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Cary Grant imposa l'image de la "virilité masculine" dans ses rôles au cinéma

Livre. Professeure de littérature à l’université de Yale puis à Lille, Martine Reid propose, dans un texte enchanteur « Être Cary Grant », le portrait d’un Anglais pas spécialement doué devenu à Hollywood une éternelle ciné-star…


Il imposa l’image de la « virilité masculine » dans ses rôles. Une image pourtant loin de qui était réellement Archibald Alexander Leach alias Cary Grant : un homme colérique, obsessionnel, paranoïaque, consommateur de LSD et homosexuel– tout ce qui, à Hollywood, révulsait les producteurs et autres petits marquis des studios…


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Cary Grant imposa l’image de la « virilité masculine » dans ses rôles au cinéma

Dans un dernier entretien paru en 1986, il confiait : « Nous sommes ce que nous sommes dans l’opinion des autres. C’est à eux de se faire une idée de ce que nous sommes ». Le même avait dit aussi, en une autre occasion : « Tout le monde veut être Cary Grant. Même moi, je veux être Cary Grant »… Voilà une bien belle matière, un bien beau sujet dont, professeure de littérature française à l’université de Lille après avoir enseigné à Yale University et spécialiste des œuvres de femmes, Martine Reid a écrit un livre au titre enchanteur : « Être Cary Grant ».


Livre. « Être Cary Grant » : docteur Jekyll et mister Hyde à Hollywood


Né Archibald Alexander Leach à Bristol en 1904, abandonné par son père qui lui a assuré que sa mère était morte (alors qu’elle était enfermée dans un asile), il filera en Amérique dans les premières années 1920, se glissera à Hollywood et deviendra une ciné-star, pas spécialement bon acteur mais par la grâce d’un physique exceptionnel, il incarnera « l’homme idéal ».


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Les producteurs de la Paramount Pictures le font changer de nom, lui l’Anglais d’origine modeste, lui imposent une nouvelle identité (facile à mémoriser, avec ses trois syllabes) « pour incarner, écrit Martine Reid, un type, moitié clown, moitié héros sentimental, dont le public du cinéma est alors particulièrement friand » et le décrètent « homme à femmes »– il se mariera cinq fois ! Encore Martine Reid : « En 1932, la direction de la Paramount Pictures a transformé un Anglais d’origine modeste (…) en leurre de cinéma. (…) comme un chien porte un collier, un prisonnier son matricule, l’homme a été maquillé, habillé de neuf, placé sous le feu des projecteurs. Il a reçu des indications précises sur les gestes qu’il aurait à effectuer et les mots qu’il lui faudrait prononcer ».

Idéal érotique et hétéro-normé du moi, il a tourné dans soixante-douze films avec les plus grands réalisateurs, dont Alfred Hitchcock pour le cultissime « North by Northwest »– en VF, « Mort aux trousses » (1959). Des rôles à travers lesquels il imposa l’image de la « virilité masculine ». Une image pourtant loin de qui était réellement Archibald- Cary : un homme colérique, obsessionnel, paranoïaque, consommateur de LSD et homosexuel– tout ce qui, à Hollywood, révulsait les producteurs et autres petits marquis des studios… Cary Grant, c’était docteur Jekyll et mister Hyde à Hollywood !

être cary grantSerge Bressan

A lire : «Être Cary Grant» de Martine Reid. Gallimard, 160 pages, 16 €.


EXTRAIT   

«Couchent-elles avec Grant, avec Leach, avec un subtil mélange des deux ? S’en soucient-elles seulement ? Qu’en pense-t-il quant à lui ? C’est en tout cas le cinéma qui a révélé la beauté singulière de cet homme, qui l’a polie et affinée, qui a travaillé à estomper puis à faire pratiquement disparaître l’absence de manières, de grâce et d’élégance du natif de Bristol, et qui l’a si souvent montré en tuxedo qu’on a fini par croire qu’il ne quittait jamais son costume…»


 

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