Exposition. Au musée d’Orsay à Paris, l’exposition « Caillebotte, peindre les hommes » évoque le parti-pris de l’artiste qui aimait représenter son environnement, les parties de campagne autour de Paris ou le quartier entièrement neuf du baron Haussmann. Ce faisant, sa peinture montre la masculinité, ouvriers des villes, homme au balcon, sportif, le nu masculin à sa toilette vu de dos, ou des régatiers. Notre Avis **** : une exposition évènement qui rassemble 70 tableaux, organisée l’année du 130e anniversaire de la mort de Gustave Caillebotte (1894), peintre impressionniste dont l’œuvre moderne témoigne de la prédilection du peintre pour les figures masculines et les portraits d’hommes. A voir jusqu’au 19 janvier 2025.
La puissance virile qui se dégage des sujets de Gustave Caillebotte renouvelle l’impressionnisme et rend toute sa modernité à un genre qui risquait de s’enliser dans la mièvrerie. Organisée pour le 130ème anniversaire de sa mort, 1894, le projet a été mis en œuvre grâce à l’acquisition de deux des plus importantes peintures de l’artiste par le J-Paul Getty Museum : « Jeune homme à sa fenêtre » et par le musée d’Orsay « Partie de bateau ». Cette année 1894, Gustave Caillebotte légua à l’Etat sa collection de peintures impressionnistes.
Un autre chef-d’œuvre « Rue de Paris, temps de pluie », prêté par la ville de Chicago, et 70 œuvres environ composent cette riche exposition complétée par des études, dessins, photographies, etc.
L’événement est dans la continuité des nombreuses expositions depuis 1994 à Paris ou à Chicago, qui ont fait découvrir Gustave Caillebotte (1848-1894), ses liens entre peinture et photographie, l’art des jardins, ses sujets urbains.
Collection Musée d’Orsay – Musée des Beaux-Arts, Rouen. Achat, 1943
© Musée d’Orsay, dist. RMN-Grand Palais
Au musée d’Orsay, on peut admirer un portrait de l’artiste (1892) « Au café » où il se tient les mains dans les poches, montrant le détachement d’un homme encore jeune, dans une attitude incroyablement moderne.
On trouve également « Rue de Paris, temps de pluie », « Le Pont de l’Europe » (1876-1877) où le sujet principal du tableau n’est pas le personnage mais les poutrelles métalliques de ce pont de rue en plein Paris ou encore « Le Nageur » (1877) où un garçon s’apprête à plonger dans une rivière couleur turquoise.
Notre Avis ****
A l’encontre de Courbet ou de Millet, Caillebotte n’est jamais moralisateur, politique ou social. Il montre des hommes en activité, dans le travail ou les loisirs. Si son chef-d’œuvre « Les Raboteurs de parquet » est aussi célèbre, c’est d’abord qu’il a été refusé au Salon de 1875 pour son « quotidien trop banal ». Sa touche à lui sera de mettre en avant la virilité masculine, sujet moderne par excellence pour l’époque.
© Etats-Unis, Texas, fort Worth, Kimbell Art Museum / Kimbell Art Museum
Il défendra une peinture d’un réalisme plus indépendant. A l’image de cette toile qui met en lumière des ouvriers à genou, le torse nu, où il a magnifié la virilité masculine ou de ce « Jeune homme à la fenêtre » (1876) dans lequel la vedette est la balustre et la rue, dans une perspective géométrique radicale. C’est ce que Edmond Duranty nommera « la nouvelle peinture ». En cela Gustave Caillebotte est le peintre de la ville transformée, son geste pictural étant celui d’un artiste original et audacieux.
Jane Hoffmann
- Exposition : « Caillebotte, peindre les hommes » au musée d’Orsay à Paris, jusqu’au 19 janvier 2025
- L’exposition d’Orsay sera présentée au J-Paul Getty Museum de Los Angeles, du 25 février au 25 mai 2025 et à L’Art Institute de Chicago du 29 juin au 5 octobre 2025.
- Le tableau « Partie de bateau » (1877-1878) a été acquise grâce au mécénat de LVMH