Livre. A 42 ans, l’Italienne Letizia Pezzali arrive avec « Loyauté », son premier roman traduit en français. Une belle sensation avec un texte sur l’amour, la mécanique des sentiments ou encore la nature du désir…
« Loyauté », un roman follement contemporain, aussi spirituel que sensible. Pour cette arrivée en littérature, la critique italienne a été élogieuse et, dans la foulée, les droits du roman ont été acquis pour une prochaine adaptation au cinéma
En cette année nouvelle, la belle sensation vient d’Italie. Un premier roman joliment et simplement titré « Loyauté » (en V.O : « Lealtà », paru en Italie en 2018). Son auteure : Letizia Pezzali, 42 ans. Durant quelques années, elle a bossé dans une banque d’affaires à Londres. Pour son premier essai (« L’età lirica », publié en 2012 et, à ce jour, non traduit en français) dans le monde des livres, elle a été finaliste du très envié prix Italo Calvino.
Pour cette arrivée en littérature, la critique italienne a été élogieuse et, dans la foulée, les droits du roman ont été acquis pour une prochaine adaptation au cinéma. Avant même la lecture de « Loyauté », on est prévenu par le quotidien de Rome, « Corriere della serra » : « Dans une langue élégante et poétique, Letizia Pezzali ouvre les tiroirs secrets de l’âme », et par son éditeur français : avec Letizia Pezzali, on est « dans la lignée de Houellebecq et Kundera ». Voilà qui, comme on dit, pose l’affaire de la meilleure façon !
Ouvert par des mots de Natalia Ginzburg– « Je te souhaite tout le bien possible et j’espère que tu seras heureuse, en admettant que le bonheur existe… », « Loyauté » nous emmène dans les pas de Giulia, 32 ans, employée dans une banque dans l’est de Londres, à Canary Wharf- le quartier des gratte-ciel. Financièrement, elle est à l’aise mais n’a guère de temps libre.
Elle évolue dans un écosystème, en vase clos– ce monde où, étudiante à Milan, elle avait noué une relation avec Michele, de vingt ans son aîné, ce monde duquel il avait démissionné soudain sans la moindre explication. Et Giulia, aujourd’hui, se souvient.
Dans cette plongée des souvenirs, elle s’interroge sur l’amour et ses fractures douloureuses, sur la mécanique des sentiments, sur le pouvoir et ses mirages, sur le désir et sa nature, ce désir imprévisible, qui ne s’apprivoise pas et qui, à l’image des marchés financiers, avance chaotique… « Loyauté », un roman follement contemporain, aussi spirituel que sensible.
Serge Bressan
- A lire : « Loyauté » de Letizia Pezzali. Traduit par Lise Caillat. Fayard, 258 pages, 19 €.
Extrait
« Pourquoi à moi, au moins, il me restait les hommes ? Qu’est-ce que cela signifiait ? Surtout, qu’est-ce que cela venait faire là ? Il voulait peut-être dire qu’au-delà des bouleversements internationaux, il y a toujours la possibilité de se réfugier dans le sexe, en sublimant l’indignation. Mais dans ce cas, ne lui restait-il pas les femmes ? »