Sortie cinéma. Dans « LE MENU », le film du réalisateur britannique Mark Mylod (ce mercredi 23 novembre sur les écrans), une douzaine de riches clients dînent dans un restaurant sélect. Mais la soirée va se révéler très spéciale, et au déroulement inattendu. Un dîner épicé mais de mauvais goût.
« Le Menu » : on a envie de s’en aller sans attendre le dessert
C’est un dîner sur invitation, à 1.250 dollars par personne. Douze riches convives prennent un bateau et débarquent sur une île privée dans un restaurant isolé où les attendent le très réputé chef Slowik (Ralph Fiennes) et son équipe de cuisiniers, maîtres d’hôtel, sommeliers et serveurs.
Douze riches convives
Il y a un jeune couple d’amoureux, Margot et Tyler (Anya Taylor-Joy et Nicholas Hoult); une critique gastronomique et son rédacteur en chef; un acteur célèbre prétentieux et son assistante bimbo; un couple fortuné et âgé, habitué du restaurant; trois jeunes cadres odieux qui ont fait fortune dans la technologie; et une vieille dame solitaire et silencieuse.
Dans la grande salle du restaurant il y a d’un côté la cuisine apparente où s’affairent les cuisiniers et, de l’autre, une grande baie vitrée à travers laquelle les clients peuvent voir l’extérieur avant le coucher du soleil sur l’eau.
Amuse-bouches et plats raffinés
Après les amuse-bouches, le chef va dérouler son menu d’exception, aux plats raffinés accompagnés de vins somptueux. Premier plat: des saint-jacques; suivi du deuxième plat, « Assiette de pain sans pain » (6 sauces à déguster avec une cuillère en bois); puis le troisième, « Souvenirs »: cuisse de poulet avec des fajitas sur lesquelles les convives découvrent, gravés au laser, des photos volées de leur vie intime, des factures, des virements secrets, des documents compromettants…
Cela commence à devenir bizarre, pour tous les participants. Mais au quatrième plat, baptisé « La Pagaille », tout dérape vraiment. « C’est quoi ce délire? », demande Margot. « Ça fait partie du menu », dit le chef. Et la soirée va virer peu à peu, lentement mais sûrement, au cauchemar…
Huis clos inquiétant
C’est le quatrième film du réalisateur Mark Mylod après ALI G (2002), THE BIG WHITE (2005) et SEX LIST (2011). Il a aussi réalisé 6 épisodes de la série GAME OF THRONES entre 2015 et 2017.
Dans ce huis clos qui devient vite inquiétant, le spectateur a d’abord l’eau à la bouche en se demandant ce qui l’attend, le suspense montant peu à peu. C’est entre DIX PETITS NÈGRES (des personnages meurent les uns après les autres) et SANS FILTRE (les riches sont tellement snobs et insupportables), qu’on aurait transposés dans LA QUATRIÈME DIMENSION (tout cela est-il bien réel?).
Gore et invraisemblable
Mais très vite ça dérape, ça vire au gore et à l’invraisemblable. On finit par rester de glace et peu concerné par cette histoire dont les rebondissements frisent l’absurde et le ridicule, à l’image du ton prétentieux affiché par Ralph Fiennes, censé critiquer les errements de la cuisine élitiste modernement snob. Son personnage, le chef Slowik, « en est venu à détester ces clients du gotha et il se déteste lui-même pour s’être laissé corrompre par eux », explique l’acteur. « Cette clientèle n’est jamais satisfaite ».
Farce indigeste
Jamais satisfait? Oui, on a envie de s’en aller sans attendre le dessert –et c’est ce que feront plusieurs personnages, sans bien sûr y parvenir. Il pourrait arriver n’importe quoi dans cette histoire –et il arrive souvent n’importe quoi–, on s’en fiche.
Quitte à sauter un repas, mieux vaut se passer de ce dîner épicé mais de mauvais goût, qui tourne au conte faussement moral et à la farce. La farce est indigeste.
Jean-Michel Comte
LA PHRASE : « Ne mangez pas. Goûtez. Dégustez. Savourez » (le chef, Ralph Fiennes, avant le début du repas).
- A voir : « LE MENU » (« The Menu ») (États-Unis, 1h47). Réalisation: Mark Mylod. Avec Ralph Fiennes, Anya Taylor-Joy, Nicholas Hoult (Sortie le 23 novembre 2022)
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