"Coupez !" : Trois des acteurs du film de zombies (de gauche à droite Bérénice Bejo, Matilda Lutz, Finnegan Oldfield) se demandent, comme les spectateurs, où le réalisateur veut en venir (©Lisa Ritaine/PanEuropéenne Distribution).

Sortie cinéma « Coupez ! » . À l’origine le film devait s’appeler Z (comme les séries du même nom), mais a changé de titre car cette dernière lettre de l’alphabet a été choisie par l’armée russe pour distinguer ses blindés dans sa guerre en Ukraine. Du coup, le film aurait pu s’appeler MDR, tant les premiers spectateurs de « Coupez! » (c’est finalement son nom définitif), à l’ouverture du 75e Festival de Cannes et simultanément dans les salles ce mardi soir 17 mai, sont ressortis « morts-de-rire » de cette comédie de zombies qui est aussi un émouvant hommage au cinéma.


« Coupez ! » : une comédie hilarante sur fond de zombies et morts-vivants


"Coupez !" de michel hazanavicius
« Coupez ! » : affiche du film réalisé par Michel Hazanavicius

L’affiche et le début de l’histoire font croire à un film de morts-vivants, mais c’est d’abord une comédie. « Oui, avant tout. C’est une comédie peut-être spéciale, mais c’est vraiment une bonne grosse comédie », explique son réalisateur Michel Hazanavicius, très applaudi après la projection de la soirée d’ouverture du Festival de Cannes.

Plan-séquence de 32 minutes

« Coupez! » commence par un plan-séquence de 32 minutes dans lequel un réalisateur de seconde zone (Romain Duris) tourne un film de zombies dans un centre commercial désaffecté avec une petite équipe. Les acteurs sont nuls, le réalisateur est très énervé, il y a un avant-bras arraché et des têtes décapitées à la hache, du vrai-faux sang et du faux-vrai vomi, des coups de pied au ventre et des courses-poursuites.



Pour que ses acteurs jouent plus vrai, le réalisateur a réveillé de vrais zombies qui, peu à peu, vont venir perturber le tournage en mordant les uns après les autres acteurs et techniciens. Tout cela ressemble à un mauvais film de morts-vivants, ou à son pastiche, tourné en continu: « On n’arrête pas la caméra! », hurle le réalisateur.

Un autre film

On se demande où le réalisateur (le vrai, Michel Hazanavicius) veut en venir. C’est quoi ce film? Certains spectateurs, mardi soir dans plusieurs salles de France, sont partis dès la première demi-heure. Grosse erreur! Car au bout de ce plan-séquence de 32 minutes, c’est un autre film qui commence –et il ne faut pas en dire plus…

Cette seconde partie (le film dure au total 1h51) devient alors une comédie hilarante et, en même temps, un hommage attendri au cinéma, aux acteurs et aux techniciens, aux films à petit budget.

Hommage aux films sans moyens

« Oui, il y a un genre d’hommage aux films bricolés, aux films sans moyens, faits avec plus d’énergie que d’argent, mais le film dans son ensemble est aussi, et peut-être surtout, un hommage aux gens qui fabriquent des films, les acteurs, les réalisateurs, mais aussi les techniciens, les stagiaires, tout le monde. Un hommage au cinéma en train de se faire, au métier du cinéma, au quotidien », dit Michel Hazanavicius.

C’est un réalisateur éclectique dont tous les films –à l’exception de « The Search » (2014), sur la guerre en Tchetchénie– sont des comédies qui comportent à un certain degré, entre pastiche et respect, un hommage au cinéma: de ses débuts avec « Mes Amis » (1999), « OSS 117 : Le Caire, Nid d’Espions » (2006), « OSS117: Rio ne répond plus » (2009) au « Redoutable » (2017) et « Le Prince Oublié » (2020), en passant bien sûr par le succès de « The Artist  » (2011), le film aux cinq Oscars et aux six César.

Remake d’un film japonais

Ici il s’est inspiré du film de 2017 « Ne Coupez pas ! », du réalisateur japonais Shinichiro Ueda, tourné avec un petit budget et des étudiants d’une école de cinéma, et qui a connu au Japon un exceptionnel bouche-à-oreille. Dans son remake, Michel Hazanavicius a même utilisé une des actrices japonaises, Yoshiko Takehara, qui joue (dans la seconde partie) le même rôle que dans l’original.



Dans ce film-dans-le-film, il fait aussi jouer son épouse Bérénice Bejo (qui joue l’épouse du réalisateur incarné par Romain Duris) et sa fille aînée Simone (qui joue la fille du couple), ce qui donne lieu à quelques jolies scènes émouvantes à la fin.

Des acteurs savoureux

La première partie (le pastiche de mauvais film Z en plan-séquence) est drôle au second degré, mais c’est la seconde partie du film qui est désopilante, avec des acteurs savoureux qui donnent leurs lettres de noblesse aux seconds rôles. « Y’a pas de petits rôles, y’a que de petits acteurs », dit à un moment Romain Duris, qui s’en donne à cœur joie tout au long de cette double histoire.

« C’est juste un film, rapide, pas cher et dans la moyenne », déclare le producteur du film, vers la fin de l’histoire, clin d’œil faussement modeste et private joke de Michel Hazanavicius au petit monde du cinéma. Mais « Coupez ! » est bien plus que cela: au-delà de la franche rigolade, c’est une formidable déclaration d’amour au septième art –et donc le film idéal pour une ouverture du Festival de Cannes.

Jean-Michel Comte

LA PHRASE : « Pourritures zombies, je vais tous vous ouvrir le cul » (Bérénice Bejo, hache à la main).


  • A voir : « Coupez ! » (France, 1h51). Réalisation: Michel Hazanavicius. Avec Romain Duris, Bérénice Bejo, Finnegan Oldfield (Sortie le 17 mai 2022)

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