Sortie cinéma. Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai. C’est une histoire d’amour entre deux adolescents qui ne s’éteint pas malgré les années, la séparation, les aléas de la vie, le sort contraire: L’AMOUR OUF, le nouveau film réalisé par Gilles Lellouche (ce mercredi 16 octobre sur les écrans), raconte, en mêlant romantisme et violence, une passion absolue et quasi indestructible, plus forte que tout.
« L’AMOUR OUF » est un film de passion. Passion entre deux ados devenus adultes
Dans une ville portuaire du nord de la France, Jackie (Mallory Wanecque) débarque dans un nouveau lycée. Elle vit seule avec son père (Alain Chabat), veuf, antenniste et réparateur télé, qui veille sur elle avec un amour paternel sans faille.
L’adolescente fait vite connaissance avec Clotaire (Malik Frikah), petit voyou sympathique, membre d’une famille nombreuse de cinq enfants, père docker et taiseux mais aimant (Karim Leklou), mère protectrice et discrète (Élodie Bouchez).
Destins séparés
Entre la jeune fille de bonne famille et l’adolescent marginal, qui ont tous les deux la langue bien pendue, c’est vite le coup de foudre. Mais quand Clotaire tombe dans la délinquance, engagé par un mafieux local (Benoît Poelvoorde), leurs destins se séparent: après un casse sur les docks qui tourne mal, il est condamné à 12 ans de prison, bien qu’innocent.
À sa sortie 10 ans plus tard, le jeune homme (François Civil) n’a pas oublié Jackie (Adèle Exarchopoulos). Il n’a que deux objectifs: revoir son amour de jeunesse, et se venger des malfrats qui l’ont trahi…
Années 80
La première partie de « L’Amour ouf » est située dans les années 80, avec une bande-son riche des tubes de l’époque. « Cette histoire d’amour résonnait avec les périodes de mon adolescence et de mes jeunes années d’adulte. J’ai toujours été attiré par les histoires d’amour contrariées, par le côté lutte des classes qui émane de l’amour pour quelqu’un qui a priori n’est pas fait pour vous », explique Gilles Lellouche, dont c’est le deuxième film comme réalisateur après le très réussi LE GRAND BAIN (2018).
Il a adapté un roman de l’auteur irlandais Neville Thompson, projet qu’il murissait depuis 17 ans. Il en a fait, explique-t-il, « une espèce de doux mélange entre violence et sentiments exacerbés, entre chaud et froid, entre sucré et âpre ».
Mélange des genres
Le film se dédouble en effet quand l’histoire d’amour (deux ados romantiques) vire au thriller (trafiquants de drogue, racketteurs, malfaiteurs), la première partie étant plus séduisante que la seconde. Et les deux acteurs qui jouent les ados sont les deux révélations du film, davantage que le couple Exarchopoulos-Civil.
Mélange des genres? « Le film de voyous reste un film de voyous, une comédie romantique reste une comédie romantique », dit Gilles Lellouche. « La fusion de ces deux genres est assez improbable mais j’ai toujours été attiré par les mélanges de genres et c’est ce qui m’a beaucoup stimulé dans ce projet. J’ai voulu vraiment traduire cette dynamique de chaud-froid ».
Film ambitieux
Un peu longuet (2h45), parfois un peu facile voire agaçant, mais remarquablement filmé, ambitieux, avec un gros budget et une distribution prestigieuse, L’AMOUR OUF, sélectionné en compétition au dernier Festival de Cannes, est riche de scènes fortes et/ou émouvantes. La première scène d’amour entre Clotaire et Jackie, sur la plage, est tout en pudeur, et une scène d’éclipse solaire (la seconde) tout en sensibilité contenue.
Il y a aussi –mélange des genres, toujours– des moments de comédie musicale dansée et, dans un autre style, les séquences d’action et de violence sont débridées. Mais c’est avant tout une belle histoire d’amour, ‘ »une comédie romantique et musicale ultra-violente », comme le qualifiait la première affiche, en 2021 au lancement du projet, qui montrait un cœur en gros plan car les deux amoureux « sont comme les deux ventricules du même cœur… »
Cet AMOUR OUF est un film passionnant, passionné. Un film de passion. Passion entre deux ados devenus adultes. Passion de Gilles Lellouche pour le cinéma. Passion que le film mérite de susciter chez les spectateurs qui le verront.
Jean-Michel Comte
LA PHRASE : « Bien, ce n’est pas suffisant » (Adèle Exarchopoulos).
- A voir :« L’AMOUR OUF » (France, 2h45). Réalisation: Gilles Lellouche. Avec Adèle Exarchopoulos, François Civil, Alain Chabat (Sortie 16 octobre 2024)
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