le festival solidays fete ses 20 ans

Le festival Solidays célèbre son 20ème anniversaire  à l’hippodrome de Longchamp ce week-end (22-24 juin 2018) où se produiront  Eddy de Pretto, Nekfeu, The Kills, Juliette Armanet, Jain, Shaka Ponk, Feu ! Chatterton ou David Guetta.

 

En 20 ans, le festival Solidays est devenu un rendez-vous incontournable pour tous les amoureux de musique mais aussi pour les nombreuses associations qui luttent contre le Sida, tournées vers la prévention et l’information, qui seront présentes au Village Solidarité.  L’occasion de faire le bilan de cet «Ovni culturel ou la musique sert de levier à la solidarité »  avec Luc Barruet, directeur fondateur de Solidarité-Sida, à l’origine de Solidays.

 

mon interview de luc barruet
Luc Barruet, directeur fondateur de Solidarité-Sida, à l’origine de Solidays.

Solidays souffle ses 20 ans bougies. Quel bilan tirez-vous de votre action et de cette formidable aventure qui mêle à la fois musique et lutte contre le Sida.

Luc Barruet : On a eu raison de faire confiance à la jeunesse pour essayer de changer un peu  les choses. C’est un pari qu’on a fait dès le début et j’ai le sentiment que 20 ans plus tard, on a su montrer qu’elle était moins individualiste, moins égoïste, plus généreuse et empathique que les uns et les autres veulent le croire. On n’imaginait pas que musique et solidarité puissent rimer de manière aussi efficace. Globalement, en 20 éditions de Solidays, on a récolté plus de 25 millions d’euros, on a pu financer prés de 2200 programmes de prévention et d’aide aux malades au travers de 22 pays. Et, je pense qu’on a généré des centaines, voire des milliers de vocations solidaires ou professionnelles. Grâce à Solidays, il y a des gens qui ont des carrières dans le domaine de la santé, du social, humanitaire ou même dans le domaine institutionnel où ils continent de travailler  sur des problématiques de santé publique. Parmi nos bénévoles, il y en a qui travaillent au Mexique en tant que plongeurs et qui reviennent un mois tous les ans pour participer à Solidays en juin. Autant d’histoires qui racontent le fait que ce festival est devenu un rendez-vous dans la vie de beaucoup de monde.

 

La foule des grands jours à Solidays 2018
La Foule des grands jours à Solidays 2018

Comment définiriez-vous l’ADN du festival qui, chaque année, rencontre un très grand succès ?

Luc Barruet : L’ADN de Solidays, c’est de la bienveillance, du professionnalisme, du respect, de l’exemplarité. Tout notre système de management de l’humain est basé sur le fait que quand on te demande de donner le meilleur, il faut que tout le monde autour et au-dessus de toi, assure. Les bénévoles disent qu’ici, ils sont considérés, choyés, managés. Ils ont envie de se dépasser, ils se sentent utiles, ils progressent, ils apprennent des choses. Il y a une  forme de win-win (gagnant-gagnant) individuel  et collectif qui fait que les  gens se retrouvent dans leur engagement. L’ADN, c’est la capacité de Solidarité Sida à nourrir un projet qu’il soit individuel  ou collectif dans le cadre d’un rendez-vous comme celui-ci. Les bénévoles forcent mon respect tous les ans, ils arrivent à me souffler tellement ils font des choses dingues.

 

Changer le monde en mettant le mot solidarité au cœur des choses, c’était un projet à la fois utopique et fou, non ?

Luc Barruet : J’ai l’habitude de dire qu’on était et que j’étais un utopiste pragmatique. C’est aborder l’utopie de manière un peu plus «terrain». J’ai toujours considéré que ce qui est souhaitable est possible. Quelque part, au fond de moi, je ne vis pas les choses comme utopiques. Je crois à cette idée de dynamique positive qui fait qu’ensemble on est plus fort, qu’on peut  faire changer les choses. Et surtout, ensemble, on peut être utile en y prenant du plaisir, qui est au cœur du modèle de Solidarité Sida. On en parle énormément et on l’assume pleinement. Sans plaisir, il n’y pas d’engagement qui dure et ça on le sait depuis longtemps.

 

a solidays on en voit de toutes les couleurs color partyEntre la programmation et les conférences, il va y avoir plus de cents événements. Quels seront les rendez-vous incontournables ?

Luc Barruet : Il ne faut pas rater l’hommage aux bénévoles et la cérémonie dédiée aux personnes décédées le samedi après-midi. Dans les temps forts, il y a la color party  le dimanche (où le public est entièrement recouvert de poudre multicolore). Et ce qui me semble le plus important, c’est que les gens aillent voir du côté des artistes qu’ils ne connaissent pas et qu’ils partent à la découverte des associations présentes. Cette année, je sais qu’il va y aura une association qui va recruter pas mal de bénévoles pour aller rendre visite à des personnes âgées isolées, leur faire la lecture ou leur apporter leurs courses. Il y a sept ans, quand elle est venue à Solidays, elle a pu recruter 40 bénévoles, ce qui lui a permis de fonctionner très bien pendant trois ans. Ce festival sert aussi à ça. Pour cela, il faut accepter l’idée de partir  à la rencontre de l’autre et de découvrir des choses. Au village solidarité, il y a une association qui travaille sur la gynécologie, et cette année encore, il y a des jeunes filles qui vont faire leur première consultation gynécologique à Solidays. Je trouve que ça, c’est important. Il faut accepter l’idée d’aller à la rencontre des autres, de  découvrir et d’être curieux, que ce soit musicalement ou humainement. C’est ça la richesse de Solidays. Il faut aller la  chercher.

A titre personnel, y-a-t-il des concerts que vous avez envie de voir ?

Luc Barruet : Je ne sais pas si j’aurai le temps, mais j’aimerais beaucoup pouvoir  assister au concert vendredi d’Eddy de Pretto. Ce sera sa première grande  date en plein air. Comme en plus, je sais qu’il est très sensible à la cause Sida, il a envie de bien faire. Samedi, j’aimerais voir le concert de Mura Masa, que je ne connais pas et dont on me dit beaucoup de bien. J’essaierai aussi d’aller voir Requin Chagrin, un petit groupe qui passe le vendredi,  où il y a un bénévole historique qui sera sur scène, donc pour nous, ce sera un peu particulier. Je ne pas si les festivaliers viendront mais il y aura beaucoup de bénévoles pour les voir ! (rires).

La solidarité, la lutte contre le Sida… c’est un combat sans fin. Solidays, sera-t-il encore là dans 20 ans ?

Luc Barruet : C’est difficile de se projeter à  20 ans. Mais c’est vrai que sur les sujets de solidarité, des années après, il faut rappeler les mêmes messages. Il faut savoir se renouveler, être capable de mettre en scène les discours de solidarité, parce que sinon, ça marche moins bien. C’est notre mission. Les besoins sont là malheureusement. Il y a toujours autant de personnes qui se contaminent, la vigilance baisse, la peur du risque est moins grande. Et puis, il y a toujours les dures  réalités dans beaucoup de pays qui font que l’on sensibilise le public  aux situations à l’international. Solidays, c’est bien évidemment rappeler, défendre les droits dans le domaine du sida. Et c’est aussi s’ouvrir à d’autres causes. C’est un festival qui travaille prioritairement sur le sida mais sur beaucoup d’autres solidarités depuis la première édition.

Entretien réalisé par Victor Hache

Festival Solidays Paris-Longchamp du 22 au 24 juin 2018. Toutes les infos : http://www.solidays.org/

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