« L’Innocent » : une savoureuse comédie policière signée Louis Garrel

[Sortie cinéma/L’Innocent]. C’est l’un des films les plus agréables et les plus réussis de la rentrée, un bonbon sucré au goût effervescent. « L’Innocent » (ce mercredi 12 octobre sur les écrans), quatrième film réalisé par l’acteur Louis Garrel, mélange subtilement l’humour d’une comédie, le suspense d’une histoire policière et l’émotion d’un film sentimental et familial.

« L’Innocent » : une savoureuse comédie policière signée Louis Garrel

Louis Garrel y interprète lui-même le rôle principal, celui d’Abel, un jeune veuf, guide dans un aquarium de Lyon, qui adore sa mère Sylvie (Anouk Grinberg) mais s’inquiète pour elle. Ancienne actrice, elle donne des cours de comédie à des détenus en prison et, pour la troisième fois en 10 ans, est tombée amoureuse de l’un d’eux, Michel (Roschdy Zem).

Magasin de fleurs

Sylvie et Michel se marient en prison et, peu après, celui-ci bénéficie d’une remise de peine après cinq années derrière les barreaux et s’installe avec sa nouvelle femme. Il trouve un travail chez Conforama mais décide d’ouvrir avec Sylvie un magasin de fleurs en plein centre-ville.

Tout cela ne plaît pas trop à Abel, qui espionne son nouveau beau-père, le prend en filature et s’aperçoit qu’il a toujours de mauvaises fréquentations. Avec sa meilleure amie Clémence (Noémie Merlant), il fait tout pour protéger sa mère. Mais tous deux vont se trouver embarqués dans une aventure imprévue et dangereuse, influencés par Michel…

Comédie policière

Pour son quatrième film comme réalisateur depuis 2015 (après LES DEUX AMIS, L’HOMME FIDÈLE et LA CROISADE), Louis Garrel change de registre et voulait faire une comédie policière. « Je voulais une histoire de famille et une affaire criminelle, un délit », explique-t-il. « Je ne voulais pas que cela soit une chronique familiale, intimiste, en mode mineur, mais tenais à un récit plus construit, plus assumé ».

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Il y a donc deux parties dans le film L’INNOCENT : d’abord Abel se méfie de Michel, l’espionne et le suit, dans le but de protéger sa mère; puis il finit par lui faire confiance, collabore avec lui et s’engage, avec Clémence, dans une histoire à suspense. « Il y a en effet deux parties. L’une est une chronique amusée et amusante, et la deuxième bascule dans le film d’action », ajoute Louis Garrel.

Acteurs formidables

Les quatre acteurs principaux sont formidables, notamment le couple formé par Anouk Grinberg, fofolle et pimpante, qui se fait rare au cinéma, et un Roschdy Zem mystérieux mais sympa, actuellement à l’affiche du film LES ENFANTS DES AUTRES. Mais sur la fin c’est Noémie Merlant (vue récemment dans LES OLYMPIADES) qu’on remarque surtout, notamment dans deux scènes où elle donne la réplique à Louis Garrel.

Du Lelouch

Les deux scènes, cocktails de drôlerie et de romance, sont à la fois bien jouées et remarquablement dirigées par l’acteur-réalisateur: l’une où ils jouent au couple dans un restaurant routier en vue d’un braquage et, auparavant, l’une où ils s’entraînent pour cela dans un hangar désaffecté, sur le regard de Michel et de ses copains louches.

Il y a du Lelouch dans la manière de filmer ces deux acteurs qui interprètent des personnages qui font semblant de jouer les acteurs, le vrai et le faux s’entrecroisant dans leurs répliques, leur attirance mutuelle inavouée et la nécessité de jouer la comédie pour préparer leur mauvais coup. C’est un délice d’acteurs.

Histoire inspirée par sa mère

Au générique de fin, Louis Garrel, fils du réalisateur Philippe Garrel, 74 ans, petit-fils de l’acteur Maurice Garrel (1923-2011), a signé une dédicace: « Pour ma mère et pour Azel ». Azel est le fils qu’il a eu en mars 2021 avec Laetitia Casta, dont il partage la vie depuis 2015.

Quant à sa mère, Brigitte Sy, 66 ans, actrice et réalisatrice, qui a fait des ateliers de théâtre en prison, elle a directement inspiré le personnage de Sylvie interprété par Anouk Grinberg. « Le point de départ du récit, c’est vraiment l’histoire de ma mère car elle s’est mariée en prison et tout de suite, je me suis bien entendu avec mon beau-père, qui m’a ouvert les portes d’un monde que je ne connaissais pas », explique Louis Garrel.

Vif et séduisant

Présenté hors-compétition au dernier Festival de Cannes, cet INNOCENT y a été très applaudi. Dès le générique très rigolo, on pressent que c’est un film drôle et léger, vif et séduisant, et l’on n’est ensuite jamais déçu par les scènes de comédie, le suspense qui plane pendant toute l’histoire, et le côté romantique des personnages.

Et, hommage à la mère du personnage principal, le film est parsemé de morceaux de tubes des années 70 et 80 –Mourir d’aimer de Charles Aznavour, Nuit magique de Catherine Lara, Une autre histoire de Gérard Blanc, ou le titre d’Herbert Léonard qui pourrait résumer le film: Pour le plaisir.

Jean-Michel Comte

LA PHRASE : « Ce n’est plus une prison, c’est un club de rencontre » (Abel, reprochant à sa mère de tomber souvent amoureuse de détenus et de les épouser: 3 en 10 ans).

• A voir : L’INNOCENT (France, 1h40). Réalisation: Louis Garrel. Avec Louis Garrel, Anouk Grinberg, Roschdy Zem (Sortie 12 octobre 2022)

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