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"Visions" : pilote de ligne, Estelle (Diane Kruger) a des cauchemars prémonitoires qui vont bouleverser sa vie privée et sa vie professionnelle (©SND).

Sortie cinéma. Pour la rentrée cinématographique, vous prendrez bien un thriller haletant et mystérieux? Dans « VISIONS », qui sort ce mercredi 6 septembre sur les écrans, Diane Kruger fait des cauchemars prémonitoires –dont le spectateur ne comprendra l’explication qu’à la fin du film.

"Visions" : Diane Kruger (©SND)
« Visions » : Diane Kruger (capture d’écran)

Pilote de ligne confirmée, Estelle (Diane Kruger) mène, entre deux vols long-courriers, une vie parfaite avec Guillaume (Mathieu Kassovitz), son mari chirurgien, aimant et protecteur. Ils vivent dans une superbe villa sur la côte, avec immense jardin, piscine, baies vitrées, système informatique de télésurveillance, Porsche et moto, jus de fruits bio en bouteilles dans le frigo. Ils planifient leurs rapports sexuels pour avoir un enfant.

Un jour, par hasard, dans un couloir d’aéroport, Estelle recroise la route d’Ana (Marta Nieto), ravissante photographe avec qui elle a eu une aventure passionnée 20 ans plus tôt. Estelle aime son mari mais se laisse séduire à nouveau par son ancienne amante.

Zone de turbulences

Toutes les deux se revoient, refont l’amour, s’échangent des textos. Lesbien raisonnable? Non, car Estelle entre dès lors dans une zone de turbulences, dans sa vie privée comme dans sa vie professionnelle.

Souffrant de troubles du sommeil et accro aux somnifères, la pilote de ligne se met à avoir des rêves sombres, violents et, pense-t-elle, prémonitoires. Syndrome confusionnel, hallucinations, vrais-faux souvenirs: pour elle, les cauchemars ne font que commencer…

Obsession amoureuse

« Si je devais présenter le film, je dirais que sous ses airs de thriller paranoïaque, VISIONS est avant tout un film sur la passion et l’obsession amoureuse », explique le réalisateur, Yann Gozlan, spécialiste des thrillers et dont c’est le cinquième film après  CAPTIFS (2010), « UN HOMME IDÉAL » (2015), BURN OUT (2017) et « BOÎTE NOIRE » (2021).

C’est donc la rencontre entre Estelle et Ana qui va amener la pilote de ligne à basculer psychologiquement. Et va conduire le réalisateur, dans son film, à opposer d’un côté le monde réel « et, de l’autre, un univers souterrain, celui du désir et des rêves, de l’inconscient et des pulsions, de la violence et de l’irrationnel ».

Diane Kruger omniprésente

« Je voulais montrer comment cette femme dans le contrôle de son existence, allait, en renouant avec un amour passé, perdre pied. Rendre compte de cette mécanique du dérèglement et de ce vertige dans lequel cette femme plonge, voilà ce qui m’a animé tout au long de la réalisation du film », ajoute Yann Gozlan, dont les personnages, ici comme dans ses films précédents, oscillent entre maîtrise totale et perte de contrôle.



Diane Kruger, omniprésente, illustre brillamment l’ambivalence de son personnage, avec à ses côtés deux seconds rôles intrigants: Ana, interprétée avec sensualité par l’actrice espagnole Marta Nieto, révélée dans « MADRE » en 2020; et un Mathieu Kassovitz qui, dans le rôle du mari, attend patiemment que le scénario lui donne un peu d’épaisseur.

Effets faciles

Bien sûr les effets faciles ne manquent pas, pour piéger le spectateur, et notamment l’entraîner dans des séquences haletantes qui se révèlent n’être que des rêves d’Estelle. Une fois, deux fois, trois fois: à la longue, on finit par se dire que le procédé est abusif, pour créer artificiellement la surprise et renouveler régulièrement le suspense.

Mais c’est la base du scénario, se défend le réalisateur: « Cette confusion entre rêve et réalité est au cœur de VISIONS. Pour la renforcer, j’ai d’ailleurs cherché à filmer les scènes de cauchemar comme des séquences réalistes et a contrario distiller un malaise, une angoisse sourde et une étrangeté dans les scènes dites «réelles», en suggérant une menace omniprésente ».

Hitchcock comme référence

Cela donne une ambiance qui n’est pas sans rappeler « BASIC INSTINCT » par exemple, ou –toutes proportions gardées– certains film d’Alfred Hitchcock, de son disciple Brian De Palma ou de David Lynch. « Mon ambition était de raconter et filmer cette histoire en la traitant avec les armes du cinéma qui me passionne depuis toujours, celui d’Hitchcock, un cinéma qui fait participer le spectateur en jouant avec son intelligence et avec ses nerfs », avoue Yann Gozlan.

Et cela est plutôt habilement filmé et mis en scène: élégance des images, recherche de l’esthétisme, montage astucieux, acteurs impeccables, scènes érotiques, décors soignés (comme la villa d’Ana, créée pour le film: une maison d’architecte de style Bauhaus au bord de l’eau, construite dans la roche et installée sur une plage isolée avec un terre-plein qui surplombe l’ensemble).

Schizophrénie

Paranoïa dans son précédent film « BOÎTE NOIRE », schizophrénie ici: le réalisateur s’amuse à créer le suspense avec les psychoses dont peut parfois souffrir le cerveau humain. À la fin, on est libéré de connaître enfin le fin mot de l’histoire et la signification des cauchemars de Diane Kruger –même si l’on est un peu frustré par cet épilogue (tout ça pour ça?) qui n’efface pas toutes les interrogations ou invraisemblances du film. Mais une chose est sûre à l’issue de VISIONS: pendant deux heures, on ne s’est pas ennuyé une seconde.

Jean-Michel Comte

LA PHRASE : « Je n’ai rien oublié du tout. Je ne sais pas comment font les gens » (Estelle à Ana, après leurs retrouvailles).


  • A voir : « VISIONS » (France, 2h00) Réalisation: Yann Gozlan. Avec Diane Kruger, Mathieu Kassovitz, Marta Nieto (Sortie 6 septembre 2023)

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