Cinéma. « Les Olympiades » : Chassés-croisés sentimentaux dans le 13e

Sortie cinéma « Les Olympiades ». Amis, parfois amants, souvent les deux: quatre trentenaires (trois femmes et un homme) qui habitent le 13e arrondissement de Paris se croisent, se parlent, s’aiment, se repoussent, se séparent, se réconcilient dans « Les Olympiades », le nouveau film de Jacques Audiard, qui sort sur les écrans ce mercredi 3 novembre après avoir été présenté en compétition au dernier Festival de Cannes.

Cinéma. « Les Olympiades »: Chassés-croisés sentimentaux dans le 13e

Émilie (Lucie Zhang), Franco-Taïwanaise qui a grandi à Paris, vient de terminer Sciences Po mais a décidé de vivre de petits boulots (téléconseillère dans la vente de forfaits téléphoniques, serveuse) pour rester libre. Extravertie, un peu instable, elle cherche une colocataire mais quand Camille se présente, il s’agit d’un homme.

Célibataire de 30 ans

Ce Camille (Makira Samba), célibataire de 30 ans, est professeur de lettres mais est déjà désabusé par le système scolaire. Peu de temps après son arrivée, Émilie et lui commencent à coucher ensemble. Mais, contrairement à elle, il ne veut pas s’attacher: « on n’est pas ensemble, on est en coloc », dit-il.

Camille va coucher avec d’autres (et Émilie aussi), il va finalement quitter l’appartement et va démissionner de l’Éducation nationale pour ouvrir une agence immobilière. Il cherche alors une collaboratrice et engage Nora (Noémie Merlant), 33 ans, peu sûre d’elle et qui a quitté sa province et un passé douloureux pour reprendre ses études à Paris-Tolbiac.

Réseaux sociaux

La jeune femme sort d’une période pénible à Paris: lors d’une soirée étudiante, elle est arrivée avec une perruque blonde et un maquillage qui l’ont fait confondre avec Amber Sweet (Jehnny Beth), une jeune femme lui ressemblant et qui fait payer ses prestations sexuelles en direct sur Internet. Des étudiants ont répandu sur les réseaux sociaux la rumeur selon laquelle Nora était Amber Sweet, et sa vie est devenue un enfer.

Avec Camille, elle va retrouver sa sérénité et, quoique distante au début, va céder à ses avances. Mais elle va aussi joindre Amber Sweet sur Internet et commencer à dialoguer avec elle…

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Film mineur mais attachant

« Les Olympiades » est un film mineur mais attachant, singulier dans la filmographie de Jacques Audiard, qui a toujours évité de se laisser classer dans un genre ou dans un style depuis son premier film « Regardes les hommes tomber » en 1994. C’est bien différent d' »Un Prophète » (2009), de « De Rouille et d’Os » (2012), de « Dheepan », Palme d’or 2015 à Cannes, ou de son dernier film, le western « Les Frères Sisters » en 2018 –et bien sûr des deux derniers épisodes de la dernière saison de la série « Le Bureau des Légendes » en 2019, qu’il a réalisés.

« Je voulais faire un film sur le discours amoureux en privilégiant le versant comique car je suis profondément optimiste pour cette génération », explique le réalisateur dans le dernier numéro du mensuel Première. « J’avais envie de jeunesse ».

Tourné en six semaines

C’est donc un film léger, tourné rapidement et sans budget pharaonique. « Les Frères Sisters a été un projet trop lourd, trop long à porter », ajoute Jacques Audiard. « Le Bureau des Légendes » m’a permis de voir que j’étais à l’aise dans un timing serré. J’ai voulu le reproduire en tournant « Les Olympiades » en six semaines ».

Le film a été tourné en noir et blanc (sauf une séquence) dans le quartier des Olympiades dans le 13e arrondissement de Paris, où la population est très cosmopolite avec une importante communauté chinoise. Marivaudage moderne avec une belle dose d’humour, mêlant érotisme, amitié et amour, cette comédie sentimentale présente des personnages confrontés à une vie parfois difficile dans un monde parfois hostile (économiquement, socialement, sentimentalement), où chacun a envie d’aimer et d’être aimé, de trouver sa place dans la vie privée comme dans la société.

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Noémie Merlant

Le charme du film, au ton globalement optimiste, tient bien sûr à la belle performance des quatre acteurs principaux. Makita Samba est au-dessus du lot dans un personnage masculin pas toujours sympathique, Lucie Zhang est très à l’aise pour ses débuts au cinéma, Jehnny Beth est très crédible en webcam girl, mais c’est surtout Noémie Merlant qu’on remarque.

La jeune actrice multiplie les rôles très différents ces dernières années, prenant des risques et changeant souvent de registre: adolescente radicalisée par des islamistes dans « Le Ciel Attendra » en 2016, fiancée délaissée par le soldat napoléonien Jean Dujardin dans « Le retour du Héros » en 2018, muse sensuelle de l’érotomane Pierre Louÿs dans « Curiosa » en 2019, jeune peintre amoureuse de son modèle féminin dans « Portrait de la jeune fille en feu » en 2019, elle est ici le personnage le plus ambigu et le plus riche du film, et fait preuve d’une belle présence.

Jean-Michel Comte

LA PHRASE

« Je baise, et je vois après » (Émilie).

• A voir : « Les Olympiades » (France, 1h46). Réalisation: Jacques Audiard. Avec Lucie Zhang, Makita Samba, Noémie Merlant (Sortie le 3 novembre 2021)

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