Le musée Marmottan Monet, à Paris, présente l’exposition « Mondrian figuratif, une histoire inconnue » , où l’on découvre les œuvres oubliées du peintre célèbre pour ses toiles abstraites.
Connu pour son abstraction géométrique, Piet Mondrian a longtemps peint des œuvres figuratives. Durant la moitié de sa vie, l’artiste néerlandais a créé des tableaux réalistes à l’image de ceux de l’école de La Haye, représentant des jeunes filles, des arbres, des moulins à vent, des paysages, énormément de fleurs, point commun avec Monet.
Connu pour son abstraction géométrique, Piet Mondrian a peint de nombreux tableaux figuratifs. Une oeuvre longtemps restée méconnue. On salue ainsi l’initiative du musée Marmottan Monet de mettre en lumière une production importante de l’artiste néerlandais au travers de « Mondrian figuratif, une histoire inconnue ». Pour organiser cette exposition inédite autour de l’œuvre de Mondrian, le musée a noué un partenariat exceptionnel avec le Kunstmuseum de La Haye. Réalisée à partir des œuvres de l’amateur d’art et mécène du peintre, Salomon Slijper, elle présente 67 peintures et dessins de la collection néerlandaise. L’occasion de faire connaissance avec sa peinture, première période.
Né le 7 mars 1872 à Amersfoort (Pays-Bas) dans une famille calviniste, Pieter Cornelis Mondriaan est un des pionniers de la peinture abstraite , créateur du néoplasticisme. A l’origine d’un parcours artistique étonnant, Mondrian est passé en trente-cinq années du tableau « Lièvre mort » (1891), nature morte où l’animal git tel un danseur désarticulé, la plus ancienne peinture connue de l’artiste, à la représentations de grands rectangles, compositions abstraites, de couleur bleu, rouge, jaune, noir, blanc, ressemblant à des nappes en toile cirée, étonnamment contemporaines. Oui, c’est bien le même peintre ! Son style est d’abord impressionniste (20 ans tout de même après les artistes français), un peu Van Gogh dans les tons, avec un côté furieusement triste… puis il s’atèle à des œuvres abstraites, telle « Composition n° IV », une toile connue dans le monde entier.
Un style qui marqua Yves Saint-Laurent lequel dessina la célèbre robe Mondrian (1965) courte et droite, reprenant les couleurs vives du tableau. Toute la collection du couturier cette année-là est inspirée par la géométrie et l’abstraction du peintre. La presse la qualifiera de « révolutionnaire ». « La robe est un tableau que l’on fait vivre en la portant » dira le couturier.
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Mondrian considérait- nous sommes en 1907 – que les couleurs de la nature ne peuvent être reproduites sur la toile. Ce qui ne l’empêchera pas de peindre une série de paysages, de moulins à vent, dont le célèbre « Moulin dans le crépuscule » (1907-1908) ou encore le « Moulin dans la clarté du soleil » (1908) sorti pour la première fois de son musée, qu’on ne reverra sans doute jamais en France, car beaucoup trop fragile. L’exposition permet également d’admirer son « autoportrait » (1908) dont les immenses yeux noirs vous fixent intensément, réalisé au fusain ; le « Portrait d‘une jeune fille » (1908) calme, énigmatique, un peu « russe » sur fond bleu, dont on retient le rouge vif de sa robe. On trouve également des tableaux représentant des paysages, des champs, des arbres rayant l’horizon, des aplats de couleurs jaune mêlés au bleu du ciel (« Dune n°1 » – 1909) ou cette toile « Clocher en Zélande » (1911) bousculant de son rose le fond bleu, là encore.
Puis, il abandonnera les teintes naturelles pour des couleurs pures après avoir longtemps peint des toiles figuratives. Mais les tons ocrés sont toujours présents dans ses œuvres. Il faut dire que le cubisme avait envahi la scène artistique. En 1914, il peint ses premiers tableaux passant ainsi du réalisme très « hollandais » à des œuvres cubistes, puis abstraites. Il a réalisé environ 250 pièces composées de rectangles rouge et jaune, de traits noir entre 1917 et 1944. Des toiles qui rappellent l’architecture de ces années qui tend vers une épure ayant banni toute ornementation au profit de la structure. Une œuvre qui puisa dans la modernité de l’urbanité (opposition stricte de l’horizontal et du vertical, buildings et barres d’immeubles), renvoyant au mouvement De Stijl, fondé en 1917, auquel Mondrian appartient.
Durant la moitié de sa vie, Piet Mondrian a créé des tableaux réalistes à l’image de ceux de l’école de La Haye, représentant des jeunes filles, des arbres, des moulins à vent, des paysages, énormément de fleurs, point commun avec Monet. Plus tard, il s’intéressa au fauvisme. Mais son envie de modernité et son goût du contemporain le dirigeaient déjà vers la rigueur. Il a alors 36 ans. Il quitte l’Europe (Paris, Londres) et s’installe aux Etats-Unis en 1940 où il mourra à Manhattan en 1944 d’une pneumonie.
Jane Hoffmann
- Exposition. « Mondrian figuratif. Une histoire inconnue » – Musée Marmottan Monet – 2 rue Louis Boilly, 75016 Paris – Jusqu’au 26 janvier 2020. Infos : www.marmottan.fr