Cimabue au Louvre : le peintre qui a révolutionné l’art médiéval

Cimabue : "Maestà" après restauration © C2RMF, Thomas Clot

Exposition. Le Musée du Louvre consacre une exposition exceptionnelle à Cimabue, pionnier du renouveau pictural en Occident, intitulée « Revoir Cimabue aux origines de la peinture italienne ». Peintre florentin du XIIIe siècle, il rompt avec l’iconographie byzantine en humanisant ses figures et en introduisant le naturalisme. L’exposition met en lumière son influence déterminante, notamment sur Giotto, à travers une quarantaine d’œuvres, dont « La Maestà » et « La Dérision du Christ », récemment restaurée. Un moment unique pour redécouvrir cet artiste visionnaire, considéré comme le premier maître de la peinture occidentale qui révolutionna l’art médiéval. À voir jusqu’au 12 mai 2025

Entre 1280 et 1290, la peinture dans les monastères et les églises changea radicalement. Grâce à un homme visionnaire né à Florence vers 1240, qui voulut représenter la figure du Christ et des saints dans leur environnement, avec des corps, des objets, soit le monde tel qu’il était vu et connu. Il se nommait Cimabue.

Cimabue travailla pour les frères franciscains. Il a peint des fresques (basilique Saint François d’Assise), des tableaux pour les autels, des crucifix, ces derniers étant peints avec des améliorations. Davantage de souplesse dans le torse et le ventre, un visage plissé par la douleur passant à un visage apaisé, comme le souhaitaient les Franciscains, soit l’image de la théologie de l’incarnation.

De Cimabue, seulement une quinzaine d’œuvres sont connues. Deux ont une importance particulière pour le Louvre : « La Maestà » qui serait l’acte de naissance de la peinture occidentale. Acquise en 2023 et « La Dérision du Christ », un panneau, sur huit peints, redécouvert en 2019, classé Trésor national, donc interdit de quitter le territoire. Celui-ci est présenté pour la première fois au public après restauration.

Ces deux œuvres sont le point de départ de l’exposition composée de 40 autres peintures réalisées par les peintres qu’il influença. Elles ont porté à la connaissance du plus grand nombre un artiste qui renouvela l’art médiéval.



Avec Cimabue, s’ouvre le naturalisme en occident. La peinture orientale, venue avec les icônes byzantines, cède devant une peinture inventive tel le volume donné au corps, des dégradés plus subtils, des membres plus souples, des visages offrant des émotions….Alors que les icônes devaient à l’origine représenter des images du Christ et des saints, les personnages devant représenter le divin, le sacré et non ressembler à des humains.

C’est avec cette manière de peindre des figures figées que Cimabue veut rompre. A l’image de « La Maestà » du Louvre, œuvre monumentale (4,27 x 2,8 m) où les images saintes sont humanisées.

Le véritable nom de Cimabue était Cenni di Pepo. L’artiste subjugua le poète Dante qui en fera un mythe dans « Le Purgatoire » de « La Divine comédie » et influencera même les Medicis. Il fut le maître de Giotto. D’après les historiens, le jeune Giotto fut certainement frappé par les œuvres de son aîné. Il imposa dans ses créations que les artistes doivent s’affirmer d’une manière bien à eux. Ainsi, la nouveauté est devenue le centre de l’expression artistique. C’est l’émulation qui les guidera.

Concernant le monumental diptyque que l’on peut admirer, il fut composé à l’origine de huit panneaux dont seuls trois sont connus. L’un est à Londres, le second à New-York, le troisième au Louvre. Les trois sont réunis pour la première fois.

A la fin du parcours de l’exposition, on peut admirer « Saint François d’Assise recevant les stigmates » de Giotto, montrant que ce dernier a été profondément marqué par le grand Cimabue, lequel meurt à Pise en 1302. A l’orée du 14ème siècle, les voies du renouveau de la peinture s’ouvraient.

Jane Hoffmann

  • Exposition : « Revoir Cimabue aux origines de la peinture italienne », Musée du Louvre, Paris. Jusqu’au 12 mai 2025

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Jane Hoffmann