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Wim Wenders a reçu le prix Lumière 2023 (c) Loic Benoît

Festival Cinéma. Avec cette 15e édition le Festival Lumière confirme sa place d’évènement majeur du cinéma classique dans le monde. Des premiers films des frères Lumière tournés à Lyon jusqu’aux avant-premières de quelques grands films d’aujourd’hui, Thierry Frémaux et son équipe de l’Institut Lumière a fait le choix de mettre en avant toute la variété du cinéma de qualité. A l’image de films de grand divertissement comme ceux de Disney dont on célèbre le centenaire ou de longs métrages les plus engagés comme cette « Marée noire, colère rouge » que René Vautier filmait dans le Finistère à la fin des années 70. Invité d’honneur, Wim Wenders a reçu le Prix Lumière et a donné une master class. Le réalisateur a exprimé un point de vue très pessimiste sur l’avenir du cinéma à l’ère de la révolution numérique et a manifesté sa solidarité avec les grévistes d’Hollywood alertant sur la menace de l’intelligence artificielle.


WIM WENDERS : Le grand moment de rencontre avec le réalisateur a été sa master class qui s’est déroulée aux Célestins


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Wim Wenders (© Julie Sebadelha/AFP

C’est Fabrice Lucchini qui a marqué la cérémonie d’ouverture du 15e Festival Lumière. Manifestement très ému de se trouver devant un public de 5 000 spectateurs, il a reconnu que ce rendez-vous avec les cinéphiles lyonnais lui donnait envie de faire preuve d’une bienveillance assez inhabituelle chez lui.

Irène Jacob, présidente de l’Institut Lumière et de nombreux artistes comme le réalisateur Wes Anderson ont ouvert le Festival. Toute l’assistance a participé ensuite à une immense karaoké qui va devenir très probablement une nouvelle tradition dans un festival qui s’inscrit maintenant dans une histoire ouverte en 2009 avec le prix Lumière attribué à Clint Eastwood.

Cette année c’était au tour de Wim Wenders de prendre toute la lumière du Festival. Dès son arrivée à Lyon il était présent à la fin de la projection d’Anselm, une des plus belles avant-premières de cette édition. C’est un film en 3D consacré à son ami Anselm Kiefer, un des plus grands peintres et sculpteurs de notre temps, un film passionnant et un réalisateur d’une immense simplicité qui répondait d’une façon si claire aux questions du public.

Le grand moment de rencontre avec Wenders a été sa master class qui s’est déroulé aux Célestins, un majestueux théâtre à l’ancienne lyonnais. Sur scène, Thierry Frémaux y a engagé la conversation avec son ami Wim. Cet échange coule de source et parcourt toute une vie d’artiste. La maîtrise de la langue française de Wenders facilite évidemment l’entretien qui est sans doute un des plus réussis de toutes les éditions du Festival.

Le sommet de cette édition est comme chaque année la soirée de remise du prix Lumière devant une salle de 3000 festivaliers au Centre des Congrès de Lyon. Là aussi des traditions se sont imposées : l’entrée des artistes invités, les moments musicaux avec de la musique cubaine rappelant celle de Buena Vista Social Club et Jeanne Cherhal chantant Perfect Day en l’honneur du réalisateur.

Intense fut ensuite l’émotion au moment de la lecture par Vincent Lindon d’un beau texte écrit par Wenders puis quand celui-ci s’est exprimé après la remise du prix Lumière.


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Le festival s’est poursuivi le samedi avec un passionnant concert de musiques de films en l’honneur de Bertrand Tavernier dont la mémoire reste justement présente dans un festival qui lui doit tant. La séance de clôture s’est déroulée le dimanche dans une Halle Tony Garnier pleine à craquer, en présence de Jean-Jacques Annaud dont on a présenté une version restaurée du grandiose « Le Nom de la Rose ».

On a ainsi assisté à un festival du cinéma classique ouvert à quelques films d’aujourd’hui. Plusieurs moments ont également donné l’occasion de réfléchir au cinéma de demain. Wim Wenders l’avait fait il y a 40 ans dans « Chambre 666 » en interrogeant les cinéastes de cette époque sur leur vision de l’avenir du cinéma.

Avec « Chambre 999 » la réalisatrice Lubna Playoust a repris le même dialogue avec les réalisateurs contemporains. Et Wenders a lui-même exprimé un point de vue très pessimiste sur l’avenir du cinéma à l’ère de la révolution numérique et manifesté sa solidarité avec les grévistes d’Hollywood alertant sur la menace de l’intelligence artificielle.

Yves Le Pape

 

 

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