"Couleurs de l'Incendie" : Madeleine Péricourt (Léa Drucker), trahie par les siens, va chercher à se venger (©Gaumont/ La Company/ Umedia/ France-2 Cinéma).

Sortie cinéma. C’est un film ambitieux, une fresque familiale et historique dominée par l’interprétation de Léa Drucker: pour son quatrième long-métrage comme réalisateur, « Couleurs de l’Incendie » (ce mercredi 9 novembre sur les écrans), Clovis Cornillac a superbement réussi son pari.


« Couleurs de l’Incendie » : une flamboyante fresque historique et familiale


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« Couleurs de l’Incendie » : Clovis Cornillac, Léa Drucker (©Gaumont/ La Company/ Umedia/ France-2 Cinéma)

L’enjeu était double: adapter le roman touffu de Pierre Lemaitre, paru en 2018 et suite de son livre Au revoir là-haut, Prix Goncourt 2013; et ne pas rougir de la comparaison avec le film qu’avait tiré de ce premier livre Albert Dupontel, récompensé de cinq César en 2018.

Fin des années 1920

Cette suite peut se voir sans avoir lu le livre précédent ou vu le film qui en a été tiré. AU REVOIR LÀ-HAUT racontait l’histoire de deux survivants de la guerre 14-18 qui tentent tant bien que mal de revenir à la vie civile. Dans COULEURS DE L’INCENDIE, l’histoire commence en février 1927, avec le décès de Marcel Péricourt, qui laisse en héritage à sa fille Madeleine (Léa Drucker), divorcée, un empire financier qu’elle va devoir gérer.

Mais le jour de l’enterrement, le fils de Madeleine, Paul, 11 ans, se jette par la fenêtre sur le cercueil de son grand-père (on comprendra plus tard pourquoi). L’adolescent ne meurt pas mais reste paralysé et muet.

Trahie et ruinée

C’est le début des ennuis pour Madeleine, seule femme à résister à la corruption, l’ambition et le cynisme de son entourage masculin et de sa classe sociale. Bientôt trahie puis ruinée par les siens, seule pour s’occuper de son fils handicapé, elle va patiemment reconstruire sa vie.

Et, surtout, elle va chercher à se venger de ceux qui lui ont fait du mal. Objectif hardi dans une France qui observe, impuissante, les premières couleurs de l’incendie qui va ravager l’Europe: la crise de 1929, la montée du nazisme, la guerre qui menace…



Pierre Lemaitre a participé à l’adaptation

Pierre Lemaitre a participé à l’adaptation et à l’écriture des dialogues, mais a laissé libre cours à Clovis Cornillac: « Même si Pierre était l’auteur du roman et qu’il l’avait lui-même adapté, il était toujours ouvert à mes idées et à mes suggestions de changements », dit l’acteur-réalisateur. « Mieux encore, quand je voulais modifier la narration, j’avais en face de moi un partenaire incroyablement disponible, généreux, qui me disait toujours «C’est ton film» et qui me renvoyait les corrections que je proposais. Jamais il ne s’est opposé à mes choix ou ne s’est mêlé de la mise en scène ».

Après un joli plan-séquence en ouverture, le film développe, de manière classique et dans une réalisation soignée, une histoire touffue (le film dure deux heures et quart) et riche de personnages secondaires.

Clovis Cornillac acteur

Parmi ceux-ci, Clovis Cornillac s’est donné un rôle important, celui d’un « gentil »: M. Dupré, le chauffeur de Madeleine Péricourt, qui la revoit quand elle se retrouve ruinée et accepte de l’aider à se venger. « Comment fait-on, dans la vraie vie? », lui demande-t-elle. « On apprend vite », répond-il.

Autour d’une Léa Drucker magistrale (et actuellement à l’affiche de CLOSE), les autres personnages secondaires sont également intéressants et remarquablement interprétés, principalement des « méchants » qui trahissent la confiance de Madeleine Péricourt: l’ancien bras droit de son père défunt et amoureux transi, qu’elle gifle (Benoît Poelvoorde); son oncle, politicien véreux et avide (Olivier Gourmet); l’ancien précepteur de Paul devenu journaliste, véreux lui aussi (Jérémy Lopez); la femme de confiance de Madeleine, qui d’abord la soutient (Alice Isaaz).

Fanny Ardant en cantatrice

Il y a aussi quelques apparitions de Fanny Ardant, en cantatrice adulée par le jeune Paul et en proie à la montée du nazisme. Et une nounou polonaise qui va s’occuper avec entrain et bonne humeur de l’adolescent handicapé.

Certes le film ne manque pas de coïncidences extravagantes et de rebondissements peu crédibles, et d’autres qu’on voit venir à des kilomètres. Mais il ne manque pas non plus de rythme et de suspense (notamment vers la fin quand la saga familiale vire au thriller), ni de souffle propre à en faire un beau film populaire, où la vengeance d’une femme veut punir la vanité, la convoitise et l’ambition démesurée des hommes.

Et au fait, pourquoi ce titre? Pierre Lemaitre avait expliqué, à la sortie de son livre, qu’il l’avait emprunté à un poème de Louis Aragon de 1940, Les Lilas et les Roses.

Jean-Michel Comte

LA PHRASE : « Les journaux sont comme les hommes politiques: ils ne disent que ce qui les arrange » (Benoît Poelvoorde).


  • A voir : « Couleurs de l’Incendie » (France, 2h16). Réalisation: Clovis Cornillac. Avec Léa Drucker, Benoît Poelvoorde, Clovis Cornillac (Sortie 9 novembre 2022)

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