pourriez-vous imaginer ?

Louis Arlette : C’est une étape dont j’ai vraiment envie. Je voudrais quelque  chose qui soit encore plus ouvert. On se rapprocherait de ces live qui pouvaient être expérimentés dans les années 1970, avec des artistes comme Franck Zappa. Il n’y avait plus de frontière entre les genres et où les codes étaient complètement renversés, avec des sketches, des passages alternant électro acoustiques et rock. Je rêve de quelque chose de libre, avec une équipe de musiciens borderline pour modeler la matière sonore en temps réel sur les textes des chansons, comme on l’a fait lors de l’enregistrement.

Entretien réalisé par Victor Hache

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