Exposition. Le Grand Palais, à Paris, rouvre ses portes après quatre ans d’une métamorphose spectaculaire. Pour célébrer cette renaissance, une exposition haute en couleur et en mouvement rend hommage à un trio iconique de l’avant-garde : Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely et Pontus Hulten. Entre sculptures jubilatoires, machines absurdes et utopie muséale, le parcours retrace une aventure artistique aussi libre que subversive. Une fête de l’art, de l’amour et de la création, à découvrir jusqu’au 10 janvier 2026.
Parcourir cette exposition, c’est entrer dans une fête rebelle de l’art, une ode à la liberté créatrice, à l’amitié radicale, à l’amour incandescent qui a uni deux artistes hors du commun – Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely – et leur complice de toujours, le visionnaire Pontus Hulten.
Le Grand Palais, enfin rouvert après quatre années de restauration monumentale – un chantier titanesque de près de 500 millions d’euros –, retrouve son éclat sous la verrière historique. Et quelle meilleure façon de célébrer cette renaissance que d’y accueillir une exposition volcanique, jubilatoire, intensément vivante ?
Une alchimie créatrice hors du cadre
“Je suis une guerrière. L’art m’a sauvée. Il m’a permis d’exister, d’être libre.” Ces mots de Niki de Saint Phalle résonnent comme un manifeste. Avec son compagnon de route et de vie, Jean Tinguely, elle a bâti un art viscéral, affranchi des règles, irrigué de révolte et de joie.
“L’art doit exploser, choquer, faire du bruit”, clamait de son côté Tinguely. Rien de décoratif ni d’inoffensif dans leurs créations, mais des œuvres qui grincent, qui dansent, qui dérangent – des machines absurdes aux silhouettes féminines délirantes, des installations interactives aux sculptures monumentales, comme autant de cris d’existence contre les carcans.
À leurs côtés, Pontus Hulten, pionnier des musées modernes, fut plus qu’un soutien : un véritable catalyseur. Premier directeur du Centre Pompidou, il donna à leurs projets les moyens de leurs rêves – de l’exubérante Nana géante de “Hon – en Katedral” (1966) au Crocrodrome de Zig et Puce (1977), improbable machine vivante exposée comme un manifeste ludique de liberté artistique.
Œuvres en mouvement, œuvres en révolte
Le parcours de l’exposition, nourri des trésors du Centre Pompidou et de prêts prestigieux, déroule une narration aussi affective qu’historique. On y croise les sculptures cinétiques de Tinguely – ses célèbres machines inutiles, grinçantes et poétiques, qui semblent tourner pour rien, comme un pied de nez au productivisme. Non loin, les Nanas de Niki de Saint Phalle dansent dans leur exubérance colorée, rondes et libres, célébrant les corps féminins hors des canons, hors des cadres.
Mais ici, plus que les œuvres isolées, c’est le dialogue créatif entre les deux artistes qui frappe. Le feu et le fer. La couleur et le chaos. La démesure, assumée. Leurs œuvres ne se contemplent pas, elles s’expérimentent. On y est invité, littéralement, à entrer, à manipuler, à jouer. Un art participatif, accessible, et pourtant profondément subversif.
L’héritage d’un art vivant
Ce que rappelle avec justesse cette exposition, c’est que l’art de Saint Phalle et Tinguely n’est jamais un objet fini, mais un processus. Ils bousculent le rôle du musée, le statut de l’artiste, le pouvoir de l’œuvre. Et Hulten, en les accompagnant, en osant les suivre dans leur folie douce, a joué un rôle clé dans l’institutionnalisation d’un art anti-institutionnel.
C’est donc aussi une histoire d’engagement, de prises de risque, d’amitiés électives. Une histoire d’art, mais aussi une histoire humaine, passionnée, rugissante, libre.
Une exposition à vivre
Le Grand Palais rouvre grand ses portes, et ce n’est pas anodin que cette première exposition soit aussi festive que révolutionnaire. Ici, on sort du musée les poches pleines d’énergie, le sourire aux lèvres, un peu décoiffé peut-être, mais réconcilié avec ce que l’art peut encore avoir de joyeusement subversif.
L’exposition est à découvrir jusqu’au 10 janvier 2026. Ce n’est pas seulement un voyage dans l’art du XXe siècle : c’est un appel à la création sans limite.
Victor Hache
- Exposition : Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely et Pontus Hulten au Grand Palais, Paris. Jusqu’au 10 janvier 2026.