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"Petite fleur" : José (Daniel Hendler, à gauche) rend visite à son voisin Jean-Claude (Melvil Poupaud) pour lui emprunter une pelle, et trinque avec lui –avant de le tuer (©Carole Bethuel/KMBO).

Sortie cinéma « Petite Fleur ». Ce serait, selon la bande-annonce, « le film le plus mortel de l’année ». Il peut disputer ce titre à « Coupez! », sorti récemment: « Petite Fleur », le film du réalisateur argentin Santiago Mitre (ce mercredi 8 sur les écrans), est « mortel » au sens propre avec de vrais-faux cadavres, et au sens figuré –comme on dit « mort de rire ».


« Petite Fleur » : une comédie drôle, burlesque, macabre et sanglante


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« Petite Fleur »: un film mortel avec de vrais-faux cadavres

Car c’est une comédie macabre et drôle, qui navigue entre le burlesque et le sanglant, l’absurde et le romantisme, le fantastique et l’intimisme, et dans lequel l’humour s’immisce entre deux giclées d’hémoglobine.

Dessinateur argentin

Un jeune couple, avec leur fillette de 7 mois, s’est installé à Clermont-Ferrand après avoir quitté l’Argentine. Lui, José (l’acteur uruguayen Daniel Hendler), dessinateur argentin qui a suivi en France sa femme Lucie (Vimala Pons), a trouvé un emploi comme graphiste pour « une célèbre marque de pneus ». Mais il est viré au bout de deux mois.

Lucie décroche à son tour un poste dans un journal local et c’est donc José qui reste à la maison et s’occupe de leur enfant. Peu à peu la routine, voire l’ennui, s’installe dans le couple, avec ses moments de disputes et de froideurs.

Une pelle

Mais José et Lucie restent très amoureux. Et la routine va disparaître pour José quand celui-ci rend visite à leur voisin Jean-Claude (Melvil Poupaud), pour lui emprunter une pelle afin de planter un arbre dans son jardin.

Dandy amateur de bon vin et de jazz (il possède 1.533 vinyles et a accroché au mur trois clarinettes et une cymbale dédicacée), petite moustache et cheveux gominés, Jean-Claude travaille dans une entreprise d’audit et habite une luxueuse villa. Il se montre un peu moqueur à l’égard de José et, agacé, celui-ci le tue d’un coup de pelle.

Mais qu’elle n’est pas la surprise de José quand, deux jours plus tard, il recroise Jean-Claude dans la rue, qui lui dit « Bonjour voisin! Comment ça va? Il faut revenir me voir un de ces jours… »

Tourné en français

Tourné en France et en français, c’est le quatrième film du réalisateur argentin Santiago Mitre, 41 ans, après trois films qui parlaient davantage de social et de politique. « C’est une histoire de vie et de mort, et peu importe dans quel ordre », dit au début le personnage de Jean-Claude, en voix off.

On est plongé entre mystère et rigolade dans la première moitié, avec le duo Melvil Poupaud/Daniel Hendler et le super-pouvoir de celui-ci d’assassiner sans tuer. On est ensuite moins convaincu quand le film change de direction et raconte comment Lucie brise de son côté la routine en allant voir un gourou psychologue (Sergi Lopez) qui organise des thérapies de groupe.



Vimalas Pons déborde de dynamisme

Pourtant là aussi le duo d’acteurs est savoureux: Vimala Pons, qui fait du cirque et du théâtre en plus du cinéma et qu’on avait remarquée notamment en 2016 dans MARIE ET « Les Nauffragés », a un beau tempérament et éclabousse le film de son dynamisme; et l’on revoit avec plaisir un Sergi Lopez massif, barbu, large boucle dorée à l’oreile gauche, trois grosses bagues, collier de perles en bois sur son col roulé, costume en velours brun –ou en gilet péruvien, écharpe de soie et pantalon bouffant.

Le couple, l’amour, la vie de famille: c’est sur un ton décalé et avec ce mélange de fantastique et d’humour que le réalisateur a voulu montrer que la routine ne tue pas forcément le bonheur et qu’il y a bien des façons de la surmonter. « C’est une idée poétique qu’on peut trouver étrange mais que j’aime beaucoup », dit-il. « La routine peut être une forme de bonheur, et on ne le comprend qu’en devenant adulte. Or, mes personnages sont en train de devenir adultes. Disons que j’y crois, mais que ce n’est pas une religion! ».

Sidney Bechet

Quant au titre du film, il fait référence au célèbre morceau de jazz de Sidney Bechet, que le voisin Jean-Claude fait écouter régulièrement à José après sa vraie-fausse mort. On a droit aussi à la chanson qu’en a tirée Henri Salvador et même, au générique de fin, à une version interprétée par Benjamin Biolay.

Pourtant ce n’est pas le morceau préféré du réalisateur, avoue-t-il: « Non, j’aime la musique, j’ai eu ma période jazz, mais je ne connaissais pas spécialement Petite Fleur, cette composition de Sidney Bechet ».

Jean-Michel Comte

LA PHRASE :« Bien faire le salaud n’est pas donné à tout le monde » (Melvil Poupaud).


  • A voir : « Petite Fleur » (France/Argentine, 1h38). Réalisation : Santiago Mitre. Avec Melvil Poupaud, Daniel Hendler, Vimala Pons. (Sortie 8 juin 2022)

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