pour la france
"Pour la France": Karim Leklou (à gauche) et Shaïn Boumedine. (GOPHOTO/MIZAR FILMS)

Cinéma/interview. On a présenté ici « Drôle d’endroit pour des rencontres », le festival de cinéma de Bron dans la métropole lyonnaise. L’occasion de voir en avant-première quelques films sélectionnés par l’équipe du cinéma Les Alyzés. We Culte en a profité pour rencontrer Rachid Hami, le réalisateur de « Pour la France » et son acteur principal Karim Leklou, dont l’émouvant film évoque la mort de son frère lors d’un rituel d’intégration à Saint-Cyr, l’école des cadres supérieurs de l’armée française. Entretien.


« Pour la  France » de Rachid Hami: « J’ai rencontré des gens dans l’armée avec qui j’ai eu des difficultés mais aussi des gens formidables qui ont beaucoup aidé ma famille et nous ont beaucoup soutenus »


« Pour la France » est le second long métrage du réalisateur. Dans « La mélodie », son premier film, il racontait l’histoire d’un violoniste en difficulté, joué par Kad Merad, qui réussissait une expérience admirable dans la classe d’un collège de banlieue. Changement de ton avec « Pour la france » où Rachid Hami évoque la mort de son frère lors d’un rituel d’intégration à Saint-Cyr, l’école des cadres supérieurs de l’armée française.

Ce drame lui permet également de racontrer avec tendresse son histoire familiale et d’évoquer sa relation avec ce frère disparu qui est le fil conducteur de cette histoire. « Pour la France » est un film émouvant et tout en nuances qui, casse bien des codes, que ce soit sur l’armée comme sur la jeunesse d’origine immigrée qui cherche sa place dans la société française.

pour la france film
« Pour la France » de Rachid Hami

Rachi Hami, Votre histoire familiale a-t-elle beaucoup inspiré votre film ?

Rachid Hami : L’idée c’était de faire une famille de cinéma. J’ai voulu explorer les méandres d’une famille et filmer une odyssée familiale. Je me suis inspiré de ma famille pour en faire un objet de cinéma. Gamin, en lisant Antigone, je n’ai jamais pensé que cela me concernerait. J’ai voulu donner de la grandeur à mes personnages issus de milieux modestes, une grandeur dans laquelle on ne les voit pas d’habitude. J’ai veillé en même temps que leur singularité en fasse des personnages uniques.

Karim Leklou, avez- rencontré des difficultés à entrer dans votre personnage qui est celui de votre propre réalisateur ?

Karim Leklou : Il n’a jamais été question de le copier par effet de mimétisme. On a toujours été dans une démarche de cinéma et nous avons créé ensemble un personnage qui n’était ni Rachid, ni moi-même. La grandeur de son scénario c’était justement de dépasser son histoire personnelle pour aller vers quelque chose d’universel.

Rachid Hami, comment avez-vous choisi le titre de votre film ?

Rachid Hami : Le titre est venu quand on s’est rendu compte que le film parlait d’un destin français, celui d’un jeune homme qui était prêt à mourir ou à tuer pour la France. La France c’est un idéal, c’est une fiction dans laquelle on évolue tous en tant que citoyen. On a tous un rôle à jouer pour arriver à cet idéal de liberté, d’égalité et de fraternité qu’on recherche depuis 300 ans.



Karim Leklou, Comment êtes-vous rentré dans ce projet de Rachid Hami ?

Karim Leklou : Je m’attendais à un certain type de film, une sorte formatage américain, et j’ai trouvé un cinéma tout en nuances, celui d’un destin français qui se déroule dans trois pays, l’Algérie, la France et Taïwan.

J’ai été très touché par l’universalité de l’histoire de cette fratrie. Et j’ai aimé que le scénario me surprenne. Puis il y a eu tous ces acteurs dont j’admirais le travail et la discussion avec Rachid qui a une très forte conscience de la mise en scène. C’était passionnant et un vrai défi d’acteur de travailler avec quelqu’un qui a une idée affirmée de la mise en scène et finalement de pouvoir « danser » avec lui. Tourner avec un réalisateur c’est en effet comme apprendre à danser avec quelqu’un.

pour la france film
« Pour la France » (GOPHOTO/MIZAR FILMS)

Rachid Hami, après le drame que vous avez vécu, quelle est votre perception de l’armée française ?

Rachid Hami : Mon frère était militaire, saint-cyrien. J’essaie d’être le plus sincère possible par rapport à l’expérience que j’ai vécue. J’ai rencontré des gens dans l’armée avec qui j’ai eu des difficultés mais aussi des gens formidables qui ont beaucoup aidé ma famille et nous ont beaucoup soutenus.

Quelle place occupe la religion dans Pour la France ?

Rachid Hami : L’intérêt de montrer un personnage qui fait sa prière à Taipei, cela raconte beaucoup de choses sur lui qui est prêt à se sacrifier pour la France. Il est aussi musulman et être musulman cela n’est pas une tare. Je suis moi-même musulman, une religion de l’acceptance de l’autre, de tolérance et de générosité. Je suis convaincu que la spiritualité lie tous les hommes, quelle que soit leur religion.

Entretien réalisé par Yves Le Pape

  • A voir : « Pour la France », un film de Rachid Hami avec Karim Leklou, Shaïn Boumedine, Lubna Azabal, Samir Guesmi, Laurent Lafitte de la Comédie-Française. Plus d’info sur le site du film ICI

LAISSER UN COMMENTAIRE

Laissez un commentaires
Merci d'entrer votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.