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Christophe Airaud : exposition "Suerte", Galerie Rastoll, Paris

Photo. Ouverture aujourd’hui de « Suerte ». Une exposition de Christophe Airaud qui témoigne de la vision tauromachique du photographe, à travers une quinzaine de clichés donnant à voir les toreros au moment de l’entrée dans l’arène. A découvrir du 1er au 26 février, Galerie Rastoll, à Paris.


Christophe Airaud dans ses habits de lumière à la Galerie Rastoll


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Christophe Airaud dans l’arène du Plumaçon à Mont-de-Marsan (Landes)

L’ENTRÉE DANS L’ARÈNE

L’art tauromachique a depuis longtemps fasciné les peintres, les écrivains et les photographes. Aussi, on ne s’étonne pas que Christophe Airaud ait voulu témoigner des «cinq minutes avant de pénétrer dans l’arène». Le voilà au cœur de la corrida, dans la chaleur étouffante et la lumière d’été des arènes du Plumaçon à Mont-de-Marsan (Landes), tentant de saisir à travers son objectif les sentiments qui habitent les toréros. Prière, peur ? A quoi pensent ces hommes qui s’apprêtent à combattre le taureau et à mettre leur vie en jeu ?



Le photographe s’est glissé dans leur «mundillo» pour essayer de capturer leur visage, leur regard tourné vers le ciel, entre terre ocre et puissance de l’animal : «Suerte para todos…» (bonne chance à tous…) se répètent-ils au moment de faire leur entrée, où tout se joue quand la vie et la mort se croisent en un destin commun. Comme l’écrit Ernest Hemingway dans son roman « Mort dans l’après-midi » : « Le matador doit dominer le taureau par son savoir et son art. C’est dans la mesure où il y parvient avec grâce qu’il sera beau à regarder ».

LE REGARD DES TOREROS

Si du combat proprement dit on ne voit rien, c’est que seuls le temps du regard et l’esthétique taurine, intéressent l’œil de Airaud qui rapporte 15 photographies, présentées à l’occasion de sa troisième exposition à la Galerie Rastoll à Paris : «Une corrida est une scène, un spectacle » confie-t-il « Alors que, quelques minutes auparavant, la parole, parfois les rires, les échanges habitent ce que l’on appelle le patio de caballo, à 17H 55, 5 minutes avant 18h et le paseo (le défilé des toreros), le silence s’installe. Les regards s’échappent, le silence des prières envahit l’air chaud. C’est ce que j’ai tenté de capturer ».



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© Christophe Airaud « Ainsi soit-il »

RITUEL DE LA TAUROMACHIE

Des images associées en diptyque avec d’autres clichés, où se mêlent animaux, terre et bouquets, faisant écho au rituel de la tauromachie : «Je n’aurais pas la volonté ni le courage de discuter du bien-fondé de ce rituel anachronique. Je le pense, au contraire, comme une sauvegarde face aux barbaries » explique le photographe : «Mon but était bien de voler cet instant à des hommes qui savent que leur vie va se jouer durant les deux heures à venir et qu’ils risquent de la perdre là dans l’arène. Ils sont professionnels, quelques minutes avant de rentrer dans un autre monde, ils étaient des hommes. Pour répondre aux questions de légitimité, je pense que la tauromachie abrite le peu de magie qui existe encore dans nos sociétés. J’ai tenté de capturer cette magie noire, entre peur et détermination».

Victor Hache

  • A voir : Exposition « Suerte », du 1er au 26 février. Galerie Rastoll, 16 Rue Sainte-Anastase, 75003 Paris.

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